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La France peut-elle encore agir pour améliorer sa compétitivité internationale ?

Par   •  27 Mai 2018  •  5 166 Mots (21 Pages)  •  455 Vues

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En termes de nombre d’entreprises exportatrices, on en compte 90 000 en France contre 364 000 en Allemagne. Le solde de la balance commerciale est passé d’un excédent de 3,5 milliards d’euros en 2002 à un déficit de 53,8 milliards d’euros en 2014. Aussi, la part de marché de la France dans les exportations mondiales n’a cessé de diminuer ne représentant que 3,5% en 2013.

Si on regarde du côté de la productivité horaire, le résultat est surprenant puisqu’on constate que la France a relativement mieux résisté à la crise que ses partenaires européens. Sa productivité horaire compte parmi les plus élevées des pays de l’OCDE mais la productivité du travail a faiblement augmenté au cours des dernières décennies. Cela tient avant tout à une insuffisance des gains de productivité multifactorielle qui ont été modestes par rapport aux autres pays de l’OCDE. Logiquement donc, l’insuffisance des gains de productivité se reflète dans la détérioration de la compétitivité du secteur productif français.

- Une compétitivité-prix en berne

Au-delà de ces indicateurs, il faut s’intéresser à la structure de l’industrie française. Une industrie qui n’a pas une spécialisation internationale sectorielle très différente de celle de l’Allemagne. Hormis certaines niches, elle est plutôt positionnée, à la différence de son concurrent allemand sur le milieu de gamme en matière de qualité et d’innovation. Elle a peu de facteurs différenciant et elle est de fait très exposée à la concurrence par les prix. Cette exposition n’est pas sans conséquence sur la compétitivité-prix de l’industrie française. En effet, on observe en France une progression des salaires plus rapide que celle de la productivité, qui se traduit concrètement par une croissance relativement soutenue des coûts salariaux unitaires. Cette croissance des coûts salariaux unitaires en France détériore donc considérablement la compétitivité-prix française.

L’industrie française évolue également dans un environnement international particulier où elle se retrouve prise en étau entre :

- D’une part, l’industrie allemande positionnée sur un segment de gamme supérieur et qui, de ce fait, est moins sensible au facteur prix. Déjà protégée par le niveau de gamme de ses productions, l’Allemagne a fait des efforts significatifs sur les coûts, notamment par le transfert d’une partie des charges sociales sur la fiscalité et une politique de modération salariale. Cela a permis à l’industrie allemande de conforter ses marges, d’accroître ses investissements et ainsi son avantage comparatif

- D’autre part, à l’autre extrémité, des pays émergents, mais aussi certains pays d’Europe du Sud ou de l’Est, qui bénéficient de coûts unitaires de production plus faibles que l’industrie française. Ceux-ci leur permettent de renforcer leur compétitivité-prix et/ou d’investir pour à leur tour afin de monter progressivement en gamme.

Pour bien comprendre l’étau dans lequel la France est aujourd’hui enserrée, il est intéressant de comprendre la stratégie allemande en matière de commerce extérieur. Pour restaurer une compétitivité érodée, l’Allemagne a réactivé la désinflation compétitive au sein de la zone euro. Privée de l’instrument du taux de change, l’Allemagne s’est distinguée de ses partenaires européens en choisissant d’adosser sa croissance à son commerce extérieur via une stratégie de maîtrise des coûts. Cette réorientation s’est appuyée sur des réformes du marché du travail et sur le développement de la sous-traitance d’une partie du processus de production dans des pays à moindre coût, notamment dans les pays d’Europe centrale et orientale. Les réformes du marché du travail étaient amorcées dès 1999, avec des exonérations d’impôts favorisant le développement d’emplois précaires et à temps partiel. Elles ont été accompagnées d’accords négociés entre syndicats et patronat visant à limiter la progression des salaires. Cette politique de baisse des coûts salariaux s’est accélérée en 2002, par le biais d’accords de branches dans un premier temps, puis par les mesures contenues dans les réformes Hartz du marché du travail adopté en 2003. Enfin, en 2007, l’Allemagne augmentait son taux de TVA de 3 points, réduisant dans le même temps les cotisations sociales. Si cette stratégie est favorable à l’Allemagne, elle est à somme négative pour la zone euro, par ses effets défavorables sur la demande globale.

Confrontée à cette double et grandissante concurrence de l’Allemagne et des pays émergents, l’industrie française a été conduite à préserver sa compétitivité-prix au détriment de sa compétitivité hors-prix : afin de conserver des prix compétitifs, les industries françaises ont été contraintes de rogner sur leurs marges, qui ont baissé de 32,4% à 29,7 % entre 2006 et 2015, alors qu’elles progressaient en Allemagne. Cette évolution a eu pour conséquence de dégrader leur taux d’autofinancement (64 % en France en 2012 contre 85 % en 2000 et près de 100 % en moyenne dans la zone euro). La productivité globale des facteurs n’a pas progressé en France au cours de la dernière décennie du fait de l’insuffisance d’investissements de productivité et d’innovation dans le processus de production. Pour les mêmes raisons, les entreprises françaises ont perdu du terrain sur les facteurs « hors prix » – innovation, qualité, service – par rapport aux meilleures industries européennes.

La détérioration de la compétitivité et des performances exportatrices françaises ne résulte pas seulement du coût du travail. Il faut également regarder les causes plus structurelles d’une compétitivité en berne qui sont à rechercher dans l’investissement productif et dans les dépenses d’innovation.

- Un investissement productif mal orienté et de faibles dépenses d’innovation : les causes structurelles d’une compétitivité en berne

- L’investissement productif est quantitativement adapté mais qualitativement mal orienté : des flux de financements pas assez orientés vers le tissu industriel

Lorsqu’on compare le taux d’investissement productif de la France avec celui des autres pays, on se rend compte qu’il est similaire voir supérieur à celui de la plupart des économies développées (voir tableau du rapport CAE). Cependant, on constate que pour les petites entreprises, la France est en retard par rapport à d’autres pays comme l’Allemagne ou l’Italie (voir tableau),

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