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Le revenu universel

Par   •  12 Septembre 2018  •  2 103 Mots (9 Pages)  •  352 Vues

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Selon les partisans de l'allocation universelle, la société aurait tout intérêt à parier sur la participation des individus à son progrès en leur libérant du temps pour leurs activités personnelles et en leur garantissant les moyens de subsister, considérant que l'activité salariée n'est pas la seule à contribuer au progrès de la société. Certains partisans ajoutent que dans l'histoire de l'humanité, on n'a quasiment jamais vu de grands groupes d'êtres humains totalement inactifs.

- Une thèse libérale pour d’autres

Mais l’idée d’un revenu pour tous n’est pas qu’une possibilité d’avancée sociale. Récupérée par les libéraux, ce projet serait favorable à l’uberisation et à la flexibilisation du marché du travail ainsi qu’à une conservation de la valeur travail (alors qu’elle tendrait à être remise en cause dans la thèse sociale). Principalement basé sur la différence du montant, qui serait plutôt autour de quelques centaines d’euros, toujours sous le seuil de pauvreté, ce revenu de base ne permettrait pas de réintroduire la négociation entre salarié et entrepreneur et n’agirait alors que comme une subvention aux entreprises. Ces dernières seraient alors libres de précariser encore plus les niveaux de salaires en se justifiant avec ledit revenu.

De plus, on peut considérer que des fragments du revenu garanti sont déjà versés aujourd’hui, partiellement et sous condition, sous la forme de prestations sociales, de subventions diverses ou de bourses. Cette idée a ravivé chez beaucoup la peur d’un « cheval de Troie néolibéral » : l’allocation à tous d’une somme forfaitaire, insuffisante pour donner une réelle marge de manœuvre face à un employeur, et qui servirait de prétexte à la casse de toute la protection sociale existante ainsi que du droit du travail. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains libéraux se font les avocats du revenu garanti, le dernier allié en date étant M. Henri de Castries, ancien président d’Axa et soutien de M. François Fillon. Un représentant des assureurs privés : peut-être pas un hasard.

Cette destruction sera présentée bien évidemment comme un progrès, comme une plus grande liberté. Par exemple, on peut imaginer que le « consommateur » de soins de santé se verra confronté à la liberté de choisir, parmi une offre pléthorique en assurances, la façon dont il souhaite être couvert, l’équité étant garantie par le revenu universel et l’intérêt du consommateur par la concurrence. Alors que la création de la Sécu représentait un progrès au service de l’intérêt de la nation, le revenu universel est conçu pour répondre aux besoins d’une société, dans laquelle les acquis sociaux sont systématiquement attaqués pour les remplacer par la défense des intérêts particuliers.

Concernant le financement, le faire par une augmentation de la TVA est une autre option. Cela implique un système fiscal réformé ne reposant plus que sur l’impôt à la consommation. Cette possibilité présente plusieurs avantages. D’abord, puisque tout le monde est consommateur, tout le monde s’acquitte de cette taxe. Or plus l’assiette est large, plus les taux appliqués peuvent être modérés. Ensuite, la TVA, directement intégrée dans les prix, est moins perçue par les contribuables que des taxes ciblées ou des prélèvements opérés après avis d’imposition. Par ailleurs, dans l’optique d’un impôt unique sur la consommation, le risque de fraude fiscale serait limité et ne concernerait que le marché noir. Enfin, la combinaison d’une taxe proportionnelle — la TVA — et d’une prestation forfaitaire — le revenu de base — équivaudrait à la mise en place d’un impôt progressif, donc redistributif. Alors que l’on reproche souvent à la TVA son caractère inégalitaire et régressif

Un tel mode de financement soulève malgré tout certaines questions. D’un point de vue technique, on peut craindre qu’une hausse de la TVA ne vienne compliquer la lutte contre la pauvreté en entraînant une augmentation des prix. Le revenu inconditionnel sera-t-il encore suffisant une fois que les prix auront augmenté ? Et, si les prix n’augmentent pas, les entreprises pourraient essayer de compenser la hausse de la TVA par une baisse équivalente des salaires.

- Cas particulier : Le salaire à vie

On peut imaginer une hausse de l’impôt sur les sociétés, mais on peut surtout s’intéresser à la hausse des cotisations sociales proposée par Bernard Friot. Dans son optique, il s’agit d’instaurer un « salaire à vie », et non un revenu inconditionnel. Remettant en question, la propriété privée lucrative, Friot propose de réaffecter presque intégralement la richesse produite par les entreprises — qui deviendraient alors « sans but lucratif » — à des caisses de cotisations permettant de financer, d’une part, un salaire à vie et, d’autre part, de l’investissement mutualisé.

Cette perspective va à rebours de la tendance actuelle qui voit les rémunérations du capital rogner peu à peu celles du travail. Elle s’accompagne enfin d’une gestion paritaire des cotisations échappant partiellement au contrôle de l’Etat.

Son système, après socialisation de la production du capital, permettrait de distribuer des salaires aux gens dès 18 ans de 1500€ jusqu’à 6000€ uniquement en fonction de sa qualification et des concours que l’on a passés (un peu à l’image de la fonction publique actuelle). Entre les cotisations dites «patronales» et «salariales», près de la moitié de notre salaire est aujourd’hui socialisé et permet de financer la sécurité sociale et les minimas sociaux. Bernard Friot propose donc de prolonger cette conquête et de socialiser 100% du salaire. Ainsi, une entreprise ne paierait plus de salaires mais verserait de l'argent directement dans une caisse dédiée qui serait, elle, chargée de rémunérer les salariés en fonction de leur qualification, qu'ils soient ou non en poste chez elle.

Mais Bernard Friot ne s'arrête pas là : il propose que toute la valeur ajoutée de l'entreprise soit socialisée et que le profit soit donc supprimé. L'argent ainsi collecté servirait à payer les salaires mais aussi l'investissement des entreprises et la Sécurité sociale. Avec cette méthode, il estime que la part du PIB consacrée à l'investissement pourrait passer à 30%, contre 20% aujourd'hui.

Pour mener à bien cette révolution, Bernard Friot s'appuie donc sur deux piliers, la cotisation et la qualification.

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