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Les gommes, Alain robbe Grillet, incipit, 1953.

Par   •  25 Mai 2018  •  1 511 Mots (7 Pages)  •  569 Vues

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A la ligne 41, « cette silhouette sans doute » introduit un doute sur l’identité du personnage : on ne sait pas s’il s’agit d’un personnage unique. C’est aussi une manière pour l’auteur de stimuler la curiosité et l’agacement des lecteurs.

Ce personnage est également déstabilisant avec le jeu sur les points de vue.

Dans les deux premiers paragraphes, nous avons un point de vue externe avec une vue de l’extérieur sur le café.

Au paragraphe 3, nous avons un changement de point de vue qui devient omniscient : nous sommes à l’intérieur du café.

A la ligne 26, nous repassons à un point de vue externe avec une vue intérieur du café.

Au paragraphe 5, à la ligne 34, nous sommes toujours dans un point de vue externe mais avec une vue à travers la glace du café qui donne sur le patron.

Enfin dans la dernière partie, à partir de la ligne 39, on repasse sur une focalisation externe, de nouveau à l’extérieur du café.

Tous ces points de vue ne sont pas préparés : nous passons de l’un à l’autre de manière discontinue. Cela engendre un portrait disloqué : le narrateur ne prend pas la peine de relier les éléments, ce qui déstabilise.

3. Le refus d’humanisme

Les caractéristiques du patron présentent un caractère ménagé qui est décrit comme un automate. A la ligne 6-7, « De très anciennes lois règlent le détail de ses gestes », sa gestuelle ne semble pas doter d’autonomie et de conscience.

Dans le paragraphe 2, les phrase nominales courte mettent en évidence des mouvements réglés par les chiffres mathématiques associé au temps et à la distance : « chaque seconde marque un pur mouvement : un pas de côté » (ligne 9-10).

Le côté mécanique de ses gestes est mis en évidence avec la métonymie, à la ligne 31 « Un bras machinal remet en place le décor », qui assimile le patron au bras et donc à un robot. Il n’apparait pas très vivant : il y a une réification de patron (du latin res, rei, f qui désigne la chose).

Parallèlement, nous allons assister à une personnification du décor avec « les douze chaises descendent doucement des tables de faux marbres où elles viennent de passer la nuit » (ligne 29-30), les objets semblent se réveiller comme s’ils avaient dormi. Cela indique que le monde est réaliste en dehors des hommes et que le rapport entre ces derniers est purement mécanique.

4. Une intrigue floue

Dans le deuxième paragraphe, le narrateur annonce ce qui va se passer mais les termes choisis comme « progressivement » (ligne 20), « çà et là, sournoisement » (ligne 21), « peu à peu » (ligne 28) montrent que ce qui va suivre a des limites et n’aura rien de spectaculaire.

Pour autant, un évènement va perturber l’ordre du monde, ce qui est mis en évidence avec l’énumération « une inversion, un décalage, une confusion, une courbure » (ligne 22).

Cependant le narrateur annonce que cette intrigue qui va se mettre en place n’obéit pas aux règles de construction du roman avec le schéma narratif conventionnel. Cela est mis en évidence avec l’énumération d’éléments à valeur négatif « sans plan, sans direction, incompréhensible et monstrueux » (lignes 25-26) : l’adjectif monstrueux montre le caractère surprenant de cette intrigue.

Conclusion : Nous avons donc un incipit déstabilisant qui rompt avec la tradition réalise. Certes le roman nous présente un personnage dans un cadre précis mais l’incipit manifeste le refus de l‘intrigue car plus on avance dans le récit, plus on manque de précision pour cerner le personnage, plus le caractère artificiel du roman est souligné, et plus le monde acquiert une autonomie déroutante.

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