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Commentaire sur le pamphlet de Voltaire, "Femmes, soyez insoumises à vos maris".

Par   •  17 Octobre 2018  •  1 610 Mots (7 Pages)  •  668 Vues

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référant à la nature : la différence entre les deux sexes ne repose pas sur une hiérarchie, mais sur une complémentarité. Elle dit explicitement que la femme est aussi nécessaire à l’homme que l’homme est nécessaire à la femme. Les mots qu’elle emploie insistent sur cette idée de complémentarité : « nécessaire », « union », mais aussi les pronoms réfléchis réciproques (« les uns aux autres »). C’est une manière pour elle de montrer que l’égalité entre les hommes et les femmes est naturelle.

Deuxième argument qu’elle conteste : les hommes sont supérieurs aux femmes.

Elle commence par reprendre la phrase de Molière, mais sans la contextualiser (dans l’Ecole des Femmes, c’est Arnolphe qui prononce cette phrase ; or il est constamment ridiculisé par Molière à cause de ses idées rétrogrades sur l’éducation des filles). Cela lui permet en tout cas de montrer sa culture et de préparer son offensive suivante en faveur de l’intelligence des femmes.

Elle tourne cette idée de la supériorité masculine en ridicule, en disant qu’elle ne leur vient que de leur force physique : lignes 44 à 45.

Troisième argument qu’elle conteste : les hommes sont plus intelligents que les femmes, donc davantage capables de gouverner.

La maréchale détruit cet argument en citant un exemple concret et récent, celui d’une princesse allemande. La multiplication des activités citées, dans des domaines variés (mécénat, éducation, charité…) montre que cette femme exerce un pouvoir politique sensé et ferme.

III/ Une habile oratrice qui recourt à la force persuasive du langage :

a) Une femme impliquée, qui cherche à impliquer son interlocuteur :

La maréchale est très impliquée dans ce qu’elle dit, très passionnée :

Emploi de nombreux modalisateurs qui manifestent son implication dans la conversation.

Nombreuses marques de première personne pour montrer que la question la touche de près et qu’elle lui tient à cœur.

De nombreux termes traduisent ce qu’elle pense et ressent.

Elle cherche à impliquer son interlocuteur, à faire qu’il se sente concerné par cette question :

La formule « s’il vous plait » (ligne 30) n’est pas une formule de politesse, mais une invitation à l’abbé pour qu’il confirme ses propos.

Abondance de questions rhétoriques qui imposent son opinion comme une vérité.

Elle utilise des hyperboles pour forcer le jugement de l’abbé et le pousser à compatir au sort des femmes, comme lorsqu’elle évoque les « très grandes douleurs » de l’accouchement.

Elle utilise des euphémismes pour éviter de trop choquer l’abbé : « des incommodités » (pour parler des règles », « je n’ai pas trop gardé ma parole » (pour parler de ses infidélités) : elle tient donc compte de son interlocuteur.

b) Elle mobilise de nombreux registres différents pour jouer sur les émotions de son interlocuteur :

REGISTRE SATIRIQUE : à propos des hommes (lignes 42 à 45).

Elle les réduit à deux attributs physiques (les poils et les muscles) ce qui les fait apparaît comme des brutes qui n’ont de supériorité que dans leur force physique. Elle les ridiculise en ne citant aucune de leur qualité et en insistant sur l’idée qu’ils ne parlent que par « coups de poing bien appliqués » (ligne 45) : son ton est ici ironique (puisque la seule qualité qu’elle leur reconnaît est de savoir « bien » donner des coups de poing). Toutefois, elle se laisse aller à un argument un peu bas (on pourrait aller jusqu’à parler d’argument ad hominem) car elle semble leur reprocher un physique peu gracieux, à travers l’emploi de « vilain » et « rude ».

REGISTRE POLEMIQUE : à propos des couvents et de l’instruction qui y est dispensé aux femmes (lignes 50 à 52).

Elle emploie des termes violents et insultants : « des imbéciles » (pour parle des professeurs).

Elle utilise une antithèse très nette (« nous apprennent ce qu’il faut ignorer et nous laissent ignorer ce qu’il faut apprendre ») qui met en valeur l’absurdité et l’inutilité de cet enseignement. Elle condamne donc l’instruction qui est donnée aux femmes et appelle à un nouveau type d’éducation.

REGISTRE LAUDATIF : à propos de la princesse allemande (lignes 46 à 50).

Elle apparaît comme une reine idéale.

elle est partout à la foi : voir la répétition de « toutes ».

travailleuse : se lève à cinq heures du matin !

éduquée et cultivée : « connaissances »

intelligente : « elle a des lumières ». L’expression est fondamentale, puisqu’elle est une allusion claire au mouvement des Lumières, qui défend la raison et la réflexion, seules capables de faire progresser l’humanité.

Généreuse : souci = « rendre ses sujets heureux » ; elle « répand ses bienfaits ».

Mécène : elle « encourage les arts ».

La maréchale fait donc le tableau idyllique d’une reine idéale, en n’employant que des termes mélioratifs et en insistant sur la polyvalence de cette reine capable d’agir parfaitement dans tous les domaines.

Bilan :

Ce texte est à la fois un faux dialogue (puisque seule la maréchale parle vraiment) et un conte philosophique : l’histoire de la maréchale et sa personnalité servent à réfléchir sur les fondements de l’inégalité entre les femmes et les hommes et les réflexions de la maréchales remettent en cause cette inégalité. Choderlos de Laclos et Olympe de Gouges, dans deux essais, à leur tour, défendront les

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