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Commentaire littéraire, La Thébaide ou les frères ennemis (Racine, 1664), acte 5 scène 3

Par   •  2 Mai 2018  •  1 957 Mots (8 Pages)  •  2 361 Vues

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En troixième partie, nous aborderons la dimension dramatique voire tragique du texte. On assiste à une déshumanisation des princes comme l'indiquent les rapports aux parties du corps : « d'un œil brlûant de rage » (hyperbole (brûlant) qui connote vers l'idée qu'ils sont haineux) (v 13) «le sein » (v 14) « leurs bras » (v 15), « le bras » (v 21) qui montrent que ces hommes ne sont pas représentés par leur psychologie, mais déshumanisés, renvoyés à des simples parties du corps, exercant une action. De plus, Créon n'évoque jamais une seule de leurs phrases, ne cite jamais leur prénom ou nom mais par des pronoms « ils fuyaient » (v 3), « leurs » (v 4) « ils semblaient » (v 7) « ils » (v.12) « leurs ordres » (v 20) ou des noms communs « princes » (v.2), « frère » (v 5). On les représente par des groupes nominaux péjoratifs « ces deux furieux » (v.24) : ces frères sont déshumanisés car ils cherchent à se tuer.

Qui plus est, c'est une lutte inarrêtable pour le trône. En particulier, le fils de Créon, Hémon, intervient avant que le combat ne dégénère « vers 16 : Tous deux semblent courir au-devant du trépas » (métonymie pour renforcer l'idée que les héros sont sur le point de mourir : ils courent vers la mort). Hémon a un caractère pathétique : « Mon fils, qui de douleur en soupirait dans l'âme » (v.17), on a une personnification de la douleur (« soupirait ») montre qu'il a très peur. Cependant, il la surmonte avec courage : « Il leur retient le bras, les repousse, les prie » (v 21), l'asyndète apporte de la dynamique à son action, la rend vive. C'est un héros qui peut apporter de la sympathie, par son courage qui désire arrêter par ses actions l'affrontement « Il tient ferme pourtant, et ne perd point courage » (v25). De plus, on a une hyperbole avec « mille coups mortels[sont évités] ». Il intervient en se forçant, comme l'atteste différents verbes : « se jette » (v.19), « s'expose » (v.22), « s'efforce en vain [il n'y arrive pas] » (v.23), il s'oblige ainsi par amour pour Antigone (c'est son amant) à intervenir, il est donc courageux et vaillant. Toutefois, il sera battu au vers 27 : « Jusqu'à ce que du roi [Étéocle] le fer trop rigoureux » 28 « Soit qu'il cherchât son frère, ou ce fils malheureux », 29 « Le renverse à ses pieds prêt à rendre la vie » où il y a une mitonymie du fer pour désigner l'épée et une personnification de l'objet, qui le fait tomber. L'euphémisme « prêt à rendre la vie » montre qu'il est sur le point de mourir, atténuant la triste réalité. C'est donc dramatique et même tragique pour Hémon : « ce fils malheureux ».

Pour terminer, nous aborderons la question de la mort des protagonistes. D'un côté Hémon est sur le point de mourir par amour pour Antigone comme le connote le vers 18 « Et qui se souvenait de vos ordres, Madame [Antigone] » (ordres qui étaient d'intervenir pour éviter que la lutte ne dégénère), de l'autre Étéocle et Polynice désirent mourir par egoisme du pouvoir royal. Au vers 5 : « La soif de se baigner dans le sang de leur frère » (hyperbole morbide : une fois mort, le sang coulera et chacun des frères désire se baigner (acte de rassemblement) dedans), 6 « Faisait ce que jamais le sang n'avait su faire », on a une figure de parallélisme, le mot « sang » est repété en interne deux fois. Le symbole de sang désigne la famille, la paternité (voir l'expression : le même sang [de frères] coule dans leurs veines »). L'issu du combat ne peut être que fatale : les fils d'Oedipe ne se reconcillieront qu'une fois uns des frères morts , le sang qu'ils partagent n'ayant pas su les rassembler « n'a jamais su [le] faire »(v.6) (registre tragique). Tandis que dans le mythe antique, Oedique a commis inceste (rapport charnel avec sa mère Jocaste) et parricide (ayant tué son père), tantôt ses deux fils rêvent de commettre fratricide (tuer son frère), signe de leur délivrance. Cela laisse entendre l'issu tragique du combat qui aboutiera à la mort d'au moins un frère . Un élément supérieur, divin est rappellé au vers 26 « milles coups mortels »(hyperbole renforcant la puissance, le nombre des coups) « orage » : le Dieu Zeus maîtrisait l'orage, le Dieu de la mythologie grecque est évoqué pour appuyer l'importance de leurs combats, qui laisse présager la mort tragique du(des) prince(s).

En conclusion, nous avons remarqué que cette tirade descriptive d'une scène de lutte est une représentation du dramatique -voire du tragique- de part la soif de pouvoir des frères, n'hésitant pas à tuer pour assouvir leurs volontés, ensuite Hémon (amant de Jocaste) n'a pas su arrêter le combat («prêt à rendre la vie »), rendant inévitable l'issue tragique de la confrontation. Nous pouvons comparer cette œuvre à Britannicus de Racine où le personnage du même nom (fils de l'Empereur Claudius) est victime et même assassiné par Néron qui tue son frère adoptif par « goût du pouvoir ».

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