Citroën cas
Par Ramy • 26 Mars 2018 • 3 642 Mots (15 Pages) • 613 Vues
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même vécu comme un rituel vers l’indépendance, un passage obligé aujourd’hui.
Deux sociologues (L. Boltanski et M. Pervanchon, dont nous ne retiendrons pas les noms dans la synthèse) présentent même la voiture comme un moyen de repérage de la classe sociale des individus. Non seulement la façon de conduire révèle la classe sociale du conducteur, mais la voiture fonctionne comme un signe de richesse.
Le paragraphe commence par rappeler la thèse dont il est porteur : « la voiture est aussi un objet avec lequel on entretient un rapport affectif ». La voiture est présentée comme un objet proche, avec lequel on établit un lien affectif particulier. On entre dans le domaine de l’émotion. L’expression « faire-corps » prend ici tout son sens : la voiture symbolise son conducteur et il en prend soin comme de sa propre image. L’auteur va plus loin en affirmant que cet objet nous absorbe littéralement et répertorie toutes les personnifications que la voiture permet (caractère, chauffe). La voiture quitte sont statut d’objet pour devenir sujet à part entière.
Cet ultime paragraphe fonctionnel comme une conclusion. La voiture, investie de ce statut de sujet, vient prolonger les conflits entre classes sociales. Cet élément nous permet de comprendre pourquoi la location de voiture est si peu appréciée : un tel véhicule perd toutes les valeurs symboliques habituellement liées à la voiture personnelle. L’analyse précise de ces deux documents permet déjà de dégager des axes de réflexion pour la synthèse et des axes de lecture pour les deux documents restants. Trois axes se dégagent de ces premières analyses :
La voiture, objet ou sujet ?
La voiture, un objet culte ? Du rêve à la réalité.
La voiture et les valeurs qu’elle incarne.
A partir de ces entrées, nous pouvons constater que la voiture est devenue un moment symbolique pour la collection de cet objet.
Document 3
Le troisième document est un extrait de roman de Dino Buzzati, tirée du très fameux recueil Le K. et s’intitule Suicide au Parc. Le narrateur raconte l’histoire de son ami Stéphane, subitement pris du virus de l’automobile, et dont la femme, Faustina se transforme en voiture pour lui plaire. Ce texte développe la passion pour l’automobile dans un registre merveilleux. Se retrouve ici un certain nombre de thèmes déjà rencontrés dans les deux documents précédents. Reprenons les catégories distinguées plus haut et voyons comment Dino Buzzati s’y prend. La thématique de la voiture dont le statut oscille entre celui de sujet et celui d’objet est largement exploitée. Elle constitue même le cœur de la nouvelle. La voiture apparaît sous deux aspects : d’une part la 600, un modèle assez commun, qui apparemment n’a pas fait tourner la tête de Stéphane, et d’autre part, la voiture rêvée. Dino Buzzati oppose très nettement ces deux catégories avec des champs lexicaux bien marqués. D’un côté, la banalité (petite, quotidien, rouler tant bien que mal) et de l’autre le véhicule d’exception (de race, succès, affirmation de la personnalité, domination, agrandissement, emblème). La voiture devient porteuse de valeurs hautement symboliques : elle est le reflet de son possesseur, elle en prolonge, voire en complète la personnalité Dino Buzzati multiplie les adjectifs pour dire son caractère exceptionnel : très belle, puissante, difficile, surhumaine. Cette hyperbole permet d’en souligner l’extrême valeur. Quant à la passion automobile de Stéphane, elle est présentée comme une maladie (virus, symptômes, terrible maladie, idée fixe, obsession, délires) tant elle le dévore.
Paradoxalement, le narrateur élargit son propos et généralise : d’autres hommes (des milliers) sont atteints par ce virus dans notre société. Par une longue énumération, Dino Buzzati laisse entrevoir tout ce à quoi doit renoncer le passionné d’automobile : famille, travail, pouvoir, art, spiritualité. Cette hyperbole exagère certes, mais cherche à rendre compte du caractère obsessionnel de tels engouements. D’autant que le héros est pauvre : la voiture n’est donc qu’un rêve, source de frustrations pour Stéphane. Et comme tout rêve, elle reste inaccessible. La fin du passage renvoie à un moment ultérieur : Stéphane est alors au volant d’une magnifique voiture qui le comble au point qu’il en oublie sa femme ! Le dernier paragraphe mêle deux registres. Tout d’abord, apparaît le vocabulaire de la voiture avec un certain nombre de termes techniques : volant, levier de changement de vitesses, accélérateur, engin machine. La matérialité de la voiture est bien présente, mais elle s’efface devant le champ lexical dominant, celui de la sensualité : étreignait voluptueusement, caressait, pulpeux, tendresse, corps aimé. La voiture est devenue femme, désirable, rassurante (je n’avais pas peur). L’harmonie entre le conducteur et sa machine se traduit par un abandon quasi amoureux : s’abandonnât à la volonté de Stéphane, anticipant ses désirs secrets. Discrètement, Dino Buzzati nous indique comment lire sa nouvelle : c’est Faustina qui s’est transformée en voiture, par amour pour Stéphane. D’ailleurs, l’auteur ne la dit-il pas « trop amoureuse de lui » ?
Document 4
Le dernier document du corpus est une image extraite d’un site, elle représente une affiche publicitaire pour une voiture de la marque Renault ainsi qu’un slogan. Elle est de type iconographique, comme c’est bien souvent le cas dans les sujets de BTS. Ici, il s’agit d’une des affiches de campagne promotionnelle, élaborée en 1985 par Renault pour mettre en avant la R5.
L’affiche est constituée d’un visuel marquant et d’un rédactionnel savamment étudié. L’émetteur est présent à travers le logo de la marque Renault, en bas, à droite. Le produit est non seulement mis en valeur au centre de l’affiche, la voiture rouge qui attire tous les regards, mais nommé en bas à droite : La Renault 5. Le déterminant « La », tout en soulignant son caractère unique du produit présenté, suggère surtout que l’on en a déjà entendu parler de ce véhicule, que sa réputation l’a précédé. Le rédactionnel est constitué d’un slogan en lettres majuscules blanches qui se détachent comme de petits nuages dans le ciel bleu. La voiture, par un effet de grossissement hyperbolique, est démesurée par rapport aux autres véhicules qui apparaissent minuscules en comparaison. Sa couleur rouge attire le regard et suscite d’ailleurs la curiosité
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