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Suffit-il de se souvenir pour écrire un récit autobiographique?

Par   •  7 Novembre 2017  •  1 071 Mots (5 Pages)  •  873 Vues

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Se souvenir seulement, ne pas chercher à embellir, permet d’être extrêmement sincère. Pourtant, en ajoutant des émotions, des sentiments, des analyses du moi du narrateur ou de la situation, l’auteur enrichit son oeuvre. Le pacte autobiographique devient plus difficile à suivre, néanmoins c’est le risque à prendre, puisque le récit brut des événements rappelle parfois un manuel d’histoire et représente souvent un moindre intérêt pour le lecteur. Le fait de compléter les souvenirs avec des sentiments, avec des pensées permet à une autobiographie d’avoir une dimension nouvelle et donc d’être intéressante, et exceptionnelle. Par exemple, dans Enfance de Nathalie Sarraute, la voix de la narratrice se dédouble, on a ainsi un dialogue avec sa propre conscience, ce qui est nouveau dans le genre biographique. Il n’est, bien sûr, plus question d’une stricte objectivité. En faisant une analyse de soi-même, l’auteur ne se limite pas, il fait une introspection, comme le fait Montaigne dans ses Essais. Il médite sur la vie et cela représente un intérêt particulier pour le lecteur, puisque cela le concerne souvent. L’oeuvre prend ainsi un aspect philosophique et général. L’auteur peut aussi viser à émouvoir son lecteur, accentuer les émotions et rendre par conséquent son oeuvre lyrique. On trouve cette particularité dans Le Livre de Ma Mère de Cohen. Le type de l’autobiographie peut également varier : narratif ou descriptif. Il peut devenir argumentatif selon les intentions de l’émetteur. Comme dans le cas de Rousseau : il veut se justifier, se disculper, se défendre dans ses Confessions. Dans tous ces exemples, on trouve une intimité importante : le narrateur se confie à son lecteur – il dévoile ses sentiments, ne raconte pas seulement les faits nus – et le lecteur flatté de cette confiance témoigne de la vie du personnage principal.

Ne pas seulement raconter, mais aussi méditer sur les aspects différents de sa vie, d’autres possibilités des issues de situations variées, permet à l’oeuvre d’être multiforme, d’être un prisme qui ne déforme pas le rayon, le message, mais qui l’enrichit, qui ajoute des couleurs séduisantes pour le lecteur, parce qu’il est fort possible qu’il trouverait un écho, une même ombre de cette gamme dans sa vie privée. La mémoire, ce livre illustré de l’intérieur de l’autobiographe, cesse d’être un trésor intime, elle devient celui de l’humanité.

Une simple description des événements permet au narrateur d’atteindre la limite de sincérité et de garder une objectivité précieuse. Pourtant les émotions et les analyses rendent l’oeuvre plus intéressante, elles offrent la possibilité d’être unique et particulière, et en même temps de se référer à toute personne qui lit cette autobiographie. L’auteur doit quand même ne pas perdre son objectivité et rester franc, malgré les défauts inévitables de la mémoire et de son choix pour des moments décrits. Grâce à ces dimensions et ces différents aspects, les autobiographies sont d’une très grande importance, puisqu’elles permettent à la fois de connaître les vies de personnes souvent connues et témoigner de l’époque et de ses événements principaux. Certaines sont de véritables monuments historiques, comme les Mémoires d’Outre-Tombe de Chateaubriand. Et cela renforce l’aspect de généralisation, puisque l’histoire de la France, par exemple, constitue le patrimoine commun de tous les Français. La lecture de cette oeuvre prise comme un exemple est donc importante, et même indispensable.

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