Évolution des pédagogies et des valeurs défendues par les pédagogues Célestin Freinet et Maria Montessori en fonction du contexte sociétal de l’Education en France aujourd’hui.
Par Matt • 1 Juin 2018 • 16 825 Mots (68 Pages) • 642 Vues
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Références bibliographiques………………………………………………………….Page 42
Annexes………………………………………………………………………………..Page 43
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Introduction
« Former les esprits sans les conformer, les enrichir sans les endoctriner, les armer sans les enrôler, leur donner le meilleur de soi-même sans attendre ce salaire de la ressemblance »
Jean Rostand
L'école à pédagogie 'alternative', une école libertaire vers une école libérale ?
Nous sommes tous différents dans notre manière d'être, de penser, raisonner, établir des relations, et donc, d'apprendre et d’agir sur notre monde.
C'est pourquoi, chacun évolue à son propre rythme, mais aussi en fonction de ses besoins et de ses capacités. Nos apprentissages se font en fonction de notre environnement : famille, amis, situations, lieux de vie, origines, etc... et de comment nous interagissons avec celui ci.
Tous les jours, nous devons nous adapter pour vivre ensemble, communiquer et partager dans le respect de chacun. Les valeurs essentielles, les valeurs de la République 'Liberté, Égalité, Fraternité' sont véhiculées par l'école qui est le premier lieu de vie commune avec autrui, autre que la famille.
En France, l'École publique, permet l’accès aux savoirs et aux connaissances pour tous.
Elle promeut des valeurs essentielles au bon fonctionnement de la démocratie, en privilégiant la formation des enfants à la citoyenneté. L’école publique permet aussi la lutte contre la discrimination (de classe sociale, de sexe, ...). De plus, elle a également pour volonté de transmettre des valeurs telles que le respect, le partage, l’entraide, l’ordre, la communication, etc... aux élèves, celles-ci étant le socle du vivre ensemble et primordiales afin de s’élever au sein de la société. Comme l’énonçait Maria Montessori dans son ouvrage ‘L’éducation et la paix’ en 1949, “L’éducation est une arme de paix”.
Cependant , nous pouvons observer que les inégalités entre les personnes s’accentuent, que cela soit d'un point de vue économique, social, ou culturel, etc… Selon les travaux de Pierre Bourdieu et Jean Claude Passeron dans leur ouvrage Les héritiers écrit en 1964, “l'école reproduirait les inégalités sociales” et “le processus de démocratisation de l'école ne serait qu'une illusion”.
De plus, nous entendons souvent parler dans les médias 'd'une éducation à deux vitesses' où la séparation entre 'élèves de classe sociale supérieure et élèves de classe sociale inférieure' serait de plus en plus flagrante. L’école est profondément liée au fonctionnement de notre société, Célestin Freinet énonçait déjà il y a presque un siècle :
“...C’est là une des plus grandes tares de la conception capitaliste de l’éducation populaire : prétendre, par dessein égoïste, isoler l’école de tous les faits sociaux ou politiques qui la conditionnent ou en annihilent la portée, c’est s’associer à l’un des plus redoutables mensonges de notre époque.”
Célestin Freinet dans l’ouvrage ‘Naissance d”une pédagogie populaire’, 1968, p.206
De nos jours, la sociologie de l’éducation s'intéresse de près à la problématique des “marchés scolaires”, des choix des établissements et au sujet de la carte scolaire. Les chercheurs Georges Felouzis, Agnès Van Zanten, Joëlle Perroton, al. ont développé le concept de ‘marché scolaire en terme d’économie de la qualité’. “Une recherche sur l’ensemble des lycées d’Aquitaine (n=103) du secteur public et privé a montré (Felouzis, 2005) que pour environ la moitié des établissements les effets de marché transformaient significativement la nature de leur public scolaire.” De plus, nous avons observé dans les journaux, mais aussi sur internet et les forums, des ouvertures d'écoles privées influencées par des pédagogies dites ‘alternatives’ élaborées au début du XXème siècle par Maria Montessori notamment, ou bien Rudolf Steiner, etc… Au contraire des écoles appliquant la pédagogie élaborée par Célestin Freinet, figure emblématique de la lutte pour une éducation populaire et moderne, ces écoles ne sont pas publiques mais privées et donc payantes…
Nous nous sommes alors interrogés sur l’accès à ses écoles privées ou publiques, sur les valeurs qu’elles défendaient et si elles ne seraient pas au coeur d’un nouveau ‘marché scolaire’... Nous nous sommes alors demandés, pourquoi les parents ainsi que les enseignants se tournaient vers ces pédagogies dites ‘alternatives’ et quelle est leur place dans notre société aujourd’hui. Puis, nous nous sommes questionnés au sujet de l'avenir de l’école publique et gratuite et de ses nouveaux enjeux. L'intérêt de cette recherche est de comprendre les motivations sous-jacentes sous ces créations d'écoles 'modernes' et leurs conséquences afin de cerner si cela n'est pas un effet de l'économie libérale sur le système éducatif français.
Ces pédagogies populaires pourraient elles être utilisées à des fins contraires en creusant l'écart entre les classes sociales et culturelles et en créant alors des inégalités ?
Nous allons nous rapprocher des directeurs de ces écoles, des enseignants appliquant ces pédagogies ainsi que des parents d'élèves dans le but de comprendre leur démarche et leur point de vue. Au cours de ce travail de recherche, il sera rappelé l’histoire de l’école et de l’Education ainsi que de deux pédagogues de grande renommée ; Maria Montessori et Célestin Freinet. Nous nous fixerons particulièrement sur ces deux pédagogies et leur influence aujourd’hui. Il sera développé une partie sur l’histoire du Libéralisme et du Néolibéralisme pour tenter de comprendre le fonctionnement de notre économie et l’impact sur les citoyens. Puis, nous approfondirons notre recherche par des lectures sur le contexte sociétal et éducatif de nos jours avec la thématique des ‘marchés scolaires’. Ensuite, nous irons questionner les enseignants pratiquant ces pédagogies de nos jours, les directeurs de ces
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