Comment expliquer la conscience à un enfant ?
Par Ramy • 9 Novembre 2018 • 16 759 Mots (68 Pages) • 780 Vues
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Depuis la scolastique grecque au cartésianisme puis à l’empirisme des Modernes jusqu’à la révolution phénoménologique, précurseur de l’existentialisme, la conscience fut décortiquée dans toutes ses facettes, fut-elle conscience de soi, conscience par rapport à l’objet, du grain de sableà l’univers, et puis, non des moindres, conscience collective, sociale et morale. Tous les philosophes ont apporté leur pierre à cet édifice intellectuel majeur qu’est la réflexion autour de la conscience.
Et voilà qu’au XXème siècle, la donne change avec l’apport de la psychanalyse qui ne voit en la conscience que la partie visible de l’iceberg qu’est le psychisme humain, cet iceberg qui manque de faire couler le navire d’un savoir dont la trajectoire remonte à l’Antiquité. Et ce n’est encore rien comparé aux apports d’une nouvelle science que l’on nomme la neurobiologie, et dont la vocation, médicalement louable, est d’éluciderles nombreux questionnements relatifs aux mécanismes inhérents à la pensée, aussi bien celle de l’être conscient ou de celui dans un état végétatif.
Ainsi, ce qui relevait d’un prodige, d’un sacré irréfutable, du temple de notre propre intériorité pour les cartésiens, du tunnel qui nous ouvre au monde pour les phénoménologues, ou du socle sur lequel repose notre liberté et notre éthique personnelle pour les existentialistes, se réduit à un assortiment de connexions neuronales, de messages par delà les hémisphères cérébraux et autres manifestations neurochimiques. Le marqueur universel de la supériorité de l’homme à l’animal s’explique alors par le simple développement encéphalique de l’homme, fruit de l’évolution de plusieurs siècles, lui ayant permis de développer dans certaines un « néocortex », foyer des opérations et des représentations mentales les plus complexes.
Toutes les considérations du « moi » et du « je »étant réduites à des cartographies cérébrales, à quoi bon alorsattribuer à la philosophieun trésor de découvertes dont la science semble déjà posséder la clé ? C’est la sophrologie qui sort la conscience de cette impasse analytique.La conscience possède en effet un rôle central au sein de la sophrologie Cayceydienne à commencer par son sens étymologique : « sos » qui signifie « harmonie », « phren » l’esprit, et le plus connu : « logos », l’étude. Comme le précise le fondateur Alfonso Caycedo, la conscience humaine est « la force responsable de l’intégration de toutes les structures de l’existence de l’être. Il ne s’agit pas seulement de prendre conscience d’une réalité externe ou interne, il s’agit d’une force de cohésion qui intègre le corps, l’esprit, ainsi que toutes les structures responsables de l’existence de l’être humain. ».
Cette notion de force de cohésion rejoint notre métaphore du noyau dur et son rôle régisseur de nos actions, terme qui peut être extrapolé à celle de la conscience de la réalité externe. C’est sur cette cohésion que reposent les relaxations dynamiques caycédiennes (RDC) qui ont constitué une part importante de mon initiation à la sophrologie, et sur laquelle je reviendrais.Caycedo apporte cependant une nuance intéressante ; en effet, en tant que réservoir de notre vécu, la conscience est une entité tellement significative qu’elle constitue en elle même un véritable univers dans lequel nous vivons ou apprenons à vivre, en plus du monde extérieur.L’ambition de la sophrologie est d’explorer la conscience comme véritable monde en soi.
La question n’est donc plus de définir la conscience, mais de comprendre ses signalements, la manière qu’elle a de nous faire interpréter le monde, et cela est loin d’être cernable par le biais d’électrodes ou d’imageries médicales. En d’autres termes, la conscience n’est pas qu’une question de neurobiologie, elle est un phénomène humain qui mérite que l’on s’y penche avec la même rigueur et la même passion que tous les philosophes qui ne bénéficiaient pas de l’apport de la science… sans que cela ne soit pour nous une raison de nous en détacher.
En effet,dans le cadre de l’analyse de la conscience, notamment à partir de la perspective sophrologique, fortement imprégnée des apports de la phénoménologie de Hegel et de Husserl mais également de découvertes médicales, nous ne pouvons négliger ni l’aspect philosophique, ni celui de la science. Et comprendre la conscience humaine de par ces deux points de vue permettra ainsi d’apporter les solutions sophrologiquesà même de résoudre les problèmes de consciences et autres affects de l’âme humaine conformément à la vocation cathartique de la sophrologie.
Nous verrons ainsi dans un premier temps comment la conscience, source de nombreuses interrogations, passe d’un statut de force pensante, réflexive et intérieureà un moyen indispensable de compréhension et d’ouverture à notre monde, du spontané à l’intentionnel, de la porte de notre âme à la fenêtre sur le monde. La neurobiologie viendra par la suite ensuite compléter ce défi intellectuel ambitieux qu’est la compréhension de notre conscience, défi permanent de la sophrologie dont la devise«Ut conscientiaNoscatur » signifie « Pour que la conscience soit connue ».
Chapitre 1 : Le point de vue de la Philosophie :
- Une connaissance limitée et limitative pour les philosophes grecs de l’Antiquité:
Le premier problème de la conscience, telle que conçue par les philosophes Grecs, est que celle-ci, en plaçant l’individu au centre de préoccupations existentiels, ne peut qu’aboutir au constat de la limitation de son accès à la connaissance, de ce soi à la fois si proche et si éloigné. On ne peut tendre qu’à une certaine universalité ou globalité de la connaissance, rendant ainsi plus difficile l’exploration de sa conscience. Et pourtant, une première formule viendra bousculer ces constats primaires.
1/ « Connais toi toi-même », une leçon d’humilité :
Il estsignificatif que l’un des tous premiers préceptes philosophiques de l’Humanité consiste en ce simple, mais néanmoins lourd de sens, aphorisme, le fameux GnothiSeauton que l’on attribue un peu hâtivement à Socrate, encore que c’est bien le philosophe originel qui a immortalisé cette sentence et en a offert un vivier riche et inépuisable d’interprétations pour toute la pensée humaine.
L’une des premières compréhensions du précepte est la nécessité de se connaître d’abord avant d’envisager une quelconque
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