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Art et esthétique

Par   •  9 Novembre 2017  •  9 267 Mots (38 Pages)  •  662 Vues

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le savant digne de ce nom, le géomètre surtout, éprouve en face de son œuvre la même impression que l’artiste ; sa jouissance est aussi grande et de même nature ». On voit que le savant, au même titre que l’artiste, ressent la même joie pure et désintéressée devant l’élégance de la théorie qu’il énonce. Ainsi son efficacité technique importe peu, sa beauté seule compte aux yeux du savant.

D’autre part, on peut parler des multiples influences que les progrès spectaculaires des connaissances scientifiques à notre époque, ont sur la création artistique. De nos jours, nous pouvons dire que nous vivons l’âge scientifique et technique de la création artistique. L’hégémonie de la science qui s’étend de façon spectaculaire dans les sociétés de notre temps ne saurait épargner le domaine de l’art. En effet, avec l’avènement de l’ordinateur, on assiste à un énorme développement de l’informatique artistique. Les logiciels d’images et de sons, les nouveaux supports audio-visuels, etc. sont autant de moyens nouveaux que les progrès scientifiques et techniques ne cessent de mettre au service de la création et de la conservation des œuvres d’art.

On va bien, en résumé, que même si l’art et la science sont des domaines des la culture distincts, ils ne manquent pas d’exercer l’un sur l’autre et mutuellement quelques influences. Pour mieux connaître la valeur de l’art, il convient à présent de comparer ses productions à celle de la nature.

3. Art et nature

Aristote distingue les choses naturelles et les choses artificielles. Les unes et les autres coexistent dans le milieu qui nous entoure, mais les premières ne sont que par le seul fait de la nature, tandis que les secondes doivent leur être à l’homme ; elles existent par le biais de l’activité humaine. Si celle-ci est laborieuse et vise comme fin la survie de l’homme, elle est appelée « travail » ; si, par contre, elle est seulement récréative et vise le loisir, elle se nomme « art ». Mais si l’art est une réalité accompagnée de la pensée du but à atteindre, on peut se demander si la nature fait de l’art ? Est-elle une « grande artiste », au regard des productions qui sont siennes ?

La réponse à cette question donnée par André Lalande est, à plus d’un titre, édifiante : « l’art ou les arts désignent toute production de la beauté par les œuvres d’un être conscient ». Est-ce à dire que seules les œuvres humaines productrices de beauté sont de l’art ? Que dire alors du beau spectacle que nous offre la nature de façon quasi quotidienne : les paysages splendides, l’étendue impressionnante des mers et les couchers sublimes de soleil ?

Pour Kant, on ne peut appeler œuvre d’art que l’activité humaine qui vise consciemment la création de choses belles ou d’œuvres esthétiques. L’art est la propriété exclusive de l’homme en tant qu’il est un être conscient. Il ne peut y avoir d’œuvre que ce qui est produit par la conscience car elle seule peut avoir l’idée de ce qu’elle veut exprimer et des moyens dont elle se sert pour l’exprimer. Le produit de l’abeille, par exemple ne peut guère être considéré comme une œuvre, c’est plutôt un effet qui découle du commandement de l’instinct. De façon plus rigoureux, il est donc plus judicieux de dire que l’homme « fait » son œuvre, tandis que l’abeille « agit » sous le commandement de l’instinct. Elle ne pense aucune de ses opérations. C’est l’instinct en tant que disposition innée héréditaire inscrite dans le code génétique de la bête qui conditionne le comportement automatique et spontané de celle-ci et la pousse à « agir » dans un sens déterminé. Le « faire » est à proprement parler la particularité de l’homme en tant qu’être doté de conscience, en tant qu’être disposant d’une volonté libre. La liberté est, en effet, selon Kant, la condition sine qua non de la création de l’œuvre d’art. Elle en est le principe, car l’art est l’expression de la conscience et de la liberté.

Par ailleurs, il existe une autre raison qui prouve que l’art découle de l’action consciente et libre de l’être humain. Cette raison est que ce dernier n’est capable de création artistique que dans la mesure où il fait preuve d’imagination très puissante. Mais qu’est-ce que l’imagination ? Par là, il convient d’entendre une faculté spécifique à l’homme qui lui permet de se représenter un objet absent. Le plus bas degré de l’imagination est celui par lequel l’homme forme dans son esprit l’image d’une chose qu’il connaît déjà : il s’agit de l’imagination reproductrice. A elle s’oppose l’imagination créatrice par laquelle, l’homme est capable de s’arracher, par le biais de l’art, d’une réalité concrète, chétive, décevante et pauvre pour forger l’image onirique (qui a rapport au rêve) d’un monde possible plus gai, plus prometteur. C’est à la conscience humaine, dans la mesure où elle est capable de transcender le réel pour construire le non-encore-réel qu’il revient donc le privilège exclusif de faire de l’art.

Si l’art se présente comme une spécificité de l’homme, il importe à présent de se demander quel est le sens qu’il convient de donner à la beauté qu’il vise.

B. Qu’est-ce que le beau ?

1. L’essence du beau ou le beau-en-soi

Le mot « beau » provient de l’étymologie latine « bellus » qui veut dire : joli, charmant. De la même façon que le Bien et le Vrai qui sont des concepts normatifs fondamentaux qui s’appliquent respectivement au domaine de l’éthique et à celui de la connaissance, le Beau est un autre concept normatif auquel renvoient les jugements esthétiques et l’activité artistique. Quand nous disons d’une chose qu’elle est belle, c’est la perception de cette chose ou le contact sensoriel que nous avons avec elle qui nous procure une sensation de plaisir ou un sentiment de satisfaction.

Au regard de l’histoire de la philosophie, la question « qu’est-ce que le beau ? » est une interrogation fondamentale qui émerge pour la première fois sur le terrain du platonisme. C’est en effet Socrate qui est le premier à l’avoir explicitement formulée tout en étant parfaitement conscient de sa portée et de ses implications métaphysiques. Lorsqu’il demande à Hippias ce qu’est le beau, il lui précise, après moult errances et égarements de ce dernier, que la question n’est pas de savoir ce qui est beau mais ce qu’est le beau. En effet, on ne s’intéresse pas dans l’esthétique platonicienne au « beau » en tant qu’adjectif qualifiant

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