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Doit-on souhaiter satisfaire tous ses désirs ?

Par   •  20 Novembre 2018  •  2 340 Mots (10 Pages)  •  682 Vues

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Alors une telle idée implique qu’il n’y a pas d’art de vivre : le scepticisme conteste la maîtrise du monde et de soi car l’art de vivre est vu comme une source de trouble et de combats. « Que sais-je ? » a dit Montaigne. Aussi, certains philosophes comme Marcuse pensent que pour le bien de la communauté, il faut supprimer les désirs : « La répression et l’absence de bonheur doivent être pour que la civilisation triomphe ». En effet, certains désirs se heurtent à des interdits sociaux (comme le meurtre, puni par la loi), ou contestent l’organisation sociale (comme l’inceste). Il est donc primordial d’y renoncer, c’est dangereux pour soi et pour les autres. Ensuite, le manque est une source de souffrance, et pour y remédier, il ne faut pas y céder mais bien le chasser, car si on se soumet à ses désirs, un autre désir renaîtra envers un autre objet, créant ce cercle vicieux de la quête éternelle de la satisfaction, et menant à une souffrance éternelle. Pour Epicure, si on ne se soumet qu’aux plaisirs naturels et nécessaires, ils ne renaîtront pas aussitôt.

Nous pouvons illustrer avec la thèse de Freud, pour qui « on ne peut désirer ce que l’on a déjà connu ». Pour lui, c’est le désir tel qui s’affirme dans l’inconscient et qui domine la vie psychique (comme la libido par exemple). Il ne faut réaliser que les désirs qui satisfont les exigences du ça, qui comprend ce que l’être apporte en naissant, de termination constitutionnelle et des pulsions (cette partie est inconsciente), du moi, soient la volonté, la pensée et la conscience (une partie est inconsciente) et du surmoi, ce qui englobe donc la morale, la civilisation, les interdits parentaux, sociaux… Freud distingue deux types de pulsions : les pulsions de vie, dites d’Eros, et celles de mort, dites de Thanatos. Ces dernières sont un désir absolu « au-delà du principe de plaisir », le désir de la mort, qui consiste à revenir à l’état anorganique, et donc à une absence de désir. C’est dans la psychanalyse qu’on étudie les rêves qui sont, pour Freud, une réalisation déguisée d’un désir refoulé, c’est aussi une sublimation du désir.

Mais, Freud a aussi démontré que la répression des désirs est dangereuse, car la morale reste vaine devant la culpabilité de la liberté de désir comme ça et sa répression comme surmoi. Même si on veut renoncer à ces pulsions, cela reste une dynamique pulsionnelle car vouloir maîtriser son désir le fait persister comme répression voulue. En effet, la répression morale double la répression sociale, et ne supporte pas le désir, créant un conflit sans solution : « Une violente répression d’instincts puissants exercés de l’extérieur n’apporte jamais pour résultat l’extinction ou la domination de ceux-ci ». Il y a une répression continuelle, dès l’enfance, par l’éducation, qui permet d’exercer un travail sur soi, ce dernier étant important car il permet la disparition des instincts. On oppose continuellement une force à une autre pour les contrebalancer.

Si le désir est insatiable, alors y a-t-il un sens à combler ce qui ne peut être satisfait ?

Mener une vie sans désir, est-ce mener une vie sans souffrance ? Tout d’abord, la souffrance est une douleur morale ou physique, mais dans le cas du désir, c’est une douleur morale. Si la satisfaction est impossible, alors le mal persiste, nous pouvons donc nous demander si la vie ôtée de désir mènerait vers une vie sans douleur. On peut imaginer que vivre sans aucun désir propre mènerait vers une vie de vertu absolu, comme dans la Princesse de Clèves de Mme de Lafayette, où l’héroïne se bat contre ses désirs pour rester la plus vertueuse possible. Mais, pour les personnes sans croyance théologique, cette absence de désir ne mènerai pas à un abêtissement ? Il est vrai que l’argent ne fait pas le bonheur et qu’une majorité de personnes riches se suicident (comme Robin Williams par exemple) et cette absence de désir permettrai l’assouvissement des besoins naturels, mais une vie de néant est-elle la vie idéale ?

Alors, cette idée implique que nous ne serions que des esclaves du monde, entravés à la direction d’une force supérieure. Les dictatures utilisent la destruction des envies du peuple pour les maintenir sous contrôle plus facilement. De plus, le fait de ne rien désirer ne mènera jamais à une vie de bonheur, et donc quel est la destination finale de l’homme ? Peut-il vivre sans but, lâché à lui-même dans cette jungle qu’est la vie ? L’homme sans désir sera un homme mélancolique, car « elle est gratuite pour les perdants / La mélancolie c’est pacifiste / On ne lui rentre jamais dedans », comme dit Miossec dans sa chanson La Mélancolie. Enfin, l’homme ne désirant pas n’est-il pas un homme mort ? Les hommes se suicident généralement car ils n’ont plus goût à rien, n’ont plus aucune envie d’avancer, c’est la triste réalité.

Pour illustrer, nous pouvons parler de la thèse épicurienne du désir, montrant que chaque désir a sa catégorie propre. Leur définition du bonheur est l’ataraxie, soit l’absence du trouble de l’âme, ce qui s’apparente à une absence de souffrance, et donc de désir et de frustration. De plus, la souffrance peut être facilement apaisée en se remémorant des souvenirs bons. Nous pouvons donc nous suffire de satisfaire nos plaisirs naturels et nécessaires, car ils peuvent toujours être réalisés afin de vivre une vie heureuse.

Enfin, nous avons pu voir qu’il y a une différence entre le souhait de quelque chose, et sa réalisation. Il est normal de vouloir être le plus riche, le plus beau, avoir tout ce dont nous désirons, mais, étant des êtres civilisés, nous sommes nés dans une société de respect de l’autre et des règles. C’est pourquoi nous ne pouvons pas satisfaire tous nos désirs, car certains désirs refoulés enfreignent des lois éthiques morales ou sociales, ce qui nous mettrai en danger aussi bien que l’objet du désir (si c’est une personne). En revanche, il ne faut pas tomber dans l’extrême inverse, où il est question de se faire violence à chaque désir ressenti. Cette question est vraiment un sujet où nous ne pouvons pas rejeter totalement une thèse pour en accepter l’autre entièrement. Chaque personne est libre de son désir propre, quand il n’entrave pas la sécurité de soi-même ou de l’humanité.

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