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Argumentation contre l'abus de l'argent dans le sport

Par   •  7 Décembre 2017  •  4 248 Mots (17 Pages)  •  820 Vues

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Ce phénomène de loi de l'offre et de la demande, libéralisé par l'arrêt Bosman, a encore été accentué par l'explosion "des droits TV: de 20 millions dans les années 80, ils sont passés à 600 millions dans les années 2010" note Arnaud Flanquart, coordinateur du pôle sport du think tank Tera Nova.

Une analyse que rejoint Philippe Peybernes, directeur administratif et financier du Montpellier Hérault: "Les clubs ont des recettes importantes, donc le niveau des salaires suit". L'effet boule de neige est en marche: pour avoir des droits tv importants, il faut être diffusé. Pour être diffusé, il faut gagner. Pour gagner, il faut les meilleurs joueurs. Pour attirer les meilleurs joueurs, il faut proposer des salaires importants.

Si l'on suit une logique économique, le procédé n'est donc pas vraiment choquant pour Arnaud Flanquart car "celui qui produit récupère ce qu'il a créé".

Le problème vient du fait que les clubs ont pris l'habitude de compenser leur coût de fonctionnement quotidien (principalement les salaires) par les plus-values des transferts. Il faut donc vendre toujours plus cher. Un filon que certaines banques et fonds d'investissements ont repéré et qui les poussent à investir dans des joueurs. Ce qui accélère le processus d'inflation.

On peut également citer l'importance grandissante des agents de joueurs ou plus récemment l'arrivée de mécènes prêts à investir à fonds perdus déconnectant le marché de toute réalité.

Ce cocktail fait exploser la valeur des joueurs. Ainsi le ballon d'or 1960 Luis Suàrez est transféré 174 000 euros en 1961, Diego Maradona presque 6 millions en 1984 et Zinédine Zidane plus de 81 millions en 2001. Jusqu'aux transferts de Cristiano Ronaldo et Gareth Bale au Real Madrid qui ont frôlé les 100 millions.

Une inflation illustrée par Marca dans une infographie.

[pic 3]

Une rente économique plus qu'un salaire

Les hauts salaires ne touchent pas que le monde du football. "Lorsque Google et Apple recrutent des chercheurs du MIT, ils payent aussi très cher" illustre Frédéric Lassalle, maître de conférences à l'IAE de Dijon et spécialiste du sport, qui insiste sur la notion "spécificité des actifs" propre à tous les secteurs. Comprendre: ce qu'une personne sait faire et pas une autre.

Mais en football, plus qu'un salaire, il s'agit d'une rente économique. Concrètement, un salarié classique gagne plus s'il produit plus (pas s'il travaille plus). Un salaire correspond à une productivité, la rente est ce qui dépasse cette productivité. Pour un joueur de foot, la productivité désigne sa capacité à vendre des maillots, des places au stade pour venir le voir ou le fait qu'il va permettre à son équipe d'avoir un meilleur classement sportif.

"Messi n'est pas revalorisé pour ses prestations mais sur des rumeurs de départ" diagnostique Yvan Le Mée, un agent de joueurs Français. Les grands clubs entrent dans ce jeu car garder leurs meilleurs joueurs leur permet des retombées financières importantes (notamment les fameux droits télé).

"Le transfert au Real Madrid de Cristiano Ronaldo pour 96 millions d'euros a été récupéré en 18 mois, grâce principalement aux droits à l'image. Le Real est devenu un spécialiste pour développer ces recettes via des tournées en Asie notamment" détaille Frédéric Lassalle.

Problème: garantir un tel retour sur investissement ne concerne qu'une poignée de joueurs comme le prouve a contrario la dette cumulée de 15 milliards des clubs européens. A cet égard, Gareth Bale ou James Rodriguez doivent encore faire leurs preuves. Cristiano Ronaldo représente encore à lui seul la moitié des 1,4 million de tuniques vendues l'an dernier par le club merengue.

Le spectre du dépôt de bilan

Du côté de Terra Nova on qualifie ce système de "pyramide de Ponzi", un mécanisme de financement frauduleux qui consiste à rémunérer des investisseurs avec l'entrée de nouveaux investisseurs. Le procédé explose lorsque les personnes ne veulent plus payer.

Plus d'explications avec cette vidéo de France Tv Studio 4.0.

Dans le milieu du foot, le risque est qu'un jour les clubs n'acceptent plus de suivre cette escalade des transferts. La bulle spéculative formée peut très bien exploser comme l'a fait celle des subprimes.

Un dépôt de bilan des clubs professionnels les plus connus ne serait toutefois pas envisageable en France pour Arnaud Flanquart: "Une ville comme Marseille ne peut pas se permettre de laisser l'OM en faillite. Du coup, après avoir privatisé les profits, il faudrait mutualiser les pertes sur le dos des contribuables. C'est ce qui s'est passé avec Valence en Espagne, où la région a sauvé le club alors qu'elle est très pauvre avec 50% de chômage." Une situation très bien décrite par Libération.

Les solutions possibles

Pour contrôler les dérives financières, le fair-play financier mis en oeuvre par l'UEFA a débouché sur les premières sanctions cette année. Mais on observe déjà au PSG et à Manchester City des velléités de contourner les limites imposées sur les recrutements ou la masse salariales via, par exemple, des systèmes de prêts de joueurs. Sans compter les généreux contrats offerts par des clients amis ou très proches des actionnaires des clubs.

Face à cela, le salary cap apparaît comme une solution plus cohérente. Appliqué aux Etats-Unis, il consiste à limiter la masse salariale par rapport à la capacité des équipes à faire des recettes. Mais une telle mesure n'est pas envisagée pour l'instant par la Fifa ou l'Uefa.

Une autre façon de faire baisser les salaires serait en fait de "consommer" moins de football: arrêter de regarder les matchs, de payer des places au stade ou d'acheter le maillot des équipes. Difficilement envisageable. Dans le même ordre d'idées, Arnaud Flanquart pense carrément à abolir les frais de transferts: "il n'y a pas d'autres secteurs de l'économie où ça existe" justifie-t-il. Une chose est sûre, le football ne doit pas mourir pour continuer son rôle social, mais ne peut pas non

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