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Agressivité réactive chez l'adolescent (Psy)

Par   •  28 Septembre 2017  •  4 142 Mots (17 Pages)  •  800 Vues

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révisant 148 études sur l’agressivité directe et indirecte en lien avec les différences sexuelles. Ainsi, les garçons manifestent plus fréquemment des comportements agressifs directs. Par contre, les études mesurant l’agressivité indirecte ne rapportent pas de différences significatives entre les sexes pour ce type d’agressivité. Les filles et les garçons utiliseraient autant la propagation de rumeurs, la dégradation, le rejet, le mépris et l’exclusion sociale. Malgré cela, les professeurs et les parents ont tendance à percevoir les filles comme utilisant plus d’agressivité indirecte que les garçons. Les schèmes sociaux qui guident nos perceptions sur les différences sexuelles seraient biaisés en ce sens. Les filles seraient perçues comme étant davantage centrées sur les interactions sociales et les relations avec les autres, alors que les garçons seraient plus préoccupés par la domination physique (Bowie, & Bonnie, 2007). Les filles utiliseraient alors davantage un mode d’agressivité s’attaquant aux relations avec les autres.

Trajectoire développementale

Dans le cadre du développement normal d’un enfant, c’est entre deux et quatre ans qu’il manifeste le plus de comportements agressifs. À cet âge, les conduites agressives visent la possession de matériel ou un besoin d’attention (Shaffer, 2001; Trivers, 1974 in Dodge, Coie, & Lynam, 2006). Le développement du langage coïncide avec une diminution de l’agressivité physique, mais une augmentation de l’agressivité verbale (Développement des ressources humaines Canada et Statistique Canada, 1996). La manifestation d’agressivité a tendance à diminuer avec l’âge. Par contre, plus les difficultés apparaissent tôt, plus les enfants sont à risque de développer des problèmes de comportement qui s’aggraveront au cours de l’enfance et de l’adolescence (Moffit, 1993). L’agressivité est une problématique où l’on observe une grande stabilité des différences individuelles à travers le temps (Cantwell & Baker, 1989 ; Loeber, 1991). À cet égard, Kokko et Pulkkinen (2005) ont mesuré le niveau d’agressivité de 145 hommes et 145 femmes à 8, 14, 36 et 42 ans. Le niveau d’agressivité restait plutôt stable de huit à quatorze ans et permettait de prédire le niveau d’agressivité à l’âge adulte. Cette stabilité était observée chez les hommes et chez les femmes.

Facteurs associés

Le trouble de déficit d’attention avec hyperactivité et les conduites agressives sont deux problématiques associées et ce, dès l’âge préscolaire (Kakouros, Maniadaki, & Karaba, 2005). Cette comorbidité est observée uniquement pour l’agressivité réactive (McAuliffe et al., 2007). Ces deux problématiques auraient des mécanismes cérébraux communs (Dodge, 1991). Les jeunes souffrant d’un trouble de déficit d’attention avec hyperactivité ont souvent des déficits au niveau des fonctions exécutives. Ces déficits seraient aussi un facteur de risque important des conduites agressives réactives. La région du cerveau associée aux fonctions exécutives, le lobe préfrontal joue un rôle dans la planification, l’inhibition et l’autorégulation des comportements, qui sont déficitaires dans les deux problématiques (Giancola et al., 2006; Martel et al., 2007).

Facteurs de risque

Les facteurs de risque augmentent la probabilité de voir apparaître un problème d’adaptation. C’est l’effet cumulatif de ces facteurs qui augmente les chances de développer un problème (Rutter, 2002). Les facteurs de risque peuvent être de nature individuelle, familiale et sociale. Nous nous attarderons aux facteurs de risque en fonction des différentes périodes de développement. Il sera question des conduites agressives de façon générale puisque beaucoup d’individus présentent à la fois de l’agressivité réactive et proactive (corrélation de .83) (Poulin & Boivin, 2000a). Les éléments propres à l’agressivité réactive seront mis en lumière.

Petite enfance

Le tempérament est une prédisposition biologique qui demeure relativement stable dans le temps et qui peut contribuer au développement de certains problèmes de comportement. Un enfant qui a un tempérament difficile sera très actif et irritable (Shaffer, 2002), ce qui le prédispose à vivre plus intensément ses affects négatifs, à être moins tolérant aux frustrations et à manifester davantage d’agression réactive (Vitaro, Barker, Boivin, Brendgen, & Tremblay, 2006).

Le tempérament difficile d’un enfant est susceptible d’influencer les conduites parentales et la qualité des relations parent-enfant. Ces parents ont tendance à utiliser des méthodes disciplinaires plus coercitives en réponse aux comportements de l’enfant. Il s’en suit une dynamique où l’enfant s’opposera avec agressivité pour éviter la demande de son parent et où le parent sera plus coercitif pour que l’enfant arrête ses comportements d’agression (Patterson, 1982). Cette dynamique entraîne une escalade des relations coercitives au sein de la famille, où il y a peu de chaleur et peu de renforcement des comportements prosociaux (Connor, 2002).

Divers facteurs d’adversité socio-familiale, comme la pauvreté, la taille de la famille, la monoparentalité, le fait de vivre dans un quartier pauvre et violent, la toxicomanie et la psychopathologie du parent sont liés à l’utilisation de méthodes disciplinaires inefficaces et coercitives (Connor, 2002; Dodge et al., 2006). La relation d’attachement parent-enfant a également été associée aux conduites agressives. Un attachement sécurisant où l’enfant se sent en sécurité, le protège de devenir agressif. Selon Repetti (2002), les enfants venant de familles caractérisées par des relations froides, un manque de supervision, où les enfants ne se sentent pas supportés ont plus de risques de développer des problèmes au niveau de l’agressivité.

Les enfants ayant des conduites agressives réactives proviennent plus fréquemment de familles où ils ont vécu un mode disciplinaire très sévère et rigide souvent marqué par des abus physiques (Vitaro et al., 2006). Les enfants apprennent à avoir peur qu’on leur fasse du mal (Vitaro et al., 2002); ils deviennent hyper vigilants aux menaces et réagissent agressivement pour éviter les conséquences. En somme, le développement des conduites agressives est le résultat d’une interaction entre des facteurs personnels (par ex., tempérament difficile) et sociaux (par ex., conduites parentales coercitives, adversité familiale). Ces facteurs de risques sont susceptibles

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