Le Gai Savoir - Friedrich Nietzsche
Par Christopher • 26 Septembre 2018 • 2 184 Mots (9 Pages) • 551 Vues
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n’était en mesure de le rassurer car ils n’arrivaient plus à prendre au sérieux les théories religieuses car ils avaient soif de vérité. De facto le dévot se créait des barrières mentales et s’accrochait à toutes ses certitudes car il n’avait pas envie de se réveiller, se complaisait dans son songe et s’était auto-persuadé de toutes ces affabulations à force de se mentir à soi-même. Pour lui, la religion avait un effet narcotique permettant de le maintenir dans son rêve, c’est à dire un monde plus simple où il se sentait en sécurité..
Ensuite, dans sa troisième et dernière partie, Nietzsche nous dit que dans les civilisations qui nous ont précédées, les hommes excellaient dans l’art de se bercer d’illusion. En effet, ce n’est que récemment que les hommes ont acquis le goût de la vérité. Par exemple dans la Grèce présocratique, les individus s’étaient créées un monde moins terne et triste et même plus grandiose à travers toute leur mythologie et croyances. Mais avec l’arrivée des philosophes comme Socrate et l’avènement des différentes sciences, les hommes ont perdu un peu de leur capacité à rêver. Pour eux le rêve était constant et leur vie était gouvernée par des mythes et des traditions. Tout ce qu’ils faisaient était de près ou de loin lié à leurs illusions. A la suite de ça, Nietzsche soutient que même ses contemporains et les hommes modernes en général ont gardé cette capacité à rêver le monde. En effet, encore trop facilement il nous arrive de perdre toute objectivité malgré toutes nos connaissances scientifiques car nous restons des êtres faibles et trop facilement corruptible. Ainsi il arrive encore trop souvent que des hommes prennent leurs rêves pour des réalités et croient à des utopies comme lors de l’instauration de régimes communistes basés sur une totale démagogie et pleins d’illusions. Ensuite, Nietzsche nous dit que nous sommes trop facilement affectés par nos passions et que nous perdons sans difficulté toute notre objectivité. Ainsi le langage courant décrit très bien cette perte de contrôle à travers des expressions comme “l’amour rend aveugle” ou encore être “fou amoureux”. En outre on dit de nos désirs qu’ils sont insatiables et que la satisfaction de ces mêmes désirs nous fait perdre tout sens des réalités. Ainsi l’homme s’aveugle lui même avec ses rêves et y est assujetti. Cependant, Nietzsche ne voit pas le rêve comme quelque chose de fondamentalement négatif. Ainsi, il va jusqu’à parler de “force du rêve”, c’est à dire que le rêve nous rend meilleur et nous fait gagner en confiance en soi car le rêve nous permet de nous détacher de toutes contraintes rend toute réalisations plus simple. En un sens les illusions nous rendent plus libre car elles nous permettent de passer outre certaines limites qui auraient pu nous freiner si nous étions parfaitement objectifs. Ensuite, Nietzsche reprend l’expression par laquelle il a débuté son texte.et réintroduit la notion d’art qui elle s’oppose à la vérité. En effet, l’art résulte de cette capacité de l’homme à s’émerveiller et si les hommes n’étaient que des être parfaitement objectifs, des robots identiques vivants dans un monde terne et morne notre monde ne serait que froideur et désolation. Aucun des chefs d’oeuvres que nous connaissons tous tel que les toiles de Picasso ou Van Gogh n’existerait et la vie serait terriblement triste.
Ainsi on ressent dans ce texte un certain balancement de Nietzsche qui à la foi essaye de se libérer des sentiments,des illusions mais est aussi fasciné par cette capacité de l’homme à s’émerveiller. En outre, Nietzsche nous dit que le rêve peut mener au meilleur comme l’art mais aussi au pire comme l’illusion ou l’obscurantisme.
DISCUSSION
Dans ce texte, Nietzsche nous présente deux faces. Tout d’abord, il défend une certaine philosophie qui découle du mouvement des Lumière lorsqu’il dit que l’homme doit s’émanciper de ses rêves et de ses illusions comme l’a fait Kant avant lui (Sapere aude, Ose savoir) et les représentants du mouvement rationaliste. Ainsi l’homme est bridé par ses illusions et doit s’affranchir par rapport à la religion. En outre, Nietzsche défend aussi les avancées techniques et le progrès contre l’obscurantisme religieux. Par ailleurs à travers l’histoire, d’autres philosophes ont défendu cette idée que l’homme devait s’affranchir des chaînes de la religion comme Marx qui disait qu’elle était l’opium du peuple.
Cependant, dans ce texte extrait du Gai savoir, Nietzsche apparaît aussi comme un précurseur et un représentant des mouvements symbolistes qui s’expriment dans les arts et la littérature de la fin du XIXème siècle. Leur point commun consistait à accorder une grande place au rêve. Ils voulaient que l’homme s’appuie sur ses rêves pour qu’il apprenne mieux à se connaître lui même. En effet, il est flagrant dans ce texte que Nietzsche considère le rêve comme un moyen de devenir meilleur et d’aller plus loin que ses limites. Ainsi certains poètes comme Baudelaire ou Rimbaud appartenant à ce mouvement πétaient des fervents défenseurs du rêve et y puisaient toute leur inspiration.
Enfin, Nietzsche était aussi un précurseur de la psychanalyse et de toute la pensée, de la pratique freudienne. Ainsi il existe une certaine proximité entre la pensée de Nietzsche et celle de Freud en ce qu’il disait qu’il fallait laisser une certaine place au rêve et que mieux valait leur laisser une certaine place dans notre vie. Par ailleurs on voit aussi une parenté un peu plus lointaine entre ce texte et le rationalisme cartésien. En effet, Descartes à travers sa maxime “je pense donc je suis” défendait l’idée que l’homme avait besoin de penser par lui même et donc de sortir de ses illusions pour exister.
Pour conclure, Nietzsche nous a montré dans ce texte que l’homme pouvait être assujetti mais qu’il est arrivé et qu’il arrive encore que les hommes se réfugient dans leurs illusions. Ainsi Nietzsche nous montre deux aspects du rêve, une première face plus négative et nous dit que l’homme s’aveugle lui même par ses illusions. Ensuite, il nous donne une vision plus positive du rêve en nous disant que sans le rêve il n’y aurait pas d’art et que d’une certaine façon, nos rêves nous rendent plus fort. Ainsi, est-il possible de transposer ces réflexions à notre époque? Peut-être que toutes les nouveaux moyens de s’informer qui s’offrent à nous et la surinformation à laquelle nous sommes exposés réduisent dans nos vies la part du rêve? On peut aussi se demander si telle est vraiment le cas si
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