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Rousseau, explication de texte

Par   •  28 Juin 2018  •  3 121 Mots (13 Pages)  •  531 Vues

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c’est parce qu’il est faible que l’homme a besoin d’être éduqué, autrement dit qu’il n’en aurait pas besoin s’il naissait grand et fort. D’aucun pourrait s’en désespérer et préférer que l’homme au contraire naisse immédiatement "grand et fort" (ligne 2). Rousseau lui imagine que l’homme pourrait naître grand et fort mais n’en déduit pas pour autant que cela serait un avantage. Pourquoi donc ne faudrait-il pas se réjouir de ce que l’homme puisse naître grand et fort? Selon Rousseau, "sa taille et sa force lui seraient inutiles jusqu’à ce qu’il eût appris à s’en servir" (ligne 2-4) car l’homme quelles que soient les qualités avec lesquels il pourrait naître ne posséderait pas plus d’instinct et n’aurait donc pas les pleines capacités immédiatement de se servir de ses qualités naturelles. L’éducation semble donc ici être bien plus que l’analogue de la culture au sens agricole car elle est d’autant plus nécessaire à l’homme que, sans elle, il ne pourrait se servir de possibles qualités naturelles dont il pourrait être doté. Ainsi, c’est bien l’instinct qui permet au singe, par exemple, de jouir de ses capacités naturelles pour, dès sa sortie du ventre de sa mère, monter au sein et téter. L’homme s’il naissait grand et fort n’aurait pas plus d’instinct et se serait donc au fond qu’un nourrisson dans le corps d’un homme adulte, incapable de se servir des muscles, qu’il possède pourtant, avant d’avoir appris à s’en servir, c’est à dire avant d’avoir été éduqué. Reste qu’ici, l’éducation peut prendre plusieurs formes différentes encore: on peut apprendre à se servir de quelque chose, fusse d’une qualité qui nous est propre sans l’aide de personne.

Bien plus, explique Rousseau par la suite, ces qualités qui manquent à l’homme à sa naissance lui seraient "préjudiciables" (ligne 4) et ce parce qu’il naît sans instinct. [Annonce du rôle argumentatif des lignes 4-6] Il s’agit ici pour Rousseau, aux lignes 4-6, de radicaliser encore sa définition de l’éducation en montrant les limites de l’analogie entre éducation et culture. Ainsi, si des qualités naturelles peuvent servir à la plante à survivre, nous pourrions nous désespérer qu’il n’en fusse pas de même avec l’homme. Mais là encore, Rousseau s’inscrit contre cette thèse en imaginant que l’homme pourrait naître grand et fort mais que ces qualités lui seraient non seulement inutiles comme il l’a montré plus haut mais même préjudiciables. Nous avons compris que, sans instinct, des qualités naturelles seraient inutiles à l’homme, mais pourquoi lui seraient-elles préjudiciables? Car ce qui est inutile n’est pas nécessairement préjudiciable. Ici Rousseau explique que ces qualités dont pourrait être doté un homme empêcheraient les autres hommes de "songer à l’assister" (ligne 4) de sorte qu’il se retrouverait "abandonné à lui même" (ligne 5). Il s’agit ici pour Rousseau de montrer que ce qui peut paraître comme une faiblesse typiquement humaine, celle qui fait que nous ne naissons ni grands, ni forts et que nous devons être éduqués, est en fait la condition nécessaire au lien social le plus primitif: l’entraide. Autrement dit, Rousseau explique ici qu’une des premières causes de la socialisation est l’assistance mutuelle: les hommes font société pour se porter mutuellement assistance. Or ils ne le font que dans la mesure où ils constatent mutuellement la même faiblesse en tout homme. Au contraire, si l’homme naissait grand et fort, il perdrait l’avantage

de la société car, chacun pouvant bien se passer d’assistance, étant pourvu de qualités naturelles, tous vivraient de manière solitaires, en ne pensant pas une seconde à assister son prochain. Dans nos sociétés au contraire, l’assistance fonctionne en partie par un mécanisme d’empathie: on aide autrui car on a déjà vécu sa situation (par exemple, on prend un auto-stoppeur car on a déjà dû soi- même faire de l’auto stop) ou parce que qu’on s’imagine à sa place, désirant être assisté (on prend alors un auto-stoppeur en se disant que si on faisait un jour de l’auto-stop, on aimerait bien être pris). En conséquence, comme l’écrit Rousseau, (lignes 5-6), des qualités naturelles seraient préjudiciables à l’homme dans la mesure où, à cause d’elles, "il mourrait de misère avant d’avoir connu ses besoins." Autrement dit, sans instinct, l’homme, même s’il était doté de qualités naturelles n’aurait pas de connaissance inné de ses besoins. Or des qualités naturelles ne servent manifestement à rien si elles ne servent à la survie de l’individu. Mais pour qu’il survive, l’individu doit agencer des moyens - ses qualités naturelles par exemple - en vue d’une fin, la satisfaction de ses besoins. L’éducation semble donc ici être considéré comme le moyen par lequel l’homme prend connaissance de ses besoins en plus du moyen par lequel il apprend à se servir de ses potentialités.

Ce qui permet ainsi à Rousseau de conclure que l’on a généralement tord de se plaindre de "l’état de l’enfance" (ligne 7) dans la mesure où, comme il l’écrit, "la race humaine eût péri si l’homme n’eût commencé par être enfant" (lignes 7-9). Cette conclusion partielle lui sert ici à affirmer que, contrairement à ce qu’il est possible de penser, le fait que l’homme doive être éduqué, qu’il ne devienne donc homme qu’au terme de l’enfance, tout cela ne lui est pas plus préjudiciable que la situation inverse. Aucun argument nouveau n’apparaît ici: la race humaine eût péri si l’homme n’eût commencé par être enfant car si les qualités propres à l’homme adultes avaient été naturelles en l’homme, elles lui auraient été non seulement inutiles avant qu’il apprenne à s’en servir - dans la mesure où l’homme naît sans instinct - mais elles lui auraient même été préjudiciables au sens où elles lui aurait empêché de former les sociétés que nous connaissons. Or sans ces sociétés l’homme, sans instinct et sans qualité naturelles dont il puisse se servir immédiatement, aurait péri. L’éducation apparaît donc avec cette conclusion comme la condition absolument nécessaire de tout ce qui fait proprement l’homme: ses facultés et la vie en société avec tout ce qu’elle implique comme les sentiments d’empathie.

[Transition]Mais si l’éducation est bien cela, reste qu’on ne sait pas encore ce qu’elle apporte en détail à l’humanité. C’est l’objet de la seconde partie du texte.

En effet, Rousseau ne se satisfait pas d’avoir défendu la thèse selon laquelle l’éducation est condition absolument nécessaire

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