Écrit d'invention sur La jalousie d'Alain Robbe Grillet
Par Plum05 • 8 Juillet 2018 • 944 Mots (4 Pages) • 473 Vues
...
à la chaleur. Le doute s’installa alors.
Un mouvement de portière interrompit ma réflexion.
Tout d’abord Franck sortit du véhicule puis Alice. Ils
s’avancèrent tous les deux devant le capot de la voiture.
Leur attitude en disait long sur l’atmosphère qui devait
régner à l’intérieur du bolide bleu. Ou était-ce mon
imagination qui m’emportait vers les abîmes de la
jalousie naissante. Je ne pus m’empêcher de les
imaginer enlacés tellement ils étaient beaux à regarder,
atrocement beaux. Mon fauteuil me condamnait à
rester à cette place, le bruit des roues auraient pu les
interrompre voir même me faire démasquer. Je devins
alors un photographe immobilisé naviguant entre deux
sphères, privée et public. Je ne distinguais leur
silhouette qu’à travers le reflet du carreau médian de la
fenêtre de la salle à manger car mon fauteuil ne me
permettait pas d’en voir plus. Mais cela me suffisait
pour souffrir. Ce flou me laissait la place à encore plus
d’imagination, celle d’un époux devenu un voyeur
torturé.
Mais lorsqu’il se pencha vers elle au niveau de son
visage, je retins ma respiration. "Un baiser! Non! Non!
Je ne voulais pas avoir raison! C’est impossible! Sa
bouche posée sur celle de ma Alice. Je ne peux le
supporter! Et cette chaise roulante qui me brûle alors
les jambes et enflamme mon cœur. Je maudis le jour où
ce professeur m’annonça l’irréparable! Il avait sonné
mon arrêt de mort! Et ce Franck me tue une deuxième
fois. Un peu plus!
Bien que ma vision fût troublée par des larmes qui
coulaient le long de ma barbe, je pus apercevoir un colis
que tenait Alice. Sa forme n’était pas très nette mais je
pouvais voir qu’il était de petite taille. "Un châle! Ma
Alice adore cet accessoire qu’elle possède en de
différents coloris. Lorsque je partais en voyage d’affaire
je lui en ramenais toujours un que je déposais sous son
oreiller en guise de mon affection pour elle. Je deviens
fou. Fou de jalousie. Je suis en train de perdre Alice tout
comme je me perds moi même dans une solitude noire.
Mais que vais-je devenir? Pourrais-je avoir la force de
lutter? Je ne suis pas de niveau à me mesurer contre un
valide. Je baisse les bras! Expression qui prend tout son
sens ici puisque ce sont les seules membres qu’il me
reste. Ou je me bats?
J’entends des rires dans le hall d’entrée. Ils ne vont pas
tarder à pénétrer dans la salle à manger et interrompre
mes sombres pensées. D’ailleurs, ils ont mis du temps à
arriver jusqu’à moi! Ont-ils encore échangé un baiser?
La question n’est plus là.
Dois-je rester à ma place, ce qui pourrait en dire long
sur ma suspicion à leur égard? Dois-je faire semblant de
sommeiller? Ils pensent d’ailleurs être seuls! Une rage
interne me ronge et m’empêche de réfléchir. Ai-je assez
de preuves de leur culpabilité?
...