Ne désirons-nous que ce que les choses qui nous semblent bonnes ?
Par Junecooper • 23 Novembre 2018 • 1 297 Mots (6 Pages) • 648 Vues
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aux hommes, en tant qu’ils ont conscience de leurs appétits, et peut, pour cette raison, se définir ainsi : le Désir est l’Appétit avec conscience de lui-même ». Ce qui signifie que chaque homme est par nature désirant. Le désir est le moteur de nos actions, ce n’est pas un manque mais une abondance de puissance. De surcroît, Spinoza indique que nous n’évaluons pas une chose bonne mais a contrario « nous jugeons qu’une chose est bonne parce que nous nous efforçons vers elle, la voulons, appétons et désirons ». Il y un renversement qui est opéré et qui consiste à placer la valeur de l’objet dans le désir. Les choses sont bonnes parce que nous les désirons.
Le désir précède la confrontation avec l’objet. C’est-à-dire que l’attraction de l’objet dépend de nous et de nos attentes, lesquelles peuvent être inconscientes. Prenons comme exemple le monde publicitaire. Généralement, les voitures de luxe sont mises en avant au travers d’images véhiculant notamment la puissance et la liberté. Autrement dit, les publicitaires utilisent les désirs du futur consommateur afin que ce dernier se reconnaisse dans le produit vanté. Nos désirs évoluent avec notre expérience selon qu’elle soit positive ou négative. Le désir est premier, il n’est pas figé et il peut s’avérer inconscient.
Il est indéniable que le désir présente en lui une contradiction. On peut à la fois éprouver du désir et de l’aversion pour un même objet. Le désir peut s’avérer effrayant comme il peut aussi être difficile à contenter et à maintenir. Si on désire perpétuellement en recherchant la satisfaction, on peut à la fois se retrouver dans une situation paradoxale consistant soit à être frustré soit à être satisfait. De la frustration naît la possibilité de ne plus distinguer entre ce que qui est bon et ce qui est mauvais. Telle est l’ambivalence même du désir. Le désir nous conduit-il à notre perte ?
Le désir est ambivalent et cette ambivalence même nous interpelle sur la nature et la finalité de ce dernier. Selon René Girard, dans La Violence et le Sacré, nous ne choisissons pas l’objet de notre désir, parce qu’il est déterminé par le mimétisme. Il y a une relation triangulaire du désir, c’est-à-dire que le sujet ne désire pas de manière autonome, il ne va pas en ligne droite à l’objet de son désir. Entre lui et l’objet, il y a autrui. Le désir est « essentiellement mimétique ». En d’autres termes, nos désirs sont socialement déterminés. Autrui, le « rival » permet de conférer à mon désir une certaine objectivité. Ainsi, si un objet est désiré par quelqu’un d’autre, cette personne m’indique et me conforte dans mon désir. Reste un paramètre important à prendre en compte. René Girard, tout comme Hobbes, soulignent la rivalité inhérente aux relations humaines, à savoir le conflit. Le désir se révèlerait dès lors néfaste et dévastateur.
Cette conflictualité du désir doit-elle conduire à rejeter toute forme de désir ? Si le désir est une quête insatiable et conflictuelle, nous pouvons donc désirer des choses qui sont mauvaises pour nous et les autres. Dès lors, au-delà même de toute évaluation ou jugement, le désir répondrait à une logique d’un manque à combler, un besoin incontrôlable et incontrôlé.
Pour conclure, nous avons analyser la complexité et l’ambivalence des relations entre le désir et le bien. Nous avons vu que le désir peut être illusoire car s’il semble toujours viser le bien néanmoins ce n’est pas nécessairement le bien qui l’attire. Le mimétisme même du désir tend à nous perdre un peu plus dans notre tentative de réguler nos désirs. L’objet particulier du désir n’est pas qu’un objet matériel, il peut aussi s’agir d’un bien symbolique. Le désir reste une quête personnelle, source de satisfactions et de déceptions, auquel on ne peut se soustraire puisque l’homme est par nature désirant.
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