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Explication de Texte, Lettre à Ménécée - Epicure

Par   •  10 Novembre 2017  •  4 241 Mots (17 Pages)  •  1 370 Vues

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avec le bonheur. De plus, contrairement à ce que pensaient les hommes qui se représentaient des dieux qui se préoccupaient des affaires des hommes, les dieux sont totalement indépendants, et sont indifférents à leurs maux. C’est une raison supplémentaire pour ne pas les craindre.

Vient ensuite la question de la mort. Faut-il la craindre ?

L’opinion de l’époque se résume ainsi: ce qui gâche la vie, c’est la mort. En effet, l’homme est conscient de sa finitude et sait que le but ultime de la vie est la mort. Si nous devons disparaître, à quoi bon vivre alors ? Or, ainsi, tous les plaisirs que nous pourrons éprouver seront ternis par cette pensée. Cette conscience de la mort peut alors détruire tout plaisir et rendre impossible tout bonheur.

Que l’on croit à la vie après la mort ou non, le problème est de taille. Dans le premier cas se pose la question de l’inconnu: que va-t-il arriver après notre mort ? Quand est-il de la croyance en un enfer, le malheur ne sera-t-il alors pas encore plus grand après la mort?

Dans le second cas, c’est la peur du néant après la mort qui pose problème. C’est une cause d’angoisse profonde, celle de réussir à accepter qu’un individu qui existe sera un jour réduit à rien. Qu’en sera-t-il alors du bonheur actuel ?

Épicure dit dans le sixième paragraphe de sa lettre qu’il faut s’accoutumer à penser que la mort n’est rien, puisque le bien et le mal résident dans la sensation, et que la mort signifie l’éradication de nos sensations. Dès lors, cette juste prise de conscience nous autorise à profiter du caractère mortel de la vie et ce non pas en lui conférant une durée infinie, mais en lui supprimant le désir d’immortalité. Il ajoute ensuite qu’une personne qui sait qu’il n’y a rien d’effrayant dans le fait de mourir, ne trouvera rien d’effrayant non plus dans le fait de vivre. Elle vivra donc sans crainte. De plus, on pourrait craindre la mort car elle nous ferait souffrir. Or, pour Épicure, elle est cessation de conscience et de sensibilité donc elle ne peut nous faire souffrir. Ainsi, dire avoir peur de la mort n’a aucun sens. On ne craint pas la souffrance que l’on subira lorsqu’elle viendra, mais on souffre à l’idée qu’elle approche.

Ainsi, le plus effrayant des maux, la mort, ne nous est rien. En effet, quand nous sommes, la mort n’est pas là, et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes plus. Elle n’est donc rien pour les vivants, puisqu’elle ne les concerne pas, et n’est rien pour les morts qui ne sont plus.

Pourtant, comme expliqué dans le paragraphe huit, beaucoup de gens soit fuient la mort, parce qu’ils la considèrent comme le plus grand des malheurs, soit la désirent parce qu’elle met fin aux souffrances de la vie. Épicure énonce donc, à travers le sage, l’attitude que l’homme devrait adopter face à la vie et face à la mort. Le sage adopte une attitude rationnelle face à la mort, qui est une absence de sensation. C’est donc l’attente, tout au long de notre vie, qui peut nous empêcher d’être heureux. Pourquoi l’homme aurait-il peur de cette attente qui pourtant est dans l’ordre des choses ? De plus, le concept de vie après la mort n’est qu’une matérialisation du désir d’immortalité de l’homme. Seulement, la vie est éphémère selon Épicure, on doit donc voir en elle une plus grande richesse, et ce dans chaque moment. Il faut donc qu’un homme suive la façon dont le sage entreprend la vie pour ne pas craindre la mort. Le sage cherche non pas une durée de vie longue, mais une durée de vie agréable, fut-elle courte.

Épicure critique ainsi ceux qui incitent à la fois à un jeune à bien vivre, et à un vieillard à bien mourir, parce que la vie a de l’agrément même pour un vieillard, et que bien vivre et bien mourir constituent un seul et même exercice. Pire encore celui qui dit que c’est une belle chose que de ne pas être né, et « sitôt né, de franchir les portes de l’Hadès ». En effet, s’il est convaincu de ce qu’il affirme ainsi, comment se fait-il qu’il ne quitte pas la vie ? De fait, c’est à sa portée, pourvu qu’il y soit fermement déterminé. En revanche, S’il veut seulement jouer les provocateurs, sa désinvolture en la matière est déplacée.

Épicure s’oppose également aux philosophes de son époque qui pensent que l’homme n’a pas le droit de mettre un terme à la vie parce que les dieux l’ont donnée aux hommes et qu’eux seuls peuvent la lui l’enlever. Épicure dira plutôt que l’homme a le droit de disposer de sa vie et doit donc savoir faire des projets pour l’avenir mais doit avoir dans l’idée que la mort est dans l’ordre des choses. Il doit donc, de ce fait, profiter de la vie, c’est-à-dire qu’il doit réaliser tout ce qui pourrait lui permettre d’atteindre le bonheur, et entre-autres, satisfaire ses désirs pour éviter toute souffrance.

Mais dans quelle mesure faut-il satisfaire ses désirs ?

Dans le paragraphe suivant, Épicure fait une certaine discrimination des désirs. Pour lui, le but de la vie est le plaisir. Et ce n’est pas la satisfaction de n’importe quel désir, et, par conséquent, l’obtention de n’importe quel plaisir, qui peut, selon Épicure, procurer le bonheur. D’où sa classification des désirs. Il y a donc ainsi une première séparation entre les désirs naturels et les désirs non naturels. Épicure en ajoute une deuxième, à l’intérieur de la catégorie des désirs naturels en disant que « Parmi les désirs naturels, certains sont nécessaires, d’autres ne sont que naturels » Enfin, parmi les désirs nécessaires et naturels, il en est pour le bonheur, pour le bien être et pour la vie elle-même. Ainsi, Épicure appelle « plaisirs naturels et nécessaires » ceux qui accompagnent la satisfaction d’un besoin vital (par exemple, boire ou manger); il nomme « plaisirs naturels et non nécessaires », ceux liés à un certain luxe, mais toujours par rapport à la satisfaction de besoins vitaux (boire du vin, manger un mets plus recherché...). Enfin, il y a les « plaisirs non naturels et non nécessaires », lesquels ne sont pas liés aux exigences de notre corps: par exemple, le plaisir d’aller au théâtre, chez le coiffeur, mais aussi tout ce qui alourdit la dépendance de l’homme à des objets dont il n’a pas besoin.

Or, une réflexion à ce propos peut permettre à l’homme de sélectionner ses désirs, selon s’ils est bénéfique à la santé du corps et à la sérénité de l’âme, puisque tels sont les facteurs de la vie heureuse. C’est sous l’influence de cette dernière que nous faisons toute

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