Se souvenir.
Par Orhan • 5 Septembre 2018 • 1 689 Mots (7 Pages) • 493 Vues
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Progressivement, les lésions du cerveau touchent l’ensemble des lésions cognitives qui sont le langage, le calcul, les gestes, la reconnaissance des objets, des personnes, de l’espace …
Ces lésions modifie profondément l’identité du malade, il ne se reconnaît plus lui-même.
1.7.2.
A contrario de cette amnésie irréversible, l’hypermnésie perturbe tout autant la vie sociale et la personnalité de la personne qui en souffre puisqu’elle se souvient de tout et tout le temps. Ainsi les souvenirs heureux comme douloureux encombre son esprit en permanence laissant peu de place aux nouveaux projets.
II. Mémoire individuelle / collective
2.1. Souvenir autobiographique
2.1.1.
Le souvenir personnel est celui des albums photos et vidéos de vacances comme celui du plus intime (première amour) à la réussite des examens. Ce peut-être ceux plus douloureux, des échecs, des deuils …
En se remémorant le passé, chacun élabore plus ou moins un récit de sa vie, à la manière des écrivains hors le souvenir évolue d’autant plus facilement que la mémoire n’est pas fiable. Ainsi le sociologue Marc Augé, s’est-il intéressé dans son essaie « Les formes De L’Oublie » publié en 1998, à l’importance du processus de l’oubli dans la formation des souvenirs qu’il réduit à l’état de traces ou de fragments résultant d’une érosion naturelle opérée par la mémoire. Les neurobiologistes ont pu mettre en évidence que certains évènements s’impriment d’autant plus fortement dans notre mémoire qu’ils sont associés à des émotions intenses et le plus souvent pénible. Quand bien même on ne parvient pas à les oublier, ils sont continuellement modifier par notre propre projection.
2.1.2.
Les souvenirs sont ainsi le résultat d’une reconstruction mentale complexe où notre expérience personnelle de la réalité entre en résonance avec tous nos autres souvenirs, nos croyances et même avec l’idée que nous nous faisons de nous. Ce phénomène va jusqu’à nous conduire de faux souvenirs, intégralement imaginé, voir suggérer de manière hallucinatoire.
2.1.3.
Georges Perec dans son récit autobiographique qui s’intitule « W Ou Le Souvenir D’Enfance » publié en 1975, raconte comment il s’était longtemps imaginé victime d’un accident dont il n’avait été que témoin alors qu’il était petit garçon. Il s’agit d’un processus de reconstruction voir de construction établit par la mémoire. Il conduit à nous créer des souvenirs qui correspondent selon un principe de cohérence, à l’image que nous avons de nous-même ou des autres, ou qui s’appuie sur des souvenirs d’autres individus. Enfin, nous l’assimilons et l’associons à notre propre mémoire.
La mémoire présente donc une grande plasticité qui rend nos souvenirs très malléables.
2.2. Mémoire collective et histoire
2.2.1.
Par ailleurs, la construction de la mémoire est d’autant plus complexe que le souvenir n’est jamais purement individuel. C’est le sociologue français Maurice Halbwachs qui la misent en évidence dès les années 1920 dans « Les Cadres Sociaux De La Mémoire » (1925), puis dans « La Mémoire Collective ». Il explique ainsi comment les souvenirs s’enrichissent des expériences et des connaissances des groupes sociaux auxquelles nous appartenons. On ne se souvient jamais seul. Les souvenirs se partagent ce qui les réactive sans cesse et les modifie aussi : Ils procèdent donc toujours d’une mémoire collective.
2.2.2.
Maurice Halbwachs a établi une double distinction :
- La mémoire individuelle est le fruit de construction sociale
- La mémoire du groupe se constitue indépendamment de celle de chaque membre de ce groupe.
Il s’interroge sur deux éléments :
- Comment, d’une multiplicité des expériences et des souvenirs, on passe à l’unicité d’une mémoire dite collective ?
- Comment dans un même mouvement, une mémoire dite collective peut agir sur des représentations individuelles ?
Dès lors il n’existe plus une mémoire mais des mémoires.
2.2.3.
L’historien étudie ses mémoires pour rendre compte plus rigoureusement du passé. La mémoire et l’histoire ne se confondent pas, au contraire tous les opposent. Pierre Nora, historien, dans son essaie « Les Lieux De Mémoire » explique que la mémoire est émotionnelle alors que l’historien analyse de manière critique les évènements tout en les relativisant.
Les mémoires sont des interprétations d’évènements qui se transmettent théoriquement indépendamment du travail critique de l’historien. Cependant, mémoire et histoire restent complémentaire : l’histoire ne peut se passer de la mémoire, la mémoire se réinvente au regard de l’histoire.
- Des enjeux identitaires
La mémoire procède d’une élaboration à la fois émotionnelle et subjective. Elle s’inscrit dans une réalité sociale et historique. Ainsi, la mémoire présente des enjeux identitaires important.
3.1.1. Identité individuelle et sociale
Les souvenirs autobiographiques fondent et façonnent notre identité personnelle, les philosophes et les psychologues s’accorde pour dire que la conscience de soi ne peut se concevoir sans ce lien étroit avec la mémoire. De nombreux artistes ont exploré ce lien, en se prenant eux même comme objet d’étude pour interroger leur passé et chercher à mieux se comprendre.
L’artiste français Roman Opalka s’est par exemple prit en photo toujours en noir et blanc, après chaque séance de travail. Le plan était serré, le cadrage identique avec la même chemise blanche et le même regard impassible. Au fur et à mesure, le vieillissement du visage est de plus en plus visible et sensible. Cliché par cliché, qu’il juxtapose comme pour mieux saisir une identité qui lui échappe.
La
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