Émergeance de l'économie politique
Par Stella0400 • 19 Mai 2018 • 15 380 Mots (62 Pages) • 633 Vues
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Ceci dit, il n’en reste pas moins qu’A. Smith est un auteur incontournable, un objectif de cette 1ère partie de cours est de montrer que le secret d’A. Smith est à chercher dans l’articulation qu’il propose entre d’une part la philosophie politique et morale et d’autre de l’économie.
Ce que dit A. Smith a inventé est la possibilité d’un discours particulier dont la pertinence tient à la manière de penser la société et notamment une société d’économie politique. Nous parlons d’une économie politique car le discours d’A. Smith n’est pas celui de la spécialisation de l’analyse économique mais celui de l’intégration de l’économie à l’intérieur de la philosophie politique et morale. Le cheminement intellectuel de Smith qui convient de revenir sur l’analyse économique de D. Hume est avant tout de revenir à la rupture entre D. Hume et l’école des droits naturels moderne.
Concernant cette dernière école, on reviendra sur les théories proposées par Thomas Hobbes, J. Locke, Jean-Jacques Rousseau et F. Quesnay. Nous terminerons cette partie par une présentation de la théorie de Davide Ricardo (séparer des autres analyses de la société).
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CHAPITRE 1 : LA PROBLEMATIQUE DU DROIT NATUREL
- La société civile.
Au 17ème et 18ème siècle, l’image de la société traditionnelle repose sur l’idée d’une loi divine. Cette image est notamment incarnée par les écrits de Robert Filmer, dans son ouvrage « Patriarcha », où il tente de légitimer la monarchie de droit divin en invoquant la Bible, sa thèse est la suivante : les êtres humains ne sont pas nés libres mais sont les sujets de leurs pères ayant une puissance absolue et est propriétaire du pouvoir sur sa progéniture. Par conséquent, la volonté de la progéniture est une relation de domination qui fait de chaque individu un maître asservi. Cette paternité aurait commencé avec Adam investit de ce pouvoir par Dieu et le pouvoir associé à la paternité est transmis par héritage direct. Selon R. Filmer, Adam peut-être considéré comme le 1er monarque sur Terre qui incarne la volonté de Dieu. Autrement dit, Dieu fourni un ensemble de droits et de devoirs qui soumet les institutions à Son autorité suprême.
L’ordre social existe antérieurement aux individus ce qui signifie que l’établissement de la société politique n’est pas le résultat des actions menées par les individus, au contraire, les actions de ceux-ci sont déterminés par un ensemble de règles extérieur à leur volonté. L’être humain a un rôle limité et la mise en place de la société est antérieur à l’action des individus. Les relations hiérarchiques (ou de paternité) définissent les rapports entre individus. N’étant pas né libre, il est exclus qu’ils aient la possibilité de choisir la forme du gouvernement. Il n’y a aucune possibilité de faire un choix sur l’organisation de la société. Le pouvoir politique est également un pouvoir religieux.
Une question centrale pour la théorie de la modernité est de penser une société ne reposant sur aucun ordre extérieur à l’être humain. C’est le refus de reconnaitre que la société est une institution divine et la volonté d’affirmer que la société est au contraire, une institution humaine. Le principe d’émergence de la société est désormais situé dans la volonté d’individus libres. C’est à partir de l’individu et de sa nature qu’il faut débuté la réflexion pour résoudre le problème de l’institution de la société.
- Etat de nature et contrat social
De grandes idées structurent l’école du droit naturel moderne :
- L’idée d’état naturel : il correspond à l’hypothèse d’un état pré-politique. Il caractérise la condition des êtres humains en dehors de l’existence d’un pouvoir politique. Cet état de nature ne correspond pas à un moment donné de l’histoire de l’humanité mais il consiste en une situation théorique des comportements humains lorsque l’état n’existe pas (soit pas créé, soit il a été détruit). L’état de nature réveille les rapports naturels qu’entretiennent les individus entre eux.
- Le contrat social : c’est un engagement volontaire et mutuel des individus à transférer une partie des droits qu’ils détiennent dans l’état de nature à un individu ou à un conseil (c'est-à-dire à un ensemble des individus) et ceci dans l’intérêt commun.
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CHAPITRE 2 : LA PENSEE ECONOMIQUE DE HOBBES[pic 5]
Introduction : Thomas Hobbes (1588-1679) est un auteur anglais connu pour ces travaux en philosophie politique. Son premier ouvrage s’intitule « Du citoyen », un autre « Léviathan ». Ces ouvrages seront nos références tout au long de ce chapitre.
- Individu et raison
Hobbes considère son ouvrage Du citoyen comme le premier ouvrage de philosophie politique. Il reproche à ses prédécesseurs soit d’avoir imaginé des systèmes politiques utopiques soit de traiter la question politique comme une question de pratique. Or dans l’esprit de Hobbes, la question de l’institution de la société doit être envisagée comme une question théorique.
Hobbes écrit « je ne parle pas des hommes mais dans l’abstrait du siège du pouvoir » extrait Du citoyen. Ce qui motive Hobbes se sont les raisons de principes du pouvoir politique qui permettent d’établir la politique au rang d’une science. C’est la volonté de suivre ce qui se fait dans d’autres domaines. De plus la guerre civile qui ébranla les structures politiques anglaises du 17ème siècle a confirmé Hobbes dans l’idée qu’il était nécessaire de fonder théoriquement le pouvoir politique.
Le refus d’apporter la question du pouvoir par des causes factuelles et historiques implique au contraire de passer du récit à la déduction de circonstances particulières à des règles universelles, autrement dit de passer de l’histoire à la philosophie.
La mutation intellectuelle proposée par Hobbes s’accompagne d’une réflexion sur l’être humain et notamment sur le statut de la raison. Dans la mesure où pour Hobbes d’une part la société civile est une invention humaine et d’autre part est l’objet d’une nouvelle science, il est nécessaire de rechercher ce qui est universel dans l’être humain.
Il s’agit de mettre en évidence
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