Politiques industrielles des pays développés face à la crise
Par Matt • 19 Novembre 2017 • 2 399 Mots (10 Pages) • 739 Vues
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Aujourd’hui, la politique industrielle est tournée vers le projet « Industrie du Futur ». Ce projet vise à moderniser l'outil industriel et à transformer son modèle économique par le numérique.
Le projet Industrie du Futur, lancé par le président de la République le 14 avril 2015, va jouer un rôle central dans la démarche de la seconde phase de la Nouvelle France Industrielle avec pour objectif d’amener chaque entreprise à franchir un pas sur la voie de la modernisation de son outil industriel et de la transformation de son modèle économique par le numérique.
Il s’agit également d’accompagner les entreprises dans la transformation de leurs modèles d’affaires, de leurs organisations, de leurs modes de conception et de commercialisation, dans un monde où les outils numériques font tomber la cloison entre industrie et services.
- Le cas de l’Allemagne
Pays le plus industrialisé d’Europe, l’Allemagne dispose d’un socle important d’entreprises innovantes. Si l’innovation contribue au renforcement de la puissance des entreprises, elle est également la source des évolutions de l’industrie allemande. Malgré une crise économique majeure et plusieurs renouvellements politiques, tant au niveau fédéral que régional, les Allemands ont su préserver la stabilité des objectifs et la continuité dans l’action, ce qui a permis d’atteindre des résultats significatifs. L'industrie est non seulement une réalité, mais constitue la base même du tissu économique comme de la compétitivité actuelle de l'Allemagne. Ce secteur est certes soumis depuis les années 90 à de fortes contraintes qui, sous l'effet conjugué de la globalisation et de l'extension du marché communautaire, se font sentir à travers les délocalisations et une désindustrialisation relative, liée à une rationalisation permanente des structures de production. Certes, la part de l'emploi industriel est tombée en dessous de 25 %, mais la moitié des emplois tertiaires est directement liée aux activités manufacturières, la forte tertiarisation de l'économie allemande (les services représentent 70 % de l'activité, comme en France) étant en grande partie générée par la dynamique de l'industrie.
Dans la perspective allemande, l'industrie n'a pas besoin d'être protégée ni redynamisée ; en revanche, elle ne peut continuer à prospérer et s'épanouir que dans un « cadre adéquat ». Celui-ci comprend le régime fiscal, celui de la protection sociale, la réglementation du travail, la qualité du système de formation ou d'innovation et jusqu'aux politiques d'infrastructures et d'aménagement du territoire qui sont la condition de la mobilité des biens, des services et des personnes. Si le terme de « Industriepolitik » a fait son entrée dans le langage officiel, il s'agit d'une «mission transversale qui poursuit l'objectif de préserver durablement la compétitivité de la production comme de l'emploi industriels directs et indirects, en Allemagne et en Europe », comme l'explique le ministère fédéral de l'économie dans son rapport mensuel de janvier 2008. La ligne du ministère et plus généralement, de tous les gouvernements (Fédération et Länder) se résume par :« nous entendons par politique industrielle une politique de compétitivité du site industriel » qu'est l'Allemagne. Le nouveau gouvernement adopte des mesures de relance de façon à doper la demande intérieure et de moins dépendre des exportations.
Des réformes pour dynamiser l’innovation :
Pour favoriser l’innovation, l’Allemagne a lancé, en 2005-2006, trois réformes majeures qu’elle a reconduites en 2011 : la stratégie High Tech, l’initiative d’excellence et le pacte pour la recherche et l’innovation.
• Un modèle allemand? Le triomphe d’une politique industrielle axée sur les PME
La France a perdu la bataille industrielle avec l’Allemagne depuis des lustres. Mais l’écart entre les entreprises des deux rives du Rhin ne cesse de se creuser.
C’est un rapport livré en début d’année au ministère de l’Economie par l’institut « Rexecode » qui le dit, pointant «une véritable rupture de compétitivité intervenue il y a dix ans». Le constat est implacable : «La valeur ajoutée créée par l’industrie implantée sur notre territoire représentait 50% de la valeur ajoutée créée sur le territoire allemand en 2000. Ce poids a diminué à 40%.»
En cause, la désindustrialisation qui a frappé l’Hexagone : en comparaison avec l’Allemagne, la France a perdu 13% de ses entreprises industrielles entre 2000 et 2007. Et le coût du travail y a augmenté. «Le prix moyen des exportations a progressé d’environ 8% de plus que le prix des exportations allemandes.» En clair, la France a perdu son seul avantage à l’export. Avec pour résultat un recul des commandes, des défaillances d’entreprises et des délocalisations .Au bout du compte, la perte de parts de marché à l’export face à l’Allemagne aurait entraîné un manque à gagner de 100 milliards d’euros pour la France.
Le déséquilibre franco-allemand ne date pas d’hier : à la fin du XIXe siècle, Krupp et Siemens étaient déjà plus puissants que Schneider ou Peugeot. Mais, contrairement à la France, l’Allemagne n’a pas tout misé sur ses titans industriels. Elle a tissé un puissant tissu d’entreprises moyennes, pariant sur la spécialité et la technologie que deux guerres mondiales n’ont pas réussi à détruire. L’Allemagne compte 1,6 fois plus de PME, qui emploient deux fois plus de salariés que l’Hexagone.
Pendant ce temps-là, la France, victime du syndrome Concorde, concentrait toute son innovation et ses forces industrielles sur ses grands projets régaliens : le nucléaire, l’armement, l’aéronautique… Gouffres financiers, les EPR, TGV et autres Rafale peinent à s’exporter quand l’Allemagne inonde le monde de ses berlines et machines-outils.
- Le cas des Etats-Unis
Pour le cas des états unis une politique industrielle lourde s’impose : 140 milliards de dollars annuels en équipements militaires, 100 milliards en aide directe à l'industrie; 50 milliards en politique industrielle régionale. Mais ces chiffres ne sont que l'addition de quelques dizaines de milliers de décisions atomisées. Le domaine d'application des aides publiques est large : transports, moyens d'information, sources d'énergie, capacité
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