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Déficite sécuritéraire en Afrique de l'Ouest

Par   •  13 Juin 2018  •  2 176 Mots (9 Pages)  •  600 Vues

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Facteurs des conflits :

Bien qu’ils soient généralement interdépendants, on peut distinguer les conflits liés à des tensions internes ou externes aux pays et ceux résultant de la faiblesse de l’État. Aujourd’hui, les nouveaux facteurs de tensions en Afrique de l’Ouest sont principalement liés au trafic, à la piraterie maritime et à l’intégrisme religieux précédemment évoqués. Viennent s’ajouter à cela, une jeunesse qui se sent exclue, l’augmentation des flux migratoires, les déséquilibres régionaux, la croissance rapide du secteur extractif et la lutte pour la possession des minerais. La défaillance de l’État s’observe particulièrement au niveau des institutions politiques, de la sûreté publique et de la gestion du régime foncier.

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Les nouvelles menaces :

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Trafic, piraterie maritime, extrémisme religieux :

Au cours des dix dernières années, l’Afrique de l’Ouest est devenue une plaque tournante du trafic de stupéfiants entre l’Amérique latine et l’Europe, du fait de son emplacement à mi-chemin entre les nations andines productrices et le marché́ européen. Ce trafic a de nombreux effets insidieux, entre autres parce qu’il finance les groupes rebelles et mouvements extrémistes. Il crée des clivages au sein des élites qui se font concurrence pour bénéficier des rentes liées au commerce de la drogue. Il fragilise aussi les institutions et la gouvernance, puisque les réseaux criminels tirent profit de la fragilité́ des institutions politique de certains pays de la sous-région. Pour gagner un rôle politique ou utiliser les élites locales à leur profit, ces réseaux font usage de la violence ou nouent des relations clientélistes, comme on l’a constaté en Guinée-Bissau et au Mali. En 2011, vingt-et-une tonnes de cocaïne, soit 17% de la quantité totale consommée en Europe, ont traversés la région et rapporté 1,7 milliard de dollars américains. L’Afrique de l’Ouest n’est plus seulement une voie de passage, mais semble avoir commencé́ à produire des stupéfiants. Elle risque aussi de voir apparaître un marché́ local de la drogue et des gangs criminels liées à̀ ce commerce.

La facilité pour se procurer des armes légères, le chômage important et le faible pouvoir d’achat constituant un terreau favorable. La piraterie maritime s’est également intensifiée dans la région, en particulier dans le golfe de Guinée, ce qui risque de déstabiliser les Etats côtiers et de fragiliser le développement économique. Ces zones maritimes ont une importance géostratégique et économique, notamment avec les découvertes récentes de gisements d’hydrocarbures au large des Cote du golfe de Guinée. Mais la faiblesse de la gestion des espaces maritimes et le manque de coopération entre les Etats ont permis à̀ la piraterie de prospérer.

La radicalisation religieuse constitue également une grave menace pour la stabilité́ de la région. Elle se manifeste notamment au travers de l’émergence de mouvances extrémistes comme Ansar Dine et le Mouvement pour l’unicité́ et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) au Sahel. Elle prend aussi la forme d’exactions de plus en plus violentes commises par Boko Haram au Nigéria. Ces mouvements islamistes militants d’Afrique de l’Ouest ont reçu un soutien extérieur et ont été influencés par les doctrines religieuses issues du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud. Toutefois, il a été́ amplement démontré que ces groupes trouvent leurs origines dans la région et adoptent des méthodes qui leur sont propres. Ils sont le produit d’un ensemble de facteurs, notamment d’une gouvernance faible, de la corruption, de l’impunité́, du sous-développement ainsi que d’une crise intergénérationnelle. Cette évolution est particulièrement préoccupante, car l’Islam a de tout temps été́ très tolérant en Afrique de l’Ouest du fait de la forte présence de grandes congrégations soufies, comme les traditions Qadiriyya et Tijaniyya.

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Intégration des Jeunes : Atout ou danger ?

Depuis les indépendances, les jeunes ont joué un rôle central dans la majorité́ des conflits et des violences qui se sont produits en Afrique de l’Ouest. Cela a été le cas des guerres civiles au Libéria et en Sierra Leone, des violences commises au Nigéria depuis 1999, des rebellions touarègues au Niger et au Mali, ou encore des violences urbaines et politiques. De nombreux facteurs expliquent ce phénomène : le ressentiment accumulé envers des Etats corrompus qui régentent l’économie et n’offrent aucune perspective aux jeunes ; un sentiment de frustration et d’exclusion ; l’instrumentalisation des jeunes par les élites, et une défiance intergénérationnelle croissante. L’augmentation rapide du nombre de jeunes par rapport au reste de la population pourrait conduire à une explosion sociale dans la région.

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Déséquilibre régionaux :

Les fortes disparités régionales, ainsi que l’exclusion et la marginalisation de certains groupes sociaux ou religieux vivant dans des zones défavorisées, contribuent largement au déclenchement de la violence et des conflits dans la d’alimenter les conflits, lorsque les inégalités économiques et politiques vont de pair avec les différences culturelles.

Les inégalités horizontales ont exacerbé les insurrections au Mali, au Niger et en Casamance ainsi que les violences à̀ caractère ethnique ou identitaire en Côte d’Ivoire. Ces sentiments d’inégalités territoriales et socioculturelles ont souvent conduit à des scissions régionales au sein des pays, entre les zones littorales et du sud (plus prospères) et les régions enclavées et septentrionales (plus pauvres).

Ce phénomène a été constaté au Nigéria, au Libéria, en Gambie, au Ghana, en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire. On observe la même chose entre le Nord (plus pauvre) et le Sud (plus prospère) du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

Bien que les inégalités horizontales accroissent le risque de conflits, elles ne les déclenchent pas automatiquement. La corrélation d’autres facteurs entraîne généralement des affrontements violents. La manière d’appréhender ces inégalités est donc déterminante pour limiter les risques de conflits. On peut citer à titre d’exemple, les politiques publiques

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