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Commentaire Le Roman Comique Chap X, Livre II, p242-244 « On desservit (...) serviette blanche ».

Par   •  22 Mai 2018  •  2 380 Mots (10 Pages)  •  1 679 Vues

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La Bouvillon devient metteur en scène et joue la comédie comme le montre son argumentation. En effet, afin d’amener le Destin à céder à ses avances, La Bouvillon use d’un raisonnement concessif. A toutes les oppositions verbales du destin, elle répond par la concession remarquable aux phrases négatives suivies des connecteurs d’opposition (l.8, 14) « Je ne dis pas cela (…) mais ».

Pour finir après les paroles, viennent les actes et comme tout bon metteur en scène dirigeant ses acteurs, elle mène indirectement le Destin à accomplir des actions qu’il n’aurait pas faites naturellement (l.29) « La grosse sensuelle ôta son mouchoir de col et étala aux yeux du Destin, qui n’y prenait pas grand plaisir … » il est possible de voir dans cet exemple à travers la proposition subordonnée relative qui qualifie le Destin que celui-ci n’est pas consentant ; ensuite (l.39) « Elle s’écria qu’elle avait quelque petite bête dans le dos et (…) pria le Destin d’y fourrer la main » à travers les verbes de parole « s’écrier » évoquant la soudaineté et « prier » évoquant la volonté, on comprend aussi facilement qu’elle cherche une raison pour provoquer un rapprochement charnel non désiré, ce qui est confirmé (l.42) « Le pauvre garçon le fit en tremblant » à travers l’adjectif qualificatif « pauvre » et le participe présent « en tremblant ».

Nous venons donc de voir que Scarron afin de faire la satire du roman de chevalerie a parodié la scène entre le chevalier et sa Dame et l’a rendu farcesque. Cependant tout ceci n’aurait pas été possible si les personnages eux-mêmes n’avaient été caricaturés.

- Des personnages farcesques

- Bouvillon : une manipulatrice triviale

Scarron afin de parodier les scènes de roman de chevalerie a décidé de mettre en scène des personnages hauts en couleur. Parmi eux, le personnage central de notre passage : La Bouvillon.

Ce personnage est présenté dans une scène de séduction où contre toute attente logique elle n’est pas la personne convoitée mais celle qui convoite. Elle mène l’action, elle manipule pour arriver à ses fins.

Tout dans ses propos et dans ses actions montre qu’elle manipule le Destin. Tout d’abord sa démarche argumentative, comme vu précédemment démontre que c’est un personnage qui sait utiliser la syntaxe pour diriger les autres. En effet elle utilise un raisonnement concessif face aux propos du Destin (l.8-14).

Ensuite les interventions du narrateur la décrivent comme diabolique, calculatrice (l.9) « mais vous savez bien que deux personnes seules enfermées ensemble, comme ils peuvent faire ce qu’il leur plaira, on peut aussi croire ce que l’on voudra » ici la proposition conjonctive s’appuyant sur le verbe « pouvoir » sous-entend qu’elle a anticipé autant ses actes que les réactions des personnes qui l’apprendront. De plus (l.14) « mais on ne peut avoir trop de précaution contre la médisance » ici l’exagération sur le terme « précaution » s’opposant à la « médisance » vient confirmer qu’elle a peut-être l’habitude de cette situation et qu’elle ne veut prendre aucun risque donc anticipe. Par la suite, la description du narrateur la présente comme diabolique à travers le thème du feu (l.24-25) « elle approcha du Destin son gros visage fort enflammé et ses petits yeux fort étincelants » amplifié par la répétition de l’adverbe « fort » ici et réitéré à travers la couleur rouge (l.33-34) « ….. »

Mais il s’agit aussi d’une personne triviale, dans son comportement tout d’abord (l.24) « L’ayant fait comme elle l’avait dit, elle approcha du Destin son visage fort enflammé (…) elle lui allait présenter», (l.29) « étala aux yeux du Destin (. ;;) dix livres de tétons pour le moins (…) sous ses aisselles », (l.40) « se remuant en son harnais comme quand on y sent quelques démangeaison, elle pria le Destin d’y fourrer la main ». Mais aussi dans les interventions du narrateur à son propos (l.29) « la grosse sensuelle » (l.33) « car elles rougissent aussi les dévergondées »

Mais cette trivialité ressort avant tout à travers la forte opposition de caractère entre elle et le Destin

- Le Destin : un candide poli

Le Destin est le personnage type du roman de chevalerie : personnage ayant reçu une bonne éducation et se comportant de manière courtoise avec sa Dame.

Ceci se remarque tout d’abord par son attitude serviable et bien intentionnée envers La Bouvillon lorsque celle-ci souligne qu’ils sont seuls enfermés dans une chambre (l.6-7) « Voyez un peu cette étourdie qui a fermé la porte sur nous ! Je l’irai ouvrir s’il vous plait, lui répondit le Destin », (l.19) « Vous plait-il donc, continua-t-il que j’aille ouvrir la porte ? » ses interrogations et tournures de politesse montrent effectivement la bonne éducation du personnage.

Mais cela ne s’arrête pas là, le Destin est protecteur et rassurant, tout comme peut l’être un chevalier. En effet, à toutes les pseudo-inquiétudes de la Bouvillon, le Destin adopte une attitude positive (l.9 à 13) « mais vous savez bien que deux personnes seules enfermées ensemble, comme ils peuvent faire ce qui leur plaira, on en peut aussi croire ce que l’on voudra. Ce n’est pas des personnes qui vous ressemblent que l’on fait des jugements téméraires, lui répartit le Destin », (l.15 à 19) « on ne peut avoir trop de précaution contre la médisance. Il faut qu’elle ait quelque fondement lui repartit le Destin … » tous ces contre-arguments ou antithèses soulignent bien l’aspect rassurant du Destin qui ne veut pas contrarier La Bouvillon.

Cependant cela souligne aussi son caractère naïf d’homme inexpérimenté qui ne décèle pas les intentions de La Bouvillon et qui se retrouve gêné lorsque celle-ci passe à l’action (l.29) « La grosse sensuelle ôta son mouchoir de col et étala aux yeux du Destin, qui n’y prenait pas grand plaisir », (l.37) « Le Destin rougissait aussi, mais de pudeur », (l.42) « le pauvre garçon le fit en tremblant ». Les expansions du nom, verbes et oppositions montrent bien que le Destin n’est pas à l’image que l’on se fait d’un preux chevalier participant ainsi au registre comique de la scène qui se clôture par sa maladresse extrême (l.49) « voulant passer entre elle et la table, assez adroitement pour ne pas la toucher, il rencontra du pied quelque chose qui le fit broncher et se choqua la tête contre un banc, assez rudement pour en être quelque temps

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