Dossier sur l'euthanasie
Par Raze • 30 Juin 2018 • 4 930 Mots (20 Pages) • 547 Vues
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Testament de vie : Le texte introduit la notion de « directives anticipés », sorte de testament de vie que le malade peut rédiger avant de devenir inconscient : « Toute personne majeure peut rédiger des directives anticipées pour le cas où elle serait un jour hors d’état d’exprimer sa volonté. Ces directives anticipées indiquent les souhaits de la personne pour sa fin de vie concernant les conditions de la limitation ou l’arrêt de traitement. Elles sont révocables à tout moment. »
Décision collégiale pour un malade inconscient : « Lorsque la personne est hors d’état d’exprimer sa volonté, la limitation ou l’arrêt de traitement susceptible de mettre sa vie en danger ne peut être réalisé sans avoir respecté la procédure collégiale définie par le code de déontologie médicale et sans que la personne de confiance ou la famille ou à défaut un de ses proches et, le cas échéant, les directives anticipées de la personne, aient été consultés. »
Le statut de la « personne de confiance » : Si un malade désormais hors d'état d'exprimer sa volonté a désigné une « personne de confiance », l'avis de celle-ci « prévaut, sauf urgence ou impossibilité, sur tout autre avis non médical, à l’exclusion des directives anticipées . »
Réactions sur la proposition de la loi Léonetti
Selon le docteur Chaussoy, celui de l'affaire Vincent Humbert, le fait de demander à mourir dans de graves conditions, comme lorsque un tétraplégique réclame le droit de mourir puisque son handicap l'empêche de se suicider seul, ne signifie pas un manque de respect pour la vie, mais plutôt le contraire. « Vincent aimait la vie, dit-il, au point de réclamer avec acharnement qu'elle ne ressemble pas à la sienne ».
Il salue la proposition de loi de 2005 visant à améliorer les conditions de fin de vie. Ce texte représente selon lui « une grande avancée pour nous tous ».
Quelques personnes s'élèvent pour mettre en garde contre le danger que représenterait la légalisation de « suicide assisté », le médecin répond par son expérience : « Depuis trente ans que mon métier me confronte chaque jour à ces questions, je n'ai jamais rencontré une famille envisageant la mort des siens avec légèreté ». D'après lui, il s'agit donc toujours de faire gagner la vie « tant qu'elle est possible », mais le problème ne se pose pas dans les mêmes termes pour des cas comme celui de Vincent. « On me demande mon avis de médecin : je crois que c’est avant tout un problème d’homme. Nous avons, tous, le devoir d’entendre et d’écouter ce que réclament ces frères humains, ils ont perdu l’usage de leur corps, mais pas leur liberté d’adultes majeurs et sains d’esprit. Je crois que nous avons le devoir de les aider, puisqu’ils ne peuvent plus s’aider eux-mêmes. C’est une manière -la seule manière- de continuer à faire gagner la vie. Et de respecter leur liberté d’homme. »
C'est au nom des mêmes valeurs d'amour et de respect de vie que l'Église catholique se montre inquiète sur les dérives prévisibles des lois belges et néerlandaises dépénalisant l'euthanasie.
Monseigneur Léonard, évêque de Namur et belge de nationalité a critiqué la méthode adoptée par les Pays-Bas et la Belgique : « On a abordé le problème à partir de cas exceptionnels et particulièrement émouvants, en soutenant ainsi la nécessité de dépénaliser puisque, en réalité, l’euthanasie était déjà pratiquée. L’autre argumentation adoptée a été que, pour éviter les abus de l’euthanasie clandestine, il était préférable de la contrôler en lui donnant un cadre légal. » Mais l’évêque de Namur pense aussi que les limites de la loi seront rapidement dépassés. Deux ans après, on propose dans un projet « d’étendre l’application (de la législation) au suicide assisté et aux mineurs capables de raisonner. »
Monseigneur Léonard est préoccupé par « le nombre des médecins qui, comme en Hollande, préfèrent pratiquer l’euthanasie sans remplir les formalités obligatoires prévues actuellement par la loi, sachant parfaitement que celles-ci disparaîtront progressivement avec le temps. » Monseigneur Léonard craint également que, même si aucun médecin n'est contraint d'accomplir des euthanasies, cela « ne change profondément la signification la plus décisive de toute la profession médicale, laquelle ne serait plus seulement l’art de soigner et guérir, mais aussi l’art de tuer. »
Mais cet évêque craint encore plus de voir « la profession médicale devenir un instrument décisif tant pour contenir les dépenses de santé que pour instaurer une politique sélective fondée sur le concept de qualité de la vie. ». Les propositions existent déjà : « pour réduire les dépenses de santé, d’une loi qui amènerait les médecins à exclure certaines catégories de personnes-en premier lieu les personnes âgées- des thérapies les plus coûteuses ».
Si l'Église catholique se montre inquiète sur les éventuelles dérives que pourraient entraîner des modifications trop rapides de la législation, il semble cependant que cette proposition de loi respecte son enseignement sur la fin de vie.
Le député UDF (Union pour la Démocratie Française), Bernard Debré qui est le patron du service d'urologie de l'hôpital Cochin à Paris, s'inquiète des moyens alloués aux hôpitaux pour remplir leur mission. La proposition de loi reste en effet assez vague sur le financement des soins palliatifs.
Finalement, il a été clairement démontré que l'utilisation précoce des soins palliatifs permet d'éviter l'acharnement thérapeutique, par exemple d'éviter la dernière chimio qui ne sert à rien et qui coûte 15 000 euros. C'est sans doute un meilleur moyen de faire des économies à l'hôpital.
Qu'en est-il dans les autres pays ?
On ne compte que quatre États au monde à avoir choisi de dépénaliser l'euthanasie ou le suicide assisté : les Pays-Bas, la Belgique, la Suisse, le Luxembourg, la Suède et quelques États d'Amérique (Oregon, Montana, Vermont, Californie, Washington). Dans tous les autres pays européens, et notamment en France, l'euthanasie reste considérée comme un crime.
En France, l'euthanasie, tant active que passive, est strictement interdite. Elle est assimilée à un meurtre pour l'euthanasie active ou à une non assistance à personne en danger pour l'euthanasie
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