Quel est l'intérêt du journal des Faux-Monnayeurs ?

...

En effet, Gide écrit Les faux-monnayeurs avec une volonté très particulière. Son but est d’écrire un nouveau roman, composé d’une multitude de personnages et d’intrigues indénouables et très complexes. Son objectif, comme il l’explique le 29 mars 1925, c’est de faire sortir le lecteur de son confort, de ses habitudes littéraires. Autrement dit, il veut bouleverser la tradition littéraire des romans classiques en faisant de son roman, un roman nouveau, mais surtout unique en son genre au XXe siècle.

Suite à ma lecture de l’article de presse écrit par André THERIVE, le 13 février 1926, j’ai compris que de nombreux lecteurs ont été déçus car ils étaient justement trop habitués aux lectures classiques. Gide n’a pas réussi à satisfaire certains de ses lecteurs, car pour ces derniers ce roman n’est pas touffu mais bien trop confus. Je rejoins d’ailleurs ces divers avis. Il est difficile de suivre réellement l’histoire car en réalité Gide mêle une multiplicité d’histoires en une seule. Quant aux personnages, il y en a beaucoup, de plus, Gide ne les décrits pas physiquement, il est donc compliqué de savoir qui est qui lors de dialogue entre deux personnages par exemple. Heureusement, certains personnages sont reconnaissables grâce à leurs traits de caractère, nous avons l’exemple du petit Boris dépressif et malheureux ou encore Passavant, personnage très vicieux et sinistre. Mais soulignons tout de même que l’absence de description physique permet au lecteur de laisser libre court à son imagination. C’est pour moi une idée respectable de la part de l’auteur.

Il faut comprendre que Gide en écrivant son roman, a fait en sorte que le lecteur se retrouve nez à nez avec un tas d’informations et que le but de ce dernier est de déchiffrer étape par étape la finalité de l’histoire. L’auteur attend en effet, de la part de son lecteur, un engagement intellectuel et parfois même philosophique. C’est d’ailleurs ce qu’il explique dans son journal lorsqu’il dit « tant pis pour le lecteur paresseux ». Ainsi, Gide modifie en grande partie les formes de l’écriture romanesque afin de s’inscrire dans la lignée des nouveaux romanciers.

De plus, je pense que le personnage d’Edouard est aussi intriguant. Nous ne savons pas concrètement si Gide à voulu se représenter à travers ce personnage ou pas. C’est assez ambigu. C’est justement la mise en abyme qui perturbe le lecteur car le roman qu’écrit Edouard s’appelle évidemment Les faux-monnayeurs. De plus, tout comme Gide, Edouard tient lui aussi un journal pendant l’écriture de son roman. Mais la seule différence que nous pouvons souligner, est que contrairement a Gide, Edouard n’a jamais publié, ni même tout simplement écrit son roman.

Cette mise en abyme permet à l’auteur de placer dans la bouche de son personnage Edouard, ses réflexions littéraires, son ambition et expliquer au lecteur sa démarche d’écriture.

Pour conclure, je dirais que Gide a en effet écrit un roman qui ne correspond pas au roman traditionnel. Son objectif principal était de me déconcerter en tant que lectrice, et bien il a réussi. Son roman est d’une complexité incroyable, novateur voir même révolutionnaire si je peux dire pour son siècle. Peu d’écrivains du XXe ont eu cette idée, ce courage de sortir de l’ordinaire. Malgré le fait que le roman des Faux-monnayeurs soit assez complexe voir difficile à lire, c’est tout de même une réussite.