Suis-je l'esclave de mon inconscient ?
Par Ramy • 28 Juin 2018 • 1 700 Mots (7 Pages) • 1 930 Vues
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de Freud : la conscience, l’inconscient et le subconscient. Ce dernier a pour fonction d’empêcher tant bien que mal les éléments enfouis dans l’inconscient, de remonter à la surface de la conscience. Le rôle du subconscient est appelé résistance ou encore censure. Dans les Cinq leçons sur la psychanalyse que Freud met en œuvre au début du XXe siècle, nous pouvons trouver une métaphore pour définir le mécanisme du refoulement : si un homme se mettait à hurler dans la salle de conférences, ses cris seraient si dérangeants que le premier réflexe serait de le faire sortir de la salle. Ainsi il se retrouverait dans le vestibule, et nous lui fermerions les portes. Cet homme et ses cris seraient donc le souvenir refoulé que l’on tente d’oublier, la salle serait la conscience, le vestibule l’inconscient et les portes le subconscient.
L’inconscient serait comme une zone d’ombre inaccessible à la conscience, où se logeraient tous les souvenirs désagréables et les traumatismes, que l’on finirait par oublier. Ces souvenirs pénibles ne sont pas admis par la majorité des personnes refusant d’entendre la vérité et de voir la réalité, ou bien ces personnes passeraient pour des pervers et des êtres sanguinaires.
Notre inconscient se forgerait selon notre éducation, les mœurs et la société. Dès notre plus jeune âge, les plaisirs refusés par les parents par exemple, engendreraient un refoulement de ces plaisirs. Tous ces refoulements pourraient être à l’origine des lapsus, actes manqués, rêves et névroses. A partir de là, nous pourrions admettre que les éléments logés dans l’inconscient, s’ils parviennent à vaincre la résistance de la censure, contrôlent la conscience. L’homme serait privé de sa liberté et voué au déterminisme psychique, puisque l’inconscient semble être au-dessus de la conscience. Cette dernière n’est plus indépendante.
Gervaise aurait donc en elle un passé douloureux et des souvenirs de ses parents alcooliques, qu’elle a préféré nier, refouler. Ainsi, l’inconscient l’a privée de son choix de sobriété puisqu’elle finit soûle, elle aussi. Mais était-elle totalement enchaînée à son destin ? N’aurait-elle pas pu s’en sortir ?
Nous allons voir que nous pouvons être libres de nos actes, mais toutefois ces derniers semblent influencés par l’inconscient. La théorie freudienne fut l’objet de plusieurs débats entre les philosophes. Alain dénonce l’inconscient comme étant une diabolisation, lorsque nous faisons semblant d’être plusieurs personnes. Popper affirme que la psychanalyse n’est pas une science car elle n’est ni démontrable, ni réfutable, ni testable. Sartre, quant à lui, s’oppose littéralement à cette théorie car Freud blesse la vanité de l’homme qui pense être libre. « Tout homme qui se réfugie derrière l’excuse de ses passions, tout homme qui invente le déterminisme, est un homme de mauvaise foi. » explique Sartre. L’inconscient serait alors un non-sens car tous les souvenirs que je cherche à oublier, à refouler, je les connais. Ils n’auraient alors jamais été inconscients. L’inconscient serait dans ce cas, une excuse, une mauvaise foi que l’homme utiliserait pour se priver de ses responsabilités que lui inflige sa liberté.
Toutefois, d’après les cas cliniques hystériques que Freud a soignés grâce à la psychanalyse, il faut admettre que nos rêves, nos actes manqués ou encore nos phobies, pourraient prouver l’existence d’une zone d’ombre regroupant tous les éléments supposés être oubliés, étant trop insoutenables par leur nature traumatisante, sexuelle ou infantile. Cependant, l’homme étant un être pensant, capable de regarder en lui avec du recul et ce grâce à sa conscience, peut choisir d’être qui il veut, à la différence des choses ou des animaux : une pomme ne devient pas une poire, un lion ne devient pas végétarien.
Ainsi, l’homme, muni d’une conscience, semble être le seul être de la Terre à pourvoir décider de qui il est et de qui il veut devenir. « L’existence précède l’essence » disait Sartre ; l’homme arrive sur Terre, puis se construit sa propre nature lui-même. Néanmoins, à une échelle plus précise, chaque sujet subirait l’existence d’un inconscient qui pourrait nous conduire à l’échec, à une phobie, à l’hystérie, que seule la psychanalyse serait capable de soigner. C’est en faisant face à l’inconscient, en le sublimant à travers l’art ou encore en assumant de vivre avec puisqu’il devient maîtrisable une fois remonté à la surface, à la conscience, que l’homme peut être considéré comme étant totalement libre, détaché et libéré des chaînes qui le maintenaient sous l’emprise de l’inconscient.
Gervaise qui finit par travailler dans le monde ouvrier, tomber en dépression, et ce fut la chute vers l’alcoolisme. Son inconscient a donc décidé pour elle, qu’elle serait déterminée à finir comme ses parents. Si elle avait fait resurgir clairement ces douleurs, ces blessures, elle aurait probablement pu y faire face et ne pas briser son courage.
La conscience est ce qui me rend libre et unique aux autres. Or il semblerait que mon psychisme soit également gouverné par l’inconscient. Cet inconscient est susceptible d’influencer mes choix, mes actes et mes pensées, mais il ne me rend pas tout à fait esclave de lui car si je parviens à lui faire face grâce à la psychanalyse, je peux enfin me libérer de lui et donc avoir conscience des souvenirs refoulés qui auraient pu me condamner à un destin involontaire. Je ne
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