La mise en scène est-elle importante dans l'appréciation d'une comédie ?

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Langage universel, elle est comprise de tous, et même de ceux n’ayant pas du tout compris le texte. Ainsi, dans la représentation de Don Juan de Jacques Lassale, le fait que Don Juan s’appuie sur le séant de Sganarelle pour se déchausser, puis le congédie en y donnant un coup de pied, provoque le rire du spectateur, quand bien même celui-ci ne comprendrait même pas la langue dans laquelle est jouée la pièce !

Le jeu d’acteur sur les voix est également important pour accentuer le comique. Par exemple, dans Iphis et Iante mis en scène par Jean-Pierre Vincent, Iphis, fille grimée en garçon, est jouée par une femme. Celle-ci tente tout au long de la pièce de prendre une voix d’homme. Mais le résultat est grotesque, et participe à accentuer le comique de la pièce de Benserade. Dans cette même pièce, le costume est également responsable d’une accentuation du comique. En effet, le costume d’Iphis peine a masquer ses attributs féminins. Le comique réside alors dans le fait qu’aucun autre personnage ne le remarque, créant ainsi le rire lorsque le père d’Iphis s’adresse à elle en l’appelant « fils », et marquant surtout la naïveté apparente des autres personnages. 
Le costume peut également exacerber le comique d’une scène de part son caractère anachronique ou incongru, comme dans Don Juan de Daniel Mesguich où Sganarelle est grimé en infirmière, sur talons aiguilles. Ce dernier, improvisant une danse, finit même par chuter sur les genoux de son maître. Cette action n’est nullement dictée en didascalie par Molière. On voit donc que les actions proposées par le metteur en scène peut également renforcer le comique d’une pièce. Enfin, on peut dire que le théâtre est un lieu de convivialité ou de nombreux esprits se mélangent. Par conséquent, le rire d’un spectateur peut rapidement provoquer l’hilarité de la salle entière, par simple répercussion. En ce sens, la représentation théâtrale favorise le comique par rapport à une simple lecture du fait de la nature même du lieu.

La mise en scène est donc d’une importance capitale dans l’appréciation d’une comédie. Le texte apparait comme un support, de plus ou moins bonne qualité, mais autour duquel une bonne mise en scène fait le succès de la représentation. Bien entendu, les dramaturges eux-même furent souvent metteurs en scène de talent, comme Molière en son temps. On peut penser qu’ils furent les plus à même à mettre en scène leurs propres oeuvres, arrivant à exacerber tout le côté comique qu’ils ont voulu coucher sur du papier et retranscrire sur scène. Aujourd’hui sans limite en ce qui concerne l’humour, certains metteurs en scène vont encore plus loin et créent tout un imaginaire non-dicté par le dramaturge. Mais, par respect pour l’auteur, ceux-là peuvent-ils se permettre de déformer à ce point de grandes oeuvres théâtrales ?