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Commentaire sur Micromégas - Voltaire

Par   •  3 Mai 2018  •  1 466 Mots (6 Pages)  •  729 Vues

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Micromégas représente un esprit proche des lumières. Voltaire insiste beaucoup sur ses connaissances et sa raison. Le mot « esprit » revient à plusieurs reprises : « par la force de son esprit » (l.29), « se défendit avec son esprit » (l.41). Le champ lexical des connaissances, des lignes 25 à 45, comme «cultivé», «sait» et «inventé». Le personnage s’intéresse aux sciences, comme la biologie : « il disséqua beaucoup de ces petits insectes» (l.34) et la géométrie : «il devina […] plus de cinquante propositions d’Euclide» (l.29). C’est un esprit doué, curieux et qui étudie. Il est aussi en quête de la vérité, ainsi il n’hésite pas à s’opposer à la religion (représentée par le Muphti) pour faire avancer le monde. Micromégas est donc conforme à l’esprit des lumières qui met l’accent sur la raison, la réflexion, le savoir, les expériences, l’esprit et aussi les droits. C’est un personnage caricatural qui permet à Voltaire de faire une satire de la société de son époque.

C’est ainsi que dans ce passage, Voltaire critique les sciences antérieures. Tout d’abord avec les algébristes qu’il qualifie ironiquement de « gens toujours utiles au public » (l.7). Il les ridiculise d’autant plus, que le calcul qui est rapporté (l.13) est faux. Enfin Voltaire termine par la conclusion ironique : «Rien n’est plus simple et plus ordinaire que dans la nature» (l.15). Puis il s’en prend à Blaise Pascal, dont il essaie ainsi de minimiser l’œuvre : « c’est 18 de plus que Blaise Pascal » (l. 29-30). Il le critique assez explicitement et le qualifie ainsi de «géomètre assez médiocre et un fort mauvais métaphysicien» même si c’est à travers la sœur de Blaise Pascal. Voltaire transmet aussi son avis selon lequel les hommes doivent travailler pour améliorer leurs conditions plutôt que sur des questions sur lesquelles on ne peut avoir de réponses. On peut aussi assimiler « ces petits insectes » à des théoriciens, « qui se dérobent aux microscopes ordinaires » dès lors que leurs thèses sont examinées.

Voltaire critique aussi la religion et la justice. Par exemple, à travers « l’école des Jésuites » qui contrôle l’éducation, l’auteur dénonce l’éducation religieuse qui est dogmatique et ne permet donc pas de réfléchir. Voltaire critique aussi le pouvoir religieux, notamment le Pape, à travers le «muphti de son pays» qu’il utilise pour échapper à la censure. Il le qualifie de « grand vétillard et fort ignorant » (l.37) afin de montrer l’incompétence des religieux. Au sujet de l’appréciation qu’ils font à propos des recherches scientifiques, Voltaire utilise une série d’adjectifs : « suspectes, malsonnantes, téméraires, hérétiques » (l38) indiquant ainsi que la censure ne se base pas sur des faits réels mais sur des suppositions. L’expression « sentant l’hérésie » qui succède au mot « hérétique » emprunté au vocabulaire religieux vient renforcer la critique. La gradation dans l’énumération apporte encore davantage d’impact négatif. De plus, le ridicule de l’explication du Muphti pour savoir si «la forme substantielle des puces de Sirius était de même nature que celle des colimaçons» ajoute du comique et confirme l’aspect dérisoire du fondement des poursuites (l.40). Voltaire juge le pouvoir judiciaire inefficace : «le procès dura 220 ans». Le jugement est biaisé : «il fit condamner le livre par des jurisconsultes qui ne l’avaient pas lu». Ces jurisconsultes ne cherchent ni la vérité, ni l’impartialité : ils obéissent au pouvoir. Enfin, Voltaire dénonce des peines démesurées : «ne pas paraître à la cour de 800 années» pour des raisons absurdes qui rappellent l’insécurité dans laquelle vivaient les scientifiques et les auteurs à la cour.

Suivant cette analyse, on comprend que l’incipit de Micromégas qui revêt certaines formes du conte traditionnel est bien ancré dans le réalisme. A travers le personnage de Micromégas, Voltaire nous fait vivre l’esprit des lumières de son époque, et son histoire fantastique n’est qu’un prétexte pour nous présenter la critique qu’il fait de la société du XVIIIème siècle, tout en évitant la censure. L’idée de Voltaire d’utiliser un conte philosophique pour faire passer ses idées est particulièrement efficace. En prenant de la distance avec des personnages fictifs, Voltaire nous invite à la réflexion et à la sagesse en nous permettant d’appréhender le monde de la façon la plus large possible.

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