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CAS PriceMinister

Par   •  17 Janvier 2018  •  4 381 Mots (18 Pages)  •  436 Vues

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Publié le 17/06/2010

JDN. Vous venez de signer la vente de 100 % du capital de Priceminister au Japonais Rakuten. Quels sont les détails financiers de l'opération ?

Pierre Kosciusko-Morizet. La transaction avoisine les 200 millions d'euros, payés intégralement en cash. Comme toujours dans ce type d'opération, tous les actionnaires ont vendu leur parts : fondateurs (47 % du capital, ndlr), salariés (10 % environ), fonds et investisseurs privées (43 % environ).

Les multiples sont très bons, ils se situent dans la fourchette haute du marché. Tout-à-fait logique, puisque nous sommes devenus très rentables. Il y a deux ans, les multiples étaient plus élevés mais nous étions plus petits. Aujourd'hui les multiples sont plus bas mais nous avons beaucoup grossi. La valorisation de Priceminister ne relève pas de la spéculation, mais d'une forte croissance.

L'accord comprend-il une clause d'earn-out ? *

Les fondateurs s'engagent à rester cinq ans à la tête de Priceminister, donc il y a une rémunération en face.

(Cette clause permet de fractionner le prix en deux paiements. La première partie est payable au jour de la cession et la seconde sera payée plus tard (1,2 ou 3 ans après la cession) en fonction des performances enregistrées par l’entreprise. Ainsi, si les prévisions annoncées par le cédant se réalisent, ce dernier obtiendra le solde complet. Cette partie complémentaire et variable rassure le repreneur ainsi que ses financiers, et témoigne de la confiance du cédant dans le potentiel de son entreprise.)

Pourquoi cet engagement écrit à rester cinq ans ? Qui avait besoin de garanties ?

Rakuten n'a pas d'équipe en Europe aujourd'hui. Ils ont créé une activité juridique il y a deux ans, Rakuten Europe, dans laquelle il n'y a que nous. Ce rachat est leur manière de s'implanter et de se développer en Europe. Leur vision : devenir le premier e-commerçant au monde. Ils sont premiers au Japon, ont déjà posé des pions en Asie et aux Etats-Unis, mais ne sont pas encore présents ici. Ils pensent qu'avec leur aide, notre équipe peut beaucoup se développer en Europe. Nous conservons donc le même objectif qu'avant, avec des moyens plus importants.

Qu'est-ce qui va changer pour Priceminister ?

Appartenir un groupe aussi puissant et rentable va nous apporter une couche d'ambition supplémentaire. Rakuten n'est pas là pour faire de l'optimisation à trois mois, mais pour devenir leader... et nous faire devenir leaders. Cela nous libère aussi de la pression des actionnaires, qui veulent un jour vendre, l'autre entrer en bourse.

D'autre part, Rakuten, dont le chiffre d'affaires atteignait pas moins de 3,2 milliards de dollars en 2009, est le premier spécialiste mondial du BtoBtoC. Ce domaine ne représente aujourd'hui que 40 % de notre volume d'affaires, mais avant de signer, nous avions déjà beaucoup de projets dans ce domaine, car il est en pleine croissance. Avec l'expertise de Rakuten, nous allons pouvoir développer plus d'outils pour les vendeurs, avoir des relations commerciales plus suivies avec eux, apprendre à mieux développer leur chiffre d'affaires... A titre d'exemple, parmi les 33 000 vendeurs professionnels commercialisant leurs produits sur Rakuten, certains font plus de 1 million de dollars de chiffre d'affaires mensuel. C'est le cas par exemple d'un vendeur d'œufs frais !

La priorité de Rakuten va aussi être de développer votre activité dans le reste de l'Europe...

Nous allons effectivement bénéficier de plus de moyens pour cela, en particulier pour réaliser des acquisitions. Elles auront a priori lieu hors de France. C'était peut-être moins clair avant, mais désormais nous donnerons la priorité aux acquisitions dans de nouveaux pays plutôt que dans de nouveaux métiers en France. Avec son prisme résolument européen, il n'y a pas de pays sur le continent où Rakuten ne veuille pas aller. Et devenir numéro 1 dans le monde peut prendre plusieurs chemins. Si nous avons des idées de sociétés à racheter, il n'y aura donc pas de problème. Nos nouveaux moyens ouvrent d'ailleurs la voie à des acquisitions de sociétés plus importantes.

Avez-vous néanmoins des projets de diversification ?

Rakuten est comme nous une marketplace. Ils ont également un site de voyage leader au Japon, des participations dans des gros sites, une banque, des services d'assurance... Mon sentiment est qu'avoir une marketplace dans un pays, puis développer d'autres services qui viennent alimenter sa croissance, est une très bonne façon de procéder. C'est d'ailleurs bien par les marketplaces que Rakuten attaque le Web marchand mondial. En rachetant Buy.com aux Etats-Unis, en concluant une joint venture en Chine avec Baidu, en rachetant le leader des marketplaces en Thaïlande, en montant une joint venture en Indonésie sur une marketplace... Nous allons rester sur cette stratégie.

Vous avez toujours parlé de Priceminister comme d'une réussite française et, plus généralement, défendu les e-commerçants français. Les Français sont-ils vraiment trop petits pour résister à leurs concurrents étrangers ?

D'un point de vue business, nous avons démontré que nous pouvions rivaliser avec les sites étrangers. Par exemple, nous avons dépassé eBay en audience en mars, d'après Médiamétrie. Les plus grosses croissances du Web marchand en France sont Vente Privée et Priceminister : deux Français.

Du point de vue financier, c'est une autre affaire. Il est très difficile de trouver des liquidités pour les actionnaires français. En dépit de ce qu'ils disent, les investisseurs ne mettent pas leur argent dans l'e-commerce. Quand une société a besoin d'un événement de liquidité, elle peut aller en bourse, qui en France la valorisera très mal, ou se tourner vers l'industrie, mais peu de groupes sont prêts à payer un site 200 millions d'euros. Nous avons été contactés par beaucoup d'acteurs qui voulaient nous racheter et nous avons toujours trouvé les Français très frileux. Ils ne proposaient pas du tout les mêmes multiples. Les offres internationales n'étaient pas comparables. Il existe un vrai problème de sortie

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