Lettre XXX, La Bruyère
Par Christopher • 5 Décembre 2017 • 1 767 Mots (8 Pages) • 593 Vues
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En fait, lorsque le roi est en difficulté, il use de mensonge, de grossiers arrangements, encouragé par la candeur de son peuple, malade d’un aveuglement radical, pour ainsi dire incurable. Comment rester bouche bée devant tant de faits inexplicables et irrationnels ? Rica insiste sur cette fascination nécessaire, automatique, spontanée. Pas le moindre doute. En fait le roi n’a même pas besoin de les contraindre, de réprimer une opposition. Les Français le croient tout seuls, ce sont des esclaves sans tyran, chose incroyable. Il n’a même pas besoin de cacher ses tours de magie, ses manipulations, il les dit, il les montre et les gens sont dupes.
Le tout est aggravé par l’usage du si à valeur de fréquence ; ces agissements se répètent et tous n’y voient que du feu. Pire, le « si » associé au présent signifie que cela aurait encore cours, que cela n’est pas terminé…
Le pape est désacralisé, détrôné. Deux pouvoirs magiques ; une seule substance divine en trois personnes, Père, Fils et Saint Esprit ; un seul et unique Dieu, mystère divin pour les adeptes, appelé mystère de la Trinité. Equation illogique pour Rica, erreur de calcul, puisqu’il s’agit d’un trithéisme. Second pouvoir magique, la transformation du pain et du vin en corps et sang de Jésus, dit mystère de la transsubstantiation. La crédulité des Français est à la mesure de la grossièreté de ces manipulations, du caractère d’évidence de leur mensonge pour un observateur matérialiste. Double humour de la dernière formule qui repose sur une prétérition ; il y a une multitude de sujets du même ordre, ce qui prête à rire, car ce qui a été dit est déjà suffisant, même excessif. Rica dit qu’il se retient, comme si cela pouvait être pire. Mais comment faire pire ? Et un jeu de mot sur espèce car les prêtres communient à la messe sous les deux espèces, corps et sang, alors qu’ici le mot espèce prend une valeur grandement péjorative, au point qu’il n’est même pas la peine d’en parler.
Crescendo de la satire qui aborde sujets sacrés, délicats, susceptibles de provoquer scandales, anathèmes.
Introduction
Caractérisation Premières impressions de voyage, récit d’anecdotes piquantes, dépaysantes avec humour dans la capitale du monde civilisé, récit de cet autre monde étranger, étrange, fascinant (Lecture expressive)
Problématiques En quoi ce texte est-il une satire ? / De qui ce texte fait-il la satire et comment ?
Plan proposé
I La satire du peuple, parisien et français
- Originalité des goûts architecturaux
- Manque de civilité, de savoir-vivre
- Crédulité achevée
II celle des chefs
- Le roi
Charismatique mais manipulateur et non bienfaiteur
Charlatan et non sauveur, escroc patenté et acclamé, cru sur parole
Blasphémateur, sacrilège
Méprisant ?
- Le pape
Conclusion Au royaume des aveugles, l’homme voyant est roi. Qui est capable de distinguer les deux niveaux de réalité, apparence et profondeur, discours et être, illusion et vérité ? Le roi, conscient, rusٞé, et Rica qui met au jour le canular, lucide, lui l’étranger, le métèque, le barbare, l’inférieur. Voilà donc le paradoxe, c’est le barbare qui connaît mieux les Français et leur roi que les Français eux-mêmes, nous connaît mieux que nous-mêmes, mais sans espoir apparent de nous ouvrir les yeux car cette lettre est destinée à instruire Ibben. A moins que le recueil ne soit fictif et ne nous parvienne un jour. A la ruse du roi répond la ruse de Rica-Montesquieu. Il fallait que Rica vînt pour nous révéler la vérité, Rica le prophète inspiré, pour extraire les hommes du cercle vicieux de leur ignorance. Mais comment peut-on être parisien ?
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