La notion de compétence selon ZARIFIAN
Par Junecooper • 7 Avril 2018 • 3 266 Mots (14 Pages) • 756 Vues
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scientifique, l’évaluation des compétences n’est pas sans poser maints problèmes. Un rapide parallèle étymologique avec le concept de « fonction » a l’intérêt de mettre en valeur comment les significations actuelles de la compétence se sont construites au fil des siècles. Un concept n’est jamais isolé, il s’inscrit dans des ensembles conceptuels et ceux-ci reflètent l’évolution des mœurs et de l’organisation sociale. Au XVIème siècle, la fonction est un « faire » à accomplir pour remplir un « rôle » (ensemble de missions copiées dans un rotulus, parchemin). La fonction évolue à la fin de celui-ci, en particulier dans les essais de Montaigne (1580), elle devient une des propriétés des organes qui contribuent à un même but. C’est au XVII et XVIIIème siècles, en particulier avec les travaux de Leibniz, qu’elle acquiert sa signification mathématique, celle de rapports fonctionnels entre des éléments. Au XIXème siècle, la fonction devient la profession contribuant à la vie sociale, de laquelle a été décliné le terme de « fonctionnaire ». Au XXème siècle, elle acquiert de nouvelles acceptions scientifiques, en particulier en linguistique où elle signifie la propriété logico-grammaticale des unités langagières, ou en sciences de l’éducation où elle qualifie les principaux « faire » professionnels.
CHAPITRE II : QUI EST PHILLIPE ZARIFIAN ?
Philippe Zarifian est un sociologue français née en 1947, il est professeur à l’université de Paris-Est -marne-la vallée dont il a créé et dirigé le département de sociologie. Il est directeur du master « management par la compétence et organisation », il est également directeur associé du cabinet conseil et recherche.
Les travaux de Philipe Zarifian porte sur la sociologie générale (sociologie de la modernité), sur la mondialité, la sociologie du travail et la sociologie des modèles d’organisation en développant de nouveaux concepts tel que : évènements, communauté d’action, modèle de la compétence etc…
Philipe Zarifian a écrit plusieurs ouvrages notamment « l’objectif compétence », « le modèle de la compétence », « compétence et stratégie d’entreprise »…
I) DEFINITION DE LA COMPETENCE SELON ZARIFIAN
Il n’existe pas de définition universelle, conventionnelle de la compétence ; elle varie d’un auteur à un autre.
Néanmoins Zarifian définit la notion compétence selon trois caractères : Une Attitude sociale, Approche cognitive et Existence collective.
une attitude sociale :
La compétence peut être définie comme une nouvelle attitude des salariés vis-à-vis du travail qu’ils ont à réaliser, et que nous définissons dans les termes suivants : c’est une attitude de prise d’initiative et de responsabilité sur la situation qu’ils affrontent, et dont ils ont la charge. Les deux mots, initiative et responsabilité, mots ayant un sens à la fois différent et complémentaire, sont essentiels. Initiative: c’est à eux-mêmes d’initier, de commencer quelque chose, de prendre l’initiative face à une situation, de créer quelque chose de nouveau dans le monde, que ce soit dans une relation de service face à un client, ou, dans un atelier, face à une machine qui tombe en panne. Se comporter avec compétence, c’est juger de la bonne initiative et la prendre de manière réussie. Responsabilité : c’est assumer les conséquences des initiatives que l’on prend en termes d’effets, par rapport aux enjeux qui entourent et structurent la situation, qui sont souvent des enjeux de réussite de l’action (et des enjeux économiques pour l’entreprise qui emploie le salarié), face à un client ou face à une panne par exemple. Mais la responsabilité possède une signification encore plus large : elle consiste à assumer la situation elle-même, et se situe souvent en amont, et non seulement en aval, des initiatives : c’est parce que la personne se sent responsable de la situation qu’elle a en charge, qu’elle vise à prendre les initiatives pertinentes. Cette attitude constitue l’élément de base de la compétence et se trouve en claire rupture avec le taylorisme ou les comportements bureaucratiques.
Une approche cognitive :
La compétence peut être définie comme l’intelligence pratique que les gens développent en situation de travail. Par "intelligence pratique", nous entendons certes la compréhension de la situation : ses constituants, ses enjeux, le système de relations avec les autres personnes, mais une compréhension orientée vers l’action, et c’est pourquoi nous parlons d’intelligence pratique. Comprendre, c’est "prendre avec soi", c’est faire intellectuellement sien la situation qu’on affronte, et en particulier les comportements possibles des autres humains, et celui du système technique. Cette caractéristique n’est pas du tout en opposition avec l’apprentissage scolaire ou universitaire, mais elle montre que, dans la compétence, il y a toujours quelque chose de plus et d’autre qu’une simple application de connaissances. Il y a quelque chose de plus que la détention d’un diplôme. Il y a toute une expérience que l’on mobilise, et toute une somme de connaissances, explicites et tacites, que l’on transforme, qui fait que l’on comprend une situation pour en dégager sa transformation réussie possible.
Une existence collective :
Dans cette rubrique Phillippe Zarifian met en exergue l’importance du travail en équipe.
Dès que la situation possède une certaine surface, une certaine dimension et complexité, et dès qu’elle suppose un chaînage d’actions, apparaît, non pas une compétence collective, mais une composition de compétences au sein d’une communauté d’action. Chaque individualité possède des compétences et une amplitude d’action possible qui sont toujours limitées. La plupart des situations font appel à un ensemble de compétences qui sont amenées à se composer entre elles.
II/ APPORT DU MODELE
Application du modèle dans l’organisation
Zarifian propose une démarche de mise en œuvre du modèle de la compétence. Plusieurs conditions doivent être réunies.
La première est de s’entendre sur une définition consensuelle et unifiant de la compétence au sein de l’organisation, qui est assimilée à une philosophie contextualisée d’une démarche
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