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La spontanéité

Par   •  22 Août 2018  •  1 816 Mots (8 Pages)  •  477 Vues

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En cela il est impossible de démontrer qu’une action spontanée est nécessairement libre.

Nietzsche, de son côté, pense également que l’homme est "l’objet" d’un réseau souterrain et d’un inconscient d’instincts, de désirs, de forces obscures qui le déterminent à engager sa réflexion dans telle ou telle direction ; ce réseau peut ici être assimilé à une sorte d’emprise qui enferme l’homme et l’empêche d’être pleinement libre de ses actes. L’acte spontané n’est alors pas effectué librement.

Selon Hegel, pour être totalement libre, il faut être responsable. La question de la responsabilité de l’homme est en effet déterminante et engage une véritable réflexion. Être responsable signifie être capable de justifier, de rendre compte de ses actes ou de ce dont on a la responsabilité. Il existe trois types de responsabilité : la responsabilité civile, pénale et morale. En droit civil, peut importe l’intention qu’était celle de l’individu, il peut être responsable d’un acte même s’il n’en est pas l’auteur direct. La responsabilité pénale consiste quant à elle à l’obligation d’accepter la sanction dans le cas d’une infraction. En droit pénal, l’intention (le dol) peut suffire à constituer une infraction même s’il n’y a pas eu de préjudice , dans le cas par exemple d’un individu qui brûlerait un feu rouge mais sans créer d’accident. La responsabilité morale enfin implique que l’individu soit parfaitement libre d’agir et de penser. Elle varie en fonction de la responsabilité morale et du degré de conscience de l’individu : un homicide involontaire par exemple sera moins sévèrement puni qu’un meurtre ou qu’un assassinat, dans la mesure où l individu n’avait en aucun cas prévu de tuer cette personne. Dans cet exemple l’individu aura agit de manière spontanée mais non librement puisqu’il était face à un risque et que sa vie était en danger.

La loi prévoit même une atténuation voire même une annulation de la responsabilité en fonction du degré de conscience de l’auteur d’un acte : selon l’article 122-1 du Code pénal « N’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes.» N’étant pas jugé responsable de ses actes, l’individu qui agit spontanément ne peut ainsi pas toujours être considéré comme libre de ses actes.

De plus responsabilité ne signifie pas nécessairement culpabilité, il est effectivement tout à fait possible pour l’individu d’être amené à obéir à une autorité (l’autorité d’un général sur son armée, d’un patron sur ses employés..) Dans ce cas si un individu est responsable d’un acte mais qu’il l’a accompli spontanément sous la menace, il ne peut être considéré comme réellement coupable bien qu’il était parfaitement conscient à ce moment. Selon la loi en effet, une personne n’est pas responsable d’un acte qu’elle commet sous l’effet d’une contrainte irrépressible, «sous l’emprise d’une force ou d’une contrainte à laquelle elle n’a pu résister». Dans ces deux derniers cas, l’individu ne peux être considéré comme libre alors qu’il agit spontanément.

Dans la vie de tous les jours les réflexes, lapsus et actes manqués constituent des preuves que la spontanéité n’est pas une marque de liberté. Elles démontrent là encore l’existence d’un inconscient auquel nous n pouvons échapper et que l’ individu est condamné à subir bien qu’il n’en soit pas libre et responsable. Ces signes nous rappellent l’existence d’un psychisme inconscient dont les forces déterminent certains de nos actes à la fois inconscients et involontaires. Ainsi une action réalisée inconsciemment ou spontanément n’est pas toujours une action véritable, c’est à dire engageant notre responsabilité.

Plus généralement les effets de l’alcool et de la drogue sont similaires et sous l’emprise de ses substances l’homme peut spontanément avoir un comportement qu’il n’aurait jamais eu s’il était resté sobre. Ce type de produit enferme l’individu dans un “autre monde”, ce dernier n’est alors plus libre de ses actes, il n’est plus lui même. Lorsque Rimbaud dans ses Lettres du “Voyant” écrit “Je est un autre”, il fait peut être allusion à l’ivresse de l’expérience poétique, l’ivresse de l’alcool et des drogues qui enferment l’homme dans un monde à part.

Il arrive donc que l’inconscient parvienne à se déjouer de la conscience et à l’influencer, voire la contraindre et l’emprisonner comme c’est le cas de phénomènes pathologiques tels que les dédoublements de personnalité, les situations de schizophrénies ou de folie. Dans ce cas l’individu est aliéné par une force supérieure et perd son identité personnelle ainsi que sa liberté. En effet cette force supérieure à la conscience prend le pouvoir et dirige l’individu qui n’est plus du tout maître de lui même, ni de ses actes ou de ses paroles.

Là encore, tous les actes de l’individu, spontanés ou non, ne peuvent plus être considérés comme libres puisque ce dernier n’a pas conscience de ses faits et gestes.

Définir si un acte spontané est libre ou non relève d’une certaine complexité. Si l’on peut considérer que selon la théorie du libre arbitre, un acte est libre dans la mesure ou le sujet possède la capacité de choisir et de vouloir ce qu’il dit et ce qu’il fait ; au contraire si l’on s’attache à une vision déterministe ou matérialiste, les actions d’un individu sont parfois d’abord soumises à des lois et des instance qui échappent à la volonté.

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