“Harmonie du soir” - Baudelaire
Par Christopher • 23 Mars 2018 • 1 376 Mots (6 Pages) • 1 263 Vues
...
* Champ lexical de la musique : “violon”, “air”, “vibrant”, “valse”.
* Retour de sonorités qui bercent le poète et le lecteur :
→ deux rimes seulement pour tout le poème ([-ige] / [-oir]).
→ allitérations :
- vers 1 et 2 : [s] / [v]
- vers 5 et 9 : allitération en [f]
- vers 10 et 13 : allitération en [r] (met en valeur la rudesse de l’expérience du gouffre)
→ dernier vers : répétition du son [wa], placé à la fin de chaque hémistiche, crée écho, comme une rime intérieure.
=► Musique vient comme étourdir la douleur, sublimation de la souffrance grâce aux effets d’harmonie sonore, grâce à la musicalité du poème. Importance de la musique en poésie chez d’autres poètes symbolistes : Verlaine affirme dans son “art poétique” (un poème qui définit sa vision de la poésie) : “De la musique avant toute chose”.
1. Modulation du chant :
* Lyrisme se voit dans tournures expressives qui donnent l’impression que le poète parle directement, presque à haute voix. Marque d’oralité sensibles dans l’utilisation des exclamatives dont chacune semble marquée par une inflexion particulière :
- v.4 v.7 : langueur, quasi complaisance dans la mélancolie
- v.10 : exclamative aux accents élégiaques, traduit une plainte
- v.14 v.16 : exclamative traduit une sorte d’espoir (gouffre surmonté)
* Poète apporte de légères variations aux vers qu’il répète : v.15 : points de suspension semblent indiquer que le vers doit être prononcé un peu différemment du vers 12 (en marquant une pause plus importante, en ne faisant pas baisser la voix à la fin de la phrase ?...)
=► On perçoit différentes inflexions de la voix dans ce poème mélancolique
1. Un chant envoûtant (un poème mystique ? voir collection ellipses sur ce poème)
* Avant tous ses effets de répétition, poème possède une dimension incantatoire, charme au sens propre du terme (chant magique, envoûtant). On peut rappeler la formule de Baudelaire selon laquelle la poésie est une “sorcellerie évocatrice”.
Poème recèle une sorte d’harmonie qui se révèle peu à peu, on est petit à petit emporté par cette “valse” langoureuse.
* “Voici venir les temps…” : premier mots du poème : impression d’entrer dans un récit mythique (“in illo tempore…”), sorte de hors temps propice à l’évocation d’une condition universelle (“un coeur” : généralisation possible grâce à l’emploi de la 3ème pers. et non de la 1ère pers. (≠ mon coeur).
Pour approfondir ce point : lecture proposé dans l’ouvrage Les Fleurs du mal dans la collection Ellipses :
Ce poème fait du coucher de soleil une cérémonie. Les comparaisons avec les objets du culte chrétien vont dans ce sens. Le parfum de la fleur est comparé à l’encens des églises (vers 5) et le ciel est assimilé à un autel (v.11). La nature est dons le lieu d’une célébration religieuse. Mais malgré la triple référence au rituel chrétien (“encensoir”, “reposoir”, “ostensoir”), on peut se demander s’il ne s’agit pas plutôt d’une cérémonie païenne. En effet, les vers 12 et 15, qui proposent une métaphore macabre du coucher de soleil, font songer à un sacrifice païen. Certes, cette image du soleil ensanglanté n’est pas isolée dans Les Fleurs du mal, puisqu’on la retrouve dans “Les Petites Vieilles” : “ A l’heure où le soleil tombant / Ensanglante le ciel de blessures vermeilles.”. De plus, le sang est très présent dans le recueil, à la fois symbole de vie et de mort, de corruption et de purification. Le dernier vers peut donner lieu à une double lecture. Soit le souvenir est celui de la femme aimée, et le poète fait preuve d’idolâtrie, puisqu’il le compare à un “ostensoir”, coffret qui renferme l’hostie sacrée représentant le sang du Christ. Soit le souvenir est celui du Christ. La double évocation du sang et du corps fait alors de ce coucher de soleil une sorte de célébration religieuse. Quelle que soit l’interprétation, la dernière strophe évoque bien un idéal. (femme ? Christ ?).
...