Les origines de l’Etat-providence et la protection social en Europe
Par Andrea • 14 Mars 2018 • 2 951 Mots (12 Pages) • 792 Vues
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à la Sécurité sociale)
La logique historique d’une certaine aspiration à la démocratisation
Etat-providence comme étape ultime de la démocratisation
= l’origine de cette analyse peut se retrouver dans la théorie du sociologue anglais Thomas Humphrey Marshall dans une conférence datant de 1949. Il distingue en effet trois étapes de la citoyenneté : une citoyenneté civile, politique mais également sociale (cette dernière équivalent à une acquisition des droits sociaux sans laquelle il n’y aurait pas de démocratie)
civile = ensemble des droits fondamentaux garantissant la liberté et la dignité de l’Homme
politique = exercice de la souveraineté du citoyen à travers l’exercice du pouvoir de manière directe ou indirecte
sociale = cette citoyenneté sociale énonce qu’il n’y a pas de démocratie sans égalité sociale
Selon lui la pleine jouissance de cette citoyenneté ne s’effectue qu’après l’exercice de la citoyenneté social.
Gosta Esping-Andersen étaye cette conception
=> cette citoyenneté sociale
ne va pas sans l’octroi de droits sociaux
s’inscrit dans une certaine stratification sociale et donc dans un rapport de forces entre ces classes sociales
il ne faut pas raisonner seulement en termes de droits accordés, il faut tenir compte que l’Etat providence s’insère également dans les sphères du marché et familiale
La logique de tension entre acteurs sociaux et acteurs institutionnelles
L’action collective des acteurs sociaux
L’avancée des politiques sociales serait directement liée au degré d’organisation des salariés et explique par conséquent les configurations différentes d’Etats providence
sociologue Walter Korpi (The Democratic class struggle 1983)
Esping-Andersen (Politics against market, the social democratic road to power 1985)
-> toutefois Esping-Andersen nuance cela en ajoutant, en plus de cette capacité de la classe ouvrière à se mobiliser,
l’importance des alliances de classe (par exemple entre la paysannerie ou les classes moyennes salariées)
et les traits structurels et institutionnels sur lesquels s’est construite une société
L’analyse institutionnelle
Cette analyse institutionnelle provient d’un courant appelé le « néo-institutionnalisme » impulsé par un article écrit par les deux chercheurs en science politique March et Olsen datant de 1984 (et repris en 1989 dans leur ouvrage Rediscovering institutions : the organisational basis of politics) visant à rétablir le rôle essentiel des institutions car celle-ci s’incarnent en tant que cadre d’action des acteurs sociaux et elle possède donc un impact sur les résultats. Les institutions sont également mises en valeur car elles produisent du sens et la portée symbolique ainsi créée influencerait les conduites individuelles.
Une réflexion institutionnelle autour de l’Etat
Theda Skopol, une sociologue américaine souligne que l’Etat ne se contente pas de refléter les groupes sociaux, l’Etat a une influence majeure sur la mobilisation des acteurs sociaux
Par exemple
l’Etat joue donc un rôle essentiel dans la définition des politiques sociales
le degré de bureaucratisation et de centralisation détermine une certaine capacité à mettre en œuvre des politiques sociales
Etats forts / Etats faibles, certaines réflexion souligne la paradoxale faiblesse des Etats forts (paradoxale si l’on garde l’analyse weberienne de l’Etat bureaucratisé et donc capable de mettre en œuvre la politique sociale)
Ex = La France a produit un Etat fort et centralisé et a manifestement été en retard dans l’invention de politiques sociales. A contrario la Grande-Bretagne, caractéristique d’un Etat plus faible, a été en avance dans la mise en place d’une vaste protection sociale (cela commençant dès les Poor Laws entre le XVIème et le XIXème siècle)
Theda Skopol propose aussi d’étudier les différents degré de différentiation entre l’Etat et la société civile (l’indépendance de l’Etat par rapport à cette société civile productrice de pressions sociales contradictoires peut mener des politiques sociales cohérentes)
Une réflexion institutionnelle autour des institutions politiques
La forme de ces institutions et les règles du jeu politique joueraient un rôle sur les politiques sociales.
Elen Immergut, professeure en science politique, a par exemple produit une étude comparative (MMERGUT Ellen M., 1992, "The rules of the game : The Logic of Health policy-making in France, Switzerland and Sweden") concernant les politiques sociales de santé pour la Suède, la Suisse et la France et souligne le lien entre les différences de politiques sociales et les différences institutionnelles et des régimes politiques pour des pays économiquement similaires.
(EX = la Suède en fonctionnant sur une logique majoritaire a favorisé des groupements de classe sur une ligne de clivage capital/travail ; la Suisse permet par le référendum aux groupes d’intérêt d’exercer un véritable pouvoir de veto ; quant à la France, l’auteur souligne que la période de construction du système s’étant faite dans un système parlementaire instable a permis de donner un pouvoir particulier à un groupe d’intérêt petit mais puissant, la profession médicale)
Le dosage a différents degrés de ces facteurs ont pu résulter en une diversité des prémices de l’Etat-providence au sein de l’Europe.
Une diversité subséquente des prémices de l’Etat-providence en Europe
Cette diversité s’inscrit notamment dès la conceptualisation, de l’Etat-providence, par les différents pays d’Europe (A) et se matérialisera notamment lors des premières incarnations de l’Etat-providence selon différents
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