Activité "pâte a billes" sous la pédagogie du libre agir, dossier à finalité éducative.
Par Orhan • 14 Novembre 2017 • 3 273 Mots (14 Pages) • 642 Vues
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Pour les plus grands, du mobilier en bois a été spécialement choisi afin de répondre aux besoins d’expériences motrices. Plusieurs modules sont disposés au centre de la pièce, ils permettent aux enfants de grimper, ramper, se mettre en équilibre, sauter… (voir annexe 1)
Il existe deux tailles de chaises, ainsi l’adulte pourra proposer à chaque enfant une chaise adaptée à sa taille, c’est-à-dire qu’il veillera à ce que les pieds de l’enfant touchent le sol.
Il m’a fallu une longue période d’observation pour comprendre comment aménager un espace permettant le libre agir. J’ai pu constater que lorsque cet espace est bien conçu et que les enfants sont en sécurité affective, ils jouent de longs moments seuls sous le regard de l’adulte qui intervient peu. Néanmoins, ce fonctionnement ne répond pas à tous les besoins de l’enfant qui est parfois en demande d’activités créatrices en particulier chez les plus grands. C’est ce que nous allons voir dans l’activité pâte à billes.
J’ai attendu d’avoir suffisamment intégré le projet pédagogique de la structure pour me mettre en jeu dans des actions éducatives, au départ, j’ai commencé par intervenir sur des actions du quotidien (aide à l’habillage, soins…) puis j’ai pu mettre en place des activités, dans le respect de la pédagogie du libre agir.
3 Activité Pâte à Billes
La pâte à billes s’apparente à de la pâte à modelée mais elle est composée de petites billes et sa texture est différente car elle colle davantage. (Annexe 2)
3.1 Pourquoi cette activité ?
Ce lundi, Tom (3 ans) me demande de sortir la pâte à billes. Il est 16h30 l’heure à laquelle son Papa vient le chercher. J’explique à Tom qu’il va bientôt partir, et je lui promets de mettre en place une activité pâte à billes le lendemain matin. J’ai remarqué que Tom réclame souvent la pâte à sel, à modeler ou à billes. Tom semble aimer faire de la manipulation, car il passe souvent de longs moments à découvrir ces textures, support de nouvelles expériences sensorielles.
« L’enfant est un être sensible, explorateur sensoriel insatiable, il s’essaye sans se lasser, en s’appuyant sur l’environnement que l’adulte lui propose. »[2] nous dit Christine Schull,.éducatrice de jeunes enfant et formatrice à l’université. C’est donc à moi, future EJE que revient la tâche de proposer à Tom un environnement adapté pour expérimenter et inventer grâce à l’outil Pate à bille. Cette activité manuelle participe à la construction harmonieuse de l’enfant car elle développe en lui sa créativité, en stimulant son appareil sensori-moteur. Myrriam David dira à ce sujet que « les activités motrices et manuelles sont à la source de toute une activité mentale qui se développe au même rythme que le développement sensori- moteur, qui en est le support, elles donnent lieu à des opérations « mentales », des pensées, des réflexions, précédées et suivies d’expérimentation, d’exploration. » [3].
Cette activité est un support qui offre la possibilité à l’enfant de fabriquer de ses propres mains. En créant l’enfant prendre conscience qu’il existe vraiment et qu’il peut agir sur le monde.
Dans son ouvrage « jeu et réalité » Winnicott parle « de pulsions créatives » : « il faut donner une chance à l'expérience informe, aux pulsions créatives, motrices et sensorielles de se manifester; elles sont la trame du jeu. »[4] L’activité pâte à billes prend ici tout son sens, elle apparaît alors comme un outil qui permettrait aux pulsions de l’enfant de s’exprimer et donc à l’enfant d’exister.
3.2 Mise en place
Le lendemain dès mon arrivée j’installe l’activité dans l’espace repas. Cet espace est celui qui est utilisé habituellement pour les activités manuelles, il comporte une grande table et est isolé du reste de la pièce. Afin de respecter les repères et les habitudes, j’ai choisi de conserver ce lieu. Je dispose donc quatre boules de pâte sur la table, et quatre petites chaises autour de la table, les enfants qui le souhaitent pourront s’asseoir, mais la table est grande, ils auront aussi la possibilité de rester debout. Cette disposition permet de prendre en compte les envies et les besoins de chaque enfant, qui reste ainsi libre dans ces mouvements.
Afin de respecter le libre agir de chacun, cette activité n’est pas dirigée, il n’y a donc aucune consigne. J’invite les enfants qui le souhaitent à prendre part à l’activité. Je limite l’accès à quatre enfants simultanément, au fur et à mesure qu’une place se libère, elle pourra être remplacée par un autre enfant, chacun étant libre d’y participer le temps qu’il le souhaite. Je pose deux interdits, le premier est que l’activité doit se dérouler dans l’espace repas qui est clairement identifié par les enfants afin de ne pas éparpiller de la pâte à billes partout dans la crèche. Le deuxième est de ne pas mettre de pâte à billes dans la bouche, je leur explique qu’il ne faut pas en manger car elle n’est pas comestible.
- Déroulement :
Je me place près d’eux, la présence physique d’un adulte est nécessaire pour apporter de la sécurité physique et affective. Je regarde intensément ce qu’ils font, les enfants se sentent ainsi accompagnés et soutenus dans leurs expérimentations. Parfois l’un d’entre eux lève la tête, et me regarde d’un air interrogateur, il semble attendre mon accord pour poursuivre ce qu’il fait, je réponds alors d’un sourire qui sert d’approbation. Les enfants, malaxent, étalent, déchirent, ramassent…Mais aussi, ils enroulent autour du doigt, frottent sur la joue, collent sur le front … Les enfants semblent expérimenter le toucher, en découvrant les sensations que cette texture procure sur la peau à différents endroits du corps.
Malgré l’interdit, certains enfants paraissent vouloir explorer également le goût. Eliséa 18 mois, prend un petit morceau de pâte et le porte rapidement à sa bouche, son geste semble pulsionnel, il peut s’expliquer par le fait qu’Eliséa est toujours dans le stade de l’oralité, tel que le décrit Freud[5], qui consiste à trouver du plaisir dans la succion. Je distingue son comportement de celui de Noah, 3 ans, qui rassemble sa pâte en une grosse boule et la lèche. Noah a probablement
voulu voir si cette pâte avait un goût particulier, ou peut-être a-t ’il imaginé qu’il s’agissait d’une glace
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