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Sens et dénotation

Par   •  11 Septembre 2017  •  1 802 Mots (8 Pages)  •  777 Vues

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représentation, l’astre serait la dénotation (l’objet dans le monde) et le sens se situerait à la place de la lunette du télescope. La représentation et le sens dépendent de la dénotation, mais ils diffèrent dans la mesure où le sens est le <<mode de donation>>, et est intégralement objectif alors que la représentation est subjective, personnelle, privée. Le sens exprimé par une expression est ce qui nous permet d’accéder à la dénotation. La solution du sens proposée par Frege est somme toute convaincante, car en incorporant le sens, les énoncés de types A=B qui ont la même dénotation, livrent de l’information (le sens) sur le monde. L’<<étoile du matin>> et l’<<étoile du soir>> ont la même référence (Vénus), mais ont un sens distinct.

Problématique de l’échec du principe de substitution des identiques

Pour que la théorie du sens de Frege soit approuvée, elle doit s’accorder avec le principe de substitution des identiques, principe dont lui-même accepte les vertus. Ce principe démontre que deux propositions qui ont la même valeur de vérité peuvent être substituées tout en conservant la valeur de vérité de la proposition générale qui les renferme.

2.1 La solution référentielle

Frege amène, en premier lieu, l’hypothèse que la référence d’une proposition est la pensée qu’elle exprime, c’est-à-dire que si l’on remplace un mot par un autre qui a la même référence, la proposition ne perd pas sa valeur de vérité. Or, Frege postule que, réflexion faite, la pensée de cette proposition se métamorphose en démontrant que la pensée présente dans :<< l’étoile du soir est un corps illuminé par le soleil>> est différente de la pensée présente dans :<<l’étoile du matin est un corps illuminé par le soleil>>. En guise de clarification, Frege écrit que la pensée (Gedanke) n’est pas <<l’acte subjectif de penser>> mais plutôt <<son contenu objectif, lequel peut être la propriété commune de plusieurs sujets. >> Sens et dénotation, p.108. Suivant cet exemple, Frege explique que si quelqu’un ne savait pas que l’étoile du soir et l’étoile du matin sont en fait le même astre, et bien cette personne pourrait croire en toute légitimité que l’une de ces pensées est fausse, et l’autre vraie. Par conséquent, la solution référentielle n’est pas probante, faute de fonctionnement du principe de substitution.

2.2 La solution métalinguistique

Frege s’attaque à présent aux énoncés d’attitude propositionnelle (style indirect) telle que : <<A croit que B>>, <<A dit que B>>. Il démontre que la référence d’une expression complexe est déterminée par la référence de ses parties. Regardons les exemples suivants : << Pierre croit que la neige est blanche>> et << Pierre croit que <<la neige est blanche >> >>. Le principe de substitution semble pouvoir s’appliquer dans le 2e cas, c’est-à-dire qu’on pourrait substituer la partie <<la neige est blanche>> par n’importe quelle proposition ayant la même valeur de vérité. La partie <<la neige est blanche> dénoterait de l’information sur le langage. Néanmoins, si Pierre est, par exemple, unilingue anglophone, il croit très certainement que <<snow is white>> dénote que la neige est blanche et non pas la partie du langage << la neige est blanche>>, car il ne comprend pas le français. Par voie de conséquence, la solution métalinguistique n’est pas déterminante parce que l’exemple présenté ci-haut démontre que dans ce contexte précis, la substitution fait perdre toute valeur de vérité à l’énoncé.

2.3 La solution du sens

Nous avons vu précédemment que les mots d’une proposition de style indirect ont une dénotation indirecte et ont, ipso facto, leurs sens habituels. La solution du sens que Frege amène veut que deux propositions qui ont des propositions subordonnées (une proposition dans une proposition) qui ont le même sens habituel dénotent non pas une valeur de vérité, mais une pensée. Frege spécifie :<< son sens n’est pas une pensée, c’est le sens des mots <<la pensée que…>> et ce sens représente une partie seulement du sens de la proposition complexe tout entière.>> Sens et dénotation, p.113. Alors, dans la proposition << Frege croit que Platon est philosophe>>, on pourrait substituer les mots <<Platon>> et <<philosophe>> par <<le maître d’Aristote>> et <<amoureux de la sagesse>> pour ainsi donner <<Frege croit la pensée que le maître d’Aristote est amoureux de la sagesse>>. Il faut ici rappeler que la pensée, selon Frege, est une pensée objective et offerte à tous. Dans cet exemple, la valeur de vérité ne change pas si et seulement si on remplace les subordonnées par des expressions qui ont la même dénotation indirecte et du même coup le sens habituel équivalent.

Conclusion

Pour amener sa théorie du sens, nous avons vu que Frege a passé par plusieurs hypothèses insatisfaisantes pour être en mesure de fortifier sa thèse. La solution du sens pour résoudre le problème des énoncés informatifs du type A=B a pour but d’inciter une connaissance quand nous avons affaire à deux propositions qui ont la même dénotation. D’autre part, pour faire le mariage de la théorie du sens de Frege et du principe de substitutions des identiques de Leibniz, il est primordial que la subordonnée (une pensée exprimée) avec laquelle on remplace une autre subordonnée dans un énoncé complexe d’attitude propositionnelle réfère à sa dénotation indirecte, c’est-à-dire à son sens habituel. On peut donc voir que le sens et la référence sont étroitement liés, que le sens est le mode de donation pour atteindre la référence (l’objet dans le monde). En somme, le concept de Frege rend, en autre, plus facile la communication et la traductibilité

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