Corrigé, les enjeux de la baisse du prix du pétrole
Par Junecooper • 2 Septembre 2018 • 2 118 Mots (9 Pages) • 620 Vues
...
B. Les pays exportateurs
Pour les pays exportateurs de pétrole, les faibles cours entrainent une baisse des recettes, et une croissance ralentie. l’Arabie Saoudite devrait voir sa croissance limitée à 1,2% en 2016, contre 3,4% en 2015. L'Arabie Saoudite est engagée dans une guerre des prix contre le pétrole de schiste américain dont le boom menace les parts de marché des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Lecartel a tenté de freiner les ambitions de ses concurrents et de défendre ses parts de marché en maintenant ses quotas de production, quitte à accroître la surabondance de pétrole.
Tous les membres de l’OPEP sont dans l’obligation de prendre des mesures sans précédent, tels que des hausses de TVA sur les produits pétroliers, des réductions de subventions et des mesures visant à créer des emplois dans le secteur privé. Ces dernières permettent de réduire les dépenses publiques tout en diversifiant l’économie, une stratégie indispensable pour réduire la dépendance aux matières premières.
Face à l’augmentation de la production de certains pays et notamment des États-Unis, les pays de l’OPEP et particulièrement l’Arabie Saoudite, ont décidé de ne pas réduire leur production afin d’engager une guerre des prix. Compte tenu de leur coût faible d’exploitation leur rentabilité va rester intacte, mais menace, par contre, celle de certains producteurs. C’est ainsi que les prix bas ont provoqué la fermeture de certains puits aux États-Unis et réduit le montant des investissements. Cette tendance risque de se poursuivre car les stocks de pétrole sont au plus haut et l’Irak et l’Iran reviennent sur le marché des producteurs de pétrole.
Au Venezuela (recul du PIB de 6% en 2015 et 8% attendus en 2016 par le FMI). Caracas est frappé de plein fouet par la chute des cours. Le pays tire 96 % de ses revenus à l'exportation du pétrole, qui fournit les deux tiers des recettes de l'État. Le déficit budgétaire atteindrait 20 % du PIB. Lequel devrait reculer de 7 % cette année. La devise est en chute libre. Sur le marché noir, le bolivar est tombé à 640 pour 1 euro, contre 400 il y a trois mois... et 15 il y a deux ans. Ce qui renchérit d'autant les produits importés, c'est-à-dire la quasi-totalité des produits consommés au Venezuela, puisque le pays ne détient quasiment pas d'industries locales ou d'exploitations agricoles L’inflation est évalué à 100 %. La chute des revenus pétroliers, associée à une baisse de la production, à 2,8 millions de barils par jour menace la solvabilité de l'État.
La Russie est affectée par la chute des cours. Compte tenu de ses coûts d'extraction très élevés dans le sol gelé de Sibérie (de 40 à 50 dollars le baril), la plupart des puits du numéro un mondial des hydrocarbures ne sont plus rentables au niveau de cours actuel. Le Russie tire du pétrole le tiers de ses recettes en devises, peut encore puiser dans ses fonds souverains pour maintenir son niveau de vie. Mais la chute des cours du pétrole, conjuguée aux sanctions occidentales en raison de la crise ukrainienne, fait baisser le PIB de 4 % en rythme annuel actuellement et menace même à terme l'excédent des paiements courants.
C. Les compagnies pétrolières privées
La baisse actuelle des cours limite les investissements en exploration (Total a par exemple réduit son budget dédié à l’exploration de 30% en 2015) ainsi que l’exploitation de gisements qui ne sont rentables qu’aux alentours de 100 $ par baril (offshore profond, pétroles lourd du Canada, etc.). Aux États-Unis, on estime que les ressources de pétrole de roche-mère sont économiquement exploitables à partir de 35 à 80 $ par baril selon les zones, les producteurs se rabattant sur les gisements les plus intéressants
Lors d’une baisse des cours du pétrole, les réserves ne sont pas directement revues à la baisse mais elles diminuent mécaniquement à moyen terme puisque le manque d’investissements en exploration ne permet pas de renouveler les stocks disponibles.
Au sein des compagnies pétrolières privées, les dépenses de personnel – ont été coupées pour diminuer le coût de production. En conséquence, des pertes d’emplois directs et indirects se sont fait ressentir : à titre d’exemple, au Royaume-Uni, la Fédération de l’industrie pétrolière estime à 120 000 le nombre d’emplois supprimés en deux ans. Une réduction des effectifs qui permet à la filière de rester compétitive : en effet, le coût d'extraction du baril de la mer du Nord s'établit en juin 2016 à 17 dollars contre 30 l'an dernier.
D. Les consommateurs particuliers et professionnels
L’allègement de la facture énergétique pour les entreprises est significatif : en France, le taux de marge des entreprises continue d’augmenter, atteignant 31,4% fin 2015 – soit son plus haut niveau depuis 2011. Les entreprises des secteurs aérien et chimique sont les premières concernées par la chute des cours
Les consommateurs sont eux aussi bénéficiaires du faible cours du pétrole via une essence à bas prix et des gains de pouvoir d’achat conséquents. En France, celui-ci a progressé de 1,8% en 2015 (contre 1,1% en 2014). En zone euro, l’augmentation est de 1,7% en 2015, soit la plus forte hausse depuis 2007 : l’Insee prévoit une nouvelle hausse de 0,8% au 1er trimestre 2016.
III. Les enjeux environnementaux de la baisse des prix
Dans un premier temps, il est possible de s’inquiéter des effets négatifs d’un pétrole peu cher. Le prix bas du baril contribue à rendre moins compétitives les sources d’énergie peu carbonées Car lorsque l’énergie fossile coûte moins chère, on consomme plus. Les ventes de voitures aux États-Unis ont grimpé de façon spectaculaire en: General Motors et Chrysler annoncent une augmentation d’environ 20%. Les pick-up et les SUV, ces 4×4 de ville gros consommateurs de carburant, représentent plus d’un tiers des nouvelles ventes et on prévoit une baisse des ventes de véhicules électriques.
Cependant, la chute des cours du pétrole font que les compagnies pétrolières doit renoncer à ses projets les plus coûteux… qui sont aussi les plus polluants. Le canadien Suncor, spécialiste des sables bitumineux, très chers à extraire, vient de geler l’expansion de deux de ses projets. La compagnie norvégienne Statoil vient, elle, de renoncer à trois licences d’exploration au Groenland, Le français
...