Commentaire sur la Critique de la faculté de juger, Kant
Par Hp2001 • 8 Novembre 2018 • Commentaire de texte • 1 369 Mots (6 Pages) • 924 Vues
Intro : Dans cet écrit, Kant émet une réflexion sur la notion d’appréciation esthétique. Il va à l’encontre de l’opinion commune, puisqu’il soulève la question : le goût est-il universel ? On pourrait définir le goût comme la faculté à avoir des sensations et ressentir du plaisir ou non à éprouver ces sensations, mais il peut aussi désigner la faculté à apprécier des choses moins sensorielles (comme l’art). Son raisonnement soutient la thèse suivante : le goût n’est pas universel en ce qui concerne l’agréable, mais il est universel pour le beau. En procédant en quelque sorte par « disjonctions des cas », il se penche d’abord dans le premier paragraphe à l’agréable, pour confirmer la première proposition de sa thèse, puis dans le second paragraphe, il définit le beau afin de compléter la démonstration de sa thèse.
Au début du texte, Kant affirme que la perception de l’agréable ne peut pas être universelle : « Lorsqu’il s’agit de ce qui est agréable, chacun consent à ce que son jugement, […] soit restreint à sa seule personne ». Il s’appuie sur de la logique pure : lorsqu’on dit « Le vin des Canaries est agréable », on sous-entend qu’il est agréable pour nous et qu’il peut être déprécié par quelqu’un d’autre. Il faudrait dire pour être exact « cela m’est agréable », mais on ne le dit pas par convention puisqu’il est admis par tous que ce jugement est individuel. Quelque chose est agréable quand il nous procure du plaisir, ce qui est relatif aux sens.
C’est ainsi que le goût apparaît ensuite, ici faisant référence à un des cinq sens, parmi lesquels sont cités la vue et l’ouïe, comme autant de moyens qui nous permettent de ressentir du plaisir. Mais ce plaisir n’est pas nécessairement égal pour tous ; la perception d’une même chose peut différer d’une personne à une autre : « La couleur violette sera douce et aimable pour celui-ci, morte et éteinte pour celui-là ». Pour l’un le violet est agréable, et pour l’autre, il n’est pas agréable. Ce qui amène à un constat logique : « ce serait folie que de discuter à ce propos ». En effet, on ne peut pas reprocher à quelqu’un ses goûts pour l’agréable en tout cas : ils sont dictés par son être même (ses organes sensoriels, son vécu, les choses qu’il associe à ce qu’il voit, mange ou sent). Malgré une constitution égale à ses semblables, chaque Homme, en raison de son parcours, diffère légèrement de son prochain ; chacun a une certaine spécificité. Le principe « À chacun son goût » est donc valable pour ce qui est agréable.
À présent, dans cette deuxième partie, Kant énonce sa définition du beau, et montre en quoi il serait paradoxal selon son point de vue de nier la deuxième proposition de sa thèse.
Pour le philosophe beau n’a rien d’individuel, au contraire, il est universel : « il en va tout autrement du beau ». Il défend qu’on ne peut dire : « cet objet est beau pour moi » puisque s’il est beau, par définition, il est forcément beau pour tout le monde. La beauté revêt alors un caractère absolu, en réalité, elle n’est pas sujette à un jugement de valeur. Si on dit : « cela est beau », alors c’est un fait indiscutable, ce n’est pas une opinion ou une sensation. On peut comparer cela au fait de dire : « il fait 30 degrés ». C’est un simple constat scientifique, c’est une propriété de l’air ambiant (donnée par le niveau de mercure mesuré sur une échelle de valeurs). À l’inverse, en disant « il fait chaud » on émet un jugement de valeur, qui peut être contesté. Certains diront : il ne fait pas chaud, le temps est agréable. Il fait la distinction entre une chose qui a « du charme et de l’agrément », étant ainsi rapportés au domaine l’agréable, et une chose appartenant au domaine du beau.
Kant ne se contente pas de dire simplement que le beau doit être universel. Il amène une définition plus poussée de ce terme, dans le passage
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