Sarah la Louchette, Baudelaire
Par Ramy • 18 Août 2018 • 1 326 Mots (6 Pages) • 1 134 Vues
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- Un poème provocateur :
- Volonté de contre idéalisation dès le vers 1 qui est une provocation et une revendication de la singularité du poète à l’encontre des traditionnels éloges poétiques de la femme aimée (« lionne » au XIXème : femme élégante, à la mode).
- Baudelaire est conscient du caractère paradoxal de cet amour, on trouve de nombreux termes qui marquent l’opposition : « ce qui n’empêche pas », « Et pourtant » v.19, « Bien qu’elle » v.20 ; les antithèses « richesse » v.33/ « pauvre impure »v.30, « ange »/ « damné », « amoureux »/ « lépreux » …
- Volonté de choquer le bourgeois : apostrophe et expression de la défense v.29 « Messieurs, ne crachez pas de jurons ni d’ordure ». Blasphème : il compare la prostituée au Christ, et compare un acte de dévotion avec un acte charnel « je la lèche en silence avec plus de ferveur/ Que Madeleine en feu les deux pieds du sauveur » v.23-24. Même volonté de provoquer en évoquant son ardeur avec la métaphore hyperbolique « ce qui n’empêche pas les baisers amoureux/ De pleuvoir sur son front plus pelé que celui d’un lépreux »
- Faire du beau avec du laid, un projet poétique (art poétique)
- Seul le poète est capable de voir la laideur autrement : dès le vers 2, il affirme que l’éclat de la femme ne provient que de l’âme du poète. La négation restrictive v.4 « sa beauté ne fleurit que dans mon triste cœur » va dans le même sens.
- Le jeu des pronoms souligne ce processus, dans de nombreux quatrains, l’auteur oppose la 3ème personne désignant la femme et le « je » ; or, à chaque fois, le « je » vient déjouer les attentes suscitées par la laideur et propose une autre réaction, une autre vision valorisante : ex : elle « louche » / « ne valent pas pour moi son œil » ; Elle a « la gorge déjà basse » / « je la tête »…
- La prostituée laide pourtant belle est emblématique de la poésie baudelairienne. Le poète comme la prostituée doit tout connaître des hommes, se frotter au mal, à la laideur, à la souffrance. Le but de Baudelaire est d’extraire la beauté du mal v.33-34 « cette bohème, c’est mon tout, ma richesse » c’est-à-dire sa source d’inspiration, son originalité en tant que poète. « Tu m’as donné ta boue j’en ai fait de l’or ». La poésie de Baudelaire est nouvelle, « étrange » comme le regard de cette femme. C’est cette bizarrerie qui la rend supérieure aux autres.
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