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Liberté de la pensée à la fois dans l’ordre politique et dans celui du savoir

Par   •  7 Janvier 2018  •  952 Mots (4 Pages)  •  617 Vues

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Il faut qu’il se dise qu’il n’a pas si mal, qu’il passe au travers. De même si je vois l’arbre là-bas, je n’ai pas que la représentation de l’arbre là-bas, j’ai la représentation de l’acceptation de l’arbre là-bas comme réel, et par suite l’acceptation du jugement de réalité qui le concerne. Ce jugement lui-même devient pour moi une représentation. La pensée dit non à elle-même en ce qu’elle n’a directement affaire qu’à des représentations et qu’elle rejette ses premières acceptations de représentation du réel en les mettant en question. Tant que je crois que l’arbre est réel, je ne le comprends pas comme représentation, de même tant que ressent l’intensité de la douleur musculaire je n’imagine pas que c’est aussi une représentation. Mais quand je m’aperçois que l’arbre et la douleur existent en moi comme représentations, alors je m’arrache à leur réalité pleine, je nie leur évidente solidité puisque je peux comprendre qu’ils sont représentations, qu’ils ne sont peut-être pas exactement comme je le crois, que je peux les dépasser, qu’il y a autre chose que l’arbre ou que cette intensité de douleur.

 

Dans ce refus de sa propre représentation, la pensée « rompt l’heureux acquiescement ». Dire “oui”, c’est plus facile, moi désagréable que remettre en question, nier. Et plus une chose est évidente – me paraît évidente – plus la négation de son évidence est désagréable. Réciproquement le sentiment de bien-être semble confirmer la vérité de la pensée, valider la réalité de ce que je me représente. On ne peut pas penser autrement. Une idée est comme un vêtement qui me va bien. En changer, c’est perdre un confort, c’est perdre confiance en ma pensée, c’est, éventuellement devoir se dédire par rapport aux autres et, ce faisant, risquer de perdre l’autorité. Toute remise en question retarde l’action et lui fait perdre en efficacité ; elle semble entraver la liberté, le pouvoir sur le monde et les choses. Voilà pourquoi la remise en question est si contraire à l’esprit tyrannique.

Le tyran veut qu’on lui obéisse et s’assurer de son autorité sans inquiétude. Le peuple préfère souvent le bien être que la remise en question qui pourrait courroucer le tyran. Comme si remettre en question une idée présentée comme vraie devait coûter cher et que le prix soit à l’image de la vérité. Si c’est cher, c’est vrai. Le despote qui ignore sa propre tyrannie est au-dessus des hommes, il dit donc la vérité, et s’il devait être contesté ce serait par dieu, non par des hommes.

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