Commentaire composé - Les champs d'honneur
Par Ramy • 15 Décembre 2017 • 1 471 Mots (6 Pages) • 1 216 Vues
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En outre, le paysage semble en harmonie avec les évènements passés, comme s’il était un retour au calme. Dans ce même paysage semble transparaitre l’état d’esprit de Pierre qui retrouve ce qui reste de son frère, mort au combat.
Enfin, à travers cet extrait, l’auteur semble dénoncer la dureté de la guerre, en nous faisant vivre l’épisode qui l’a suit.
En effet, il semblerait d’abord que Jean Rouaud souhaite nous montrer l’absurdité par l’ironie. Des phrases comme « ils comptent plus de tibias qu’il n’en faut », « Il est un moment tenté de jouer les deux cadavres à pile ou face. Pourvu qu’il ait un squelette complet », nous montrent une certaine ironie. Le personnage désire tellement ramener son frère, qui plus ait, la totalité de ses ossements, qu’il est prêt à jouer à pile ou face afin de décider lequel des deux cadavres il ramènera.
De plus, notons que les ossements seront rangés dans des caisses de madeleines : « Ils reviendront plus tard avec des caisses de madeleines » et sont comparé à de la vaisselle « les isolent avec de la paille comme pour une vaisselle fragile ». Ceci renforce l’ironie du passage. Ces bribes d’éléments ironiques semblent êtres présents afin d’apaiser le sentiment de tristesse qui se dégage de ce passage.
En outre, une des dernières phrases de l’extrait sont relativement surprenantes : « A la mort de Mathilde, quand on ouvrit le caveau, le fossoyeur fut surpris de découvrir ces petits ossuaires tapissés de réclames de madeleines », ce qui signifie qu’une fois les ossements rangés dans la boîte, plus personnes n’y a touché, pas même pour enlever les étiquettes de réclame.
L’auteur semble également vouloir dénoncer les horreurs de la guerre en nous montrant que les corps des morts ont été empilé et enterrés à même la terre, ce qui les a fortement abîmés.
La phrase « il a profité du trou creusé pour y enfouir un second cadavre qui pourrissait à proximité » souligne le désintérêt porté non seulement aux morts, mais également aux familles des défunts. Les corps sont empilés et enterrés comme des déchets.
De plus, la phrase « il eût été difficile de reconnaître son frère dans cette forme vaguement humaine décomposée par l’acide du sol, l’humidité et l’écart entre les saisons » montre que Pierre ne s’attendait pas à voire son frère dans un tel état. Le terme « écart entre les saisons » nous montre que les corps sont enterrés depuis plusieurs mois, ce qui explique l’état de décomposition d’Emile.
Enfin, la dernière phrase de l’extrait étudié semble être une explication de ce que nous avons dit précédemment : « la guerre causait tant de ravages parmi les combattants qu’on manquait de planches pour les ensevelir ».
Etant parmi les premiers récits comportant l’Histoire avec un grand H de la Grande Guerre, dans un récit, le narrateur des Champs d’honneur entreprend une enquête dans le passé de sa famille. Il s'agit d'incorporer le passé familial et particulier dans un patrimoine universel : c’est la rencontre de la mémoire individuel et de la mémoire collective. Plus que l’horreur des tranchées, Les Champs d’honneur dépeint le vide et la souffrance créés par la Grande Guerre. Les espoirs des soldats, mais aussi des familles qui restent à l’arrière, et qui sont dans une angoisse perpétuelle. Cet extrait, n’est plus uniquement le vécu de Pierre, mais de toutes les familles anonymes de cette guerre totale et qui apparaît absurde, changeant ainsi leurs illusions sur le monde et les hommes. En ce sens, cet extrait est à l’image de ce qu’ont vécu tous les proches des soldats tombés sur les champs d’honneur durant cette guerre. Ainsi, Les Champs d’honneur de Jean Rouaud s’inscrit de cette façon dans le flot de romans de guerre de la fin du XXe siècle.
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