Modification épigénétique de OXT et sociabilité humaine.
Par Stella0400 • 30 Mai 2018 • 2 546 Mots (11 Pages) • 486 Vues
...
Pour les mesures de comportement :
Chaque participant a rempli un questionnaire sur le style d’attachement. Les résultats tendent à caractériser particulièrement les styles d’attachement anxieux et « évitant ». Deux fourchettes de résultats ont été mises en place pour pouvoir caractériser le résultat de chaque participant :
-l'échelle de style d'attachement anxieux caractérise la tendance à présenter un besoin excessif d’être rassuré, la peur d’être rejeté, et un désir de fusionner avec son partenaire.
-l’échelle de style d’attachement « évitant » caractérise la tendance à éviter l’intimité, et à être méfiant des autres.
Des résultats faibles dans ces deux tests montrent un attachement assuré.
En un deuxième temps, des tests de reconnaissance d’émotions ont été proposés aux participants. Il a été présenté a ces derniers des vidéos de 10 secondes d’expressions faciales qui tendaient graduellement de l’émotion joyeux, en colère, triste puis peureux. Les participants ont ainsi dû reconnaître 56 stimuli, 14 pour chaque catégorie d’émotion.
Ils devaient appuyer sur un bouton à chaque fois qu’ils étaient sûrs de l’expression faciale qui leur était présentée. Ils devaient également préciser de quelle émotion il s’agissait.
Tâches d’IRM Fonctionnelle :
Les participants ont subi une IRM tout en remplissant une série de 2 test sociaux-cognitifs.
Le premier test (perspective émotionnelle) est le suivant : Il est présenté une scène de la vie de tous les jours, cependant le visage d’une des personnes de la scène n’est pas visible. Deux choix d’émotions sont proposés au participant, qui doit estimer quelle émotion est la plus appropriée pour le visage non visible.
Le deuxième test (attribution d’émotion) a pour intérêt d’obtenir le processus mental d’une personne à décider la cause de la réaction émotionnelle d’une autre personne. Il est présenté aux participants des photos de personnes réagissant à des scènes socio-émotionnelles. Ils doivent choisir, parmi deux exemples de scènes socio-émotionnelles, laquelle a provoqué une telle émotion chez les personnes qui les ont vues.
Chaque résultat est analysé et traité avec des approches statistiques paramétriques et non paramétriques.
Discussion (10 min)
L’observation principale tirée des expériences réalisées et des résultats obtenus est la suivante : des modifications épigénétiques du gène OXT, à travers la méthylation de l’ADN, conduisent à des différences individuelles de la sociabilité humaine. Ce facteur a été observé a travers trois différentes constatations :
1. Une forte méthylation de l’ADN (ce qui est lié à une baisse de l’expression du gène OXT) est liée à un style d’attachement plutôt anxieux et une capacité réduite à reconnaître des expressions faciales émotionnelles.
2. Une forte méthylation de l’ADN est liée à une faible activité neurale dans certaines parties du cerveau qui sont impliquées dans le fonctionnement socio-cognitif, comme par exemple le sillon temporal supérieur (STS), le gyrus fusiforme et le gyrus frontal inférieur (IFG).
3. Une forme méthylation de l’ADN est liée à une réduction du volume de matière grise dans la partie droite du gyrus fusiforme, qui est une partie du cerveau impliquée dans le traitement des visages et la cognition sociale (ensemble des processus cognitifs (perception, mémorisation, raisonnement, émotions...) impliqués dans les interactions sociales).
Ces résultats montrent que les gènes de la voie de l'ocytocine régulent l'expression du phénotype du comportement social chez l'homme. Cette observation peut être faite compte tenu qu’OXT est un gène qui, parmi d’autres, influence la voie de signalisation de l’ocytocine. En effet, OXT code pour une protéine précurseur qui produit l’ocytocine et la neurophysine I (qui transporte l’ocytocine). Tout ceci est en adéquation avec d’autres études faites antérieurement sur des animaux (souris), et un lien a été fait entre OXT et des maladies socio-cognitives telles que l’autisme. Ainsi, la façon dont OXT est méthylé affecte la fonction et la structure de certaines régions du cerveau.
Il n’est pas encore complètement explicite comment les facteurs endogènes et exogènes impactent la méthylation de l’ADN du gène OXT. Mais il a été démontré que cette méthylation peut être modifiée par :
-les expériences de jeunesse
-l’activité neuronale
-le stress social (associé aux expériences de la vie et au stress psychologique)
Les modifications épigénétiques d’OXT à travers la méthylation de l’ADN ont été étudiées sur des échantillons de salive. Il est nécessaire de préciser que, malgré le fait que les traces de méthylation dans la salive ne soient pas les mêmes que la méthylation dans des régions du cerveau, certaines études ont montré qu’elles en sont une bonne représentation.
L’étude des 3 observations faites lors de l’essai est la suivante :
1. Une forte méthylation de l’ADN (ce qui est lié à une baisse de l’expression du gène OXT) est liée à un style d’attachement plutôt anxieux et une capacité réduite à reconnaître des expressions faciales émotionnelles. Après administration d’ocytocine, il a pu être remarqué que les participants tendaient à se faire plus confiance, à se tenir plus près, et à afficher un style d’attachement plus sûr. Une comparaison entre le style d’attachement anxieux et « évitant » a pu être fait. En effet, les valeurs d’OXT sont liées plutôt à l’anxiété qu’à l’évitement. Ainsi, il a pu être déterminé qu’OXT peut influencer le lien social au cours du développement et affecte la façon dont les gens se forment et manifestent des relations sociales intimes avec d’autres personnes.
Dans un deuxième temps, il a été remarqué qu’une forte méthylation de l’ADN est liée à une baisse de l’exactitude de la reconnaissance d’émotions faciales. En effet, si l’ADN n’est pas méthylé, le taux d’ocytocine est normalement élevé. Le mode d’action de l’ocytocine
...