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Vers une communauté asiatique ?

Par   •  17 Août 2018  •  7 121 Mots (29 Pages)  •  488 Vues

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- Un espace aussi fragmenté d’un point de vue religieux[5] :

Cet espace est également très fragmenté si l’on se place dans une perspective religieuse. On y trouve ainsi l’hindouisme, témoin de l’ancienne influence de l’Inde dans le sud-est asiatique. On en trouve ainsi en Birmanie, en Malaisie (presque 500 000 pratiquants), ou encore sur l’île de Bali où il représente plus d’un million de personnes. Le shintoïsme, au Japon, compte plus de 36 millions de membres. Le confucianisme, qui est plus une philosophie ou une morale, possède une grande influence en Chine, au Japon, en Corée et au Vietnam. Le christianisme est surtout présent en Asie du sud- est, notamment en Indonésie où il représente presque 10% de la population, et surtout aux Philippines où il représente plus de 90% de la population. L’Islam possède une présence importante en Asie du sud-est également. C’est en effet en Indonésie que l’on trouve la communauté musulmane la plus importante au monde : plus de 195 millions de membres, soit près de 88% de la population[6]. Il est aussi très présent à Brunei, 67% de la population étant musulmane, ou encore en Malaisie où 59% de la population l’est également. Le taoïsme, qui est à la fois une philosophie et une religion, compte plus de 57 millions de croyants en Chine. Le bouddhisme est présent dans toute la zone et prend différentes formes : le Theravâda, florissant au Sri Lanka, en Thaïlande et en Birmanie, le bouddhisme tibétain, le Zen au Japon, ou encore l’amidisme n’en sont que quelques exemples.

- Un ensemble historiquement divisé

- L’exemple de la péninsule coréenne :

L’Asie Orientale est un espace qui a connu au cours de l’Histoire de nombreux conflits, de nombreuses rivalités. Or il faut étudier ces conflits, souvent bien enracinés, pour comprendre les tensions qui existent entre les pays d’Asie Orientale et qui sont bien souvent un frein important à l’établissement d’une réelle communauté asiatique.

Ainsi, si l’on considère la péninsule coréenne, qui est aujourd’hui au centre de préoccupations internationales, celle-ci a historiquement été un enjeux dans la région. Dès le XIIe siècle, le royaume de Koryo subissait la pression de la Chine de la dynastie des Jin. En 1231, les mongols envahirent la péninsule, et le royaume de Koryo fut conquis en 1259. En avril 1592, le Shogun Toyotomi Hideyoshi, qui avait décidé d'attaquer la Chine et de faire passer ses troupes par la Corée, envahit la péninsule. Les japonais furent repoussés grâce à l’aide de la dynastie chinoise des Ming et à l’habilité de l’amiral Yi Sunshin, véritable figure nationale encore aujourd’hui. Les japonais renouvelèrent leur tentative en 1597, mais furent définitivement refoulés en 1598 par les armées coréennes et chinoises. Mais en 1636, ce furent les chinois (dynastie des Qing) qui envahirent la Corée, celle-ci devenant vassale de la Chine en 1637. Au XIXe siècle, par un jeu diplomatique habile, le japon affaiblit les liens traditionnels de la Corée avec la Chine. La victoire du Japon sur la Chine (1895) et sur la Russie (1905) permit l'annexion officielle de la Corée par le Japon en 1910. Ainsi, l’on s’aperçoit que l’importance de la Corée dans la région et les tensions en Asie du Nord-Est sont bien antérieures à la partition de la Corée ou même à l’occupation japonaise.

- L’exemple de la péninsule indochinoise :

De même, l’intervention de l’armée populaire vietnamienne au Cambodge en 1979 doit être resituée dans une perspective historique : les interventions du Vietnam dans les affaires cambodgiennes ont été nombreuses au cours de l’histoire. En 1771, les vietnamiens imposent leur protectorat sur le Cambodge. En 1775, le Cambodge passe sous la coupe du Siam, suite à un affaiblissement du Vietnam[7], mais dès 1802, le Vietnam retrouve sa force et le Cambodge repasse sous influence vietnamienne. Or entre 1834 et 1841, le Vietnam procède à une politique d'annexion totale du Cambodge, conduisant celui-ci à la révolte en 1845. Et si l’on remonte encore dans le temps, on retrouve, dès 1623, l’intervention du Vietnam dans les affaires cambodgiennes. Ainsi, lorsque Chey Chettha II, roi du Cambodge, essaya de se libérer de la suzeraineté siamoise grâce à l’aide des Empereurs vietnamiens Nguyên, il dû accepter de recevoir des colons vietnamiens sur le sol cambodgien et la présence d’un “régiment de sécurité” pour protéger ces nouveaux colons. En 1658, un corps expéditionnaire vietnamien intervint dans les luttes pour le trône khmer, et en 1660, le Cambodge commença à payer un tribut de vassalité au Vietnam. L’État khmer, fut alors divisé en trois « résidences » vietnamiennes. Les Vietnamiens procédèrent là encore à une véritable politique d’assimilation. Et là encore, les rivalités et les affrontements remontent à des périodes lointaines puisque dès le Xe et le XIe siècle la péninsule, dominée par l’Empire Khmer, connaît de multiples affrontements. Ainsi, l’Asie Orientale est un espace qui a connu de nombreuses rivalités et qui, historiquement, est un espace divisé.

L’idée de communauté asiatique pose donc problème, dans la mesure où cette zone est marquée par son hétérogénéité. D’ailleurs, il est intéressant de noter que le simple terme « Asie » a été importé de l’Occident et qu’il n’existe pas à l’origine dans les langues des pays de la zone. De même, l’idée d’ « Extrême-Orient » n’a de sens que dans une perspective occidentale. Expression politique issue de l’expansion coloniale, elle n’a pas de sens si l’on se place dans une perspective asiatique.

- Pour autant des volontés de s’orienter vers une communauté asiatique :

- Le point de départ : le dynamisme économique régional source de coopération économique : vers une communauté économique régionale ?

- Les trois phases du développement de l’Asie de l’Est :

Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’Asie orientale a connu un développement économique vigoureux et extrêmement rapide.

Le Japon, les « Dragons »[8] (Corée du sud, Singapour, Taiwan et Hong Kong) et la Chine en sont les illustrations les plus manifestes. Il convient d’en expliciter sommairement le déroulement car ce phénomène est à la base du processus de coopération économique à l’échelle de l’Asie orientale.

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