Commentaire de la fable le bassa et le marchand, La Fontaine
Par Ramy • 3 Mai 2018 • 1 726 Mots (7 Pages) • 8 189 Vues
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- De nombreux verbes d’action ponctuent le récit et alimentent l’intrigue (« il s’engage », « les prévenant, les chargeant », « il s’en alla », « lui vont offrir » etc.)
- Une importante ponctuation faite de nombreux points-virgules contribue à la succession rapide des faits et épargne ainsi l’ennuie au lecteur.
- De nombreux rejets tiennent en haleine le lecteur : « Sur cet avis le Turc se comporta comme Alexandre »).
- Cette fable fait preuve d’originalité car les vers forment des décasyllabes. La Fontaine ne joue pas avec le mètre mais rend ce premier récit plaisant en jouant avec la disposition des rimes qui sont tour à tour croisées, plates (suivies) et embrassées.
2) Un second apologue est enchâssé dans le premier. Celui-ci est également plaisant et tout comme le précédent respect le schéma narratif. Chose étonnante, la situation finale s’est dégradée par apport à la situation initiale :
- La situation initiale est exposée du vers 38 à 40
- L’élément perturbateur vient la bousculer du vers 40 à 41
- Les péripéties se succèdent du vers 41 à 48
- L’élément de résolution est annoncé du vers 49 à 50
- La situation finale se déroule du vers 53 à la fin du texte.
En comparaison à la première fable, celle-ci n’est pas polyphonique
- Vocabulaire et expressions « la bataille », « livraient des combats », « il mangeait plus que trois ; mais on ne disait pas qu’il avait aussi triple gueule » qui viennent donner du relief à la fable.
- La Fontaine use de temps variés (passé simple « lui demanda » ; gérondif « lui dépensant » ; futur simple « tu reviendras » ; présent de l’indicatif « il prend »)
- Phrases simples (« Il était un berger, son Chien et son troupeau ») qui permet d’insister sur les données catégoriques du récit et dispense ainsi le lecteur de l’ennuie en lui fournissant sans cesse de nouvelles informations.
- De nombreux enjambements (« Il mangeait plus que trois ; mais on ne le disait pas qu’il avait aussi triple gueule quand les loups livraient des combats ») qui permettent de maintenir l’attention du lecteur.
3) Les schémas narratifs des deux fables sont superposables avec aussi la morale et les animaux du second récit viennent illustrer le rôle des personnages de l’histoire cadre. « Le marchand Grec » est symbolisé par «le berger», «le Bassa» par «le dogue» et «les trois turcs» par les «matinaux». Dans un souci de clarté, mot d’ordre des classiques, les rôles sont toujours définis dans le même ordre : cela facilite la compréhension du lecteur. Cette fable double est une illustration du pouvoir des fables. Le Bassa refuse de se soumettre à la violence et d’assassiner les trois Turcs avant que ceux-ci ne le tuent.
Il s’appuie sur la force et l’efficacité de la fable pour persuader le marchand qu’il est l’homme de la situation ; d’ailleurs il rejette une argumentation basée sur le raisonnement avec la négation « sans tant de dialogue et de raisons ». Le choix d’un récit dans le récit pour faire le parallèle entre la situation du marchand et le berger sollicite l’imagination de ce premier. Le bassa cherche à se rapprocher de son destinataire d’où son recours au tutoiement. De même l’expression « tu m’as l’air » s’apparente à une confidence. Il s’appuie sur la manipulation avec une subordonnée hypothétique («si tu fais bien») et le vers « mais je te crois un trop homme de bien » dont les effets pervers sont censés persuader le marchand. Enfin des modalisateurs («n’a pas l’air», «je crois») montre que le Bassa veut rallier à sa cause le marchant en l’influençant par ses sentiments personnels. Le Bassa renonce donc bien à la violence meurtrière, animale et La Fontaine nous éloigne de la légendaire cruauté du monde Ottoman.
Axe 3 – Une portée ambivalente.
- La fable «Le Bassa et le Marchand» n’est pas une leçon de vie, elle mène une réflexion sur un enjeu du monde. Bien que le thème du commerce y soit présent, cette fable double n’a pas une morale économique mais bien une portée politique. Cette portée se révèle notamment à travers une morale basée sur des antithèses qui sont mises en relief par un parallélisme et encore accentuées par un singulier-pluriel. En outre, le verbe « s’abandonner » a plus de poids que « s’appuyer », choisir le soutien d’une seule personne de haut rang est donc la meilleure décision à suivre. Enfin les termes à la rime « foi » et « roi » témoignent que le choix d’un appuie doit être guidé par la raison.
- Autre portée de cette fable ; sa morale est à la gloire de Louis XIV. Elle fait écho à la guerre de hollande qui dure de 1672 à 1678. Le roi Soleil, alias le bassa, souhaite alors reconquérir la Franche Comté et les territoires espagnols de la France d’aujourd’hui, éliminer la Hollande pour être un concurrent marchant et enfin étendre sa zone d’influence. Les Provinces-Unies s’étaient incarnées par le marchand Grec s’étaient alors ralliées au Saint Empire, au Brandebourg et à l’Espagne représentés par les trois Turcs.
- Ouverture : opposition fable qui vient dénoncer l’abus du pouvoir royal, ex : « Les animaux malades de la peste »
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