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Commentaire — Elixir de longue vie, Honoré de Balzac.

Par   •  23 Août 2018  •  1 555 Mots (7 Pages)  •  834 Vues

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également dans la nouvelle une atmosphère fantastique, les registres de la peur, de l’angoisse, du mystère : «moribond » (l.9) « mort » (l.10) « secret » (l.13), «révéler ce mystère » (l.16), « cette table gothique » (l.17), «comme son père était mort au désespoir sur la foi du sein » (l.23), «diable » (l.27), «d’une voix terrible »(l. 42), « larmes abondantes coulaient sur sa face ironique et blême »(l. 44), «front menaçant »(l.46) etc. Ce malaise crée est d’autant plus accentué par la présence d’un récit très théâtralisé qui englobe le rituel, qui, quant à lui semble à limite du rituel satanique : « tu prendras mon corps, tout chaud même, et tu l’étendras sur une table au milieu de cette chambre » (l.35-36), «tu me dépouilleras de mes vêtements »(l. 37), « Il était environ minuit »(l.45) — qui est une heure très symbolique du surnaturel, de l’effroi —, « plaça le cadavre » (l.45), « la lune, dont les reflets bizarres illuminaient la campagne » (l.47-48), «le corps de son père » (l.49), «profond silence » (l. 52), «frémissements indescriptibles » (l.52).

À ce stade, les lecteurs savent que Don Juan a menti ; que Philippe est incroyablement pur et surtout très naïf. Le père, depuis le début du récit, cherche à manipuler le fils. Il « voulut rester seul avec cet être candide »(l.6) pour pouvoir se débarrasser de lui plus facilement, sans témoin et contrainte extérieure. Don Juan feint l’affection : « lui dit d’une voix si tendre et si affectueuse »(l.7) — les adverbes d’intensité « si » témoignent ici de son hypocrisie, «Écoute-moi» (l.9), «mon fils »(l. 9)— ce déterminant possessif, jamais employé par Don Juan auparavant est également un moyen de le manipuler, il flatte intentionnellement les figures religieuses : « du grand pape » (l.11), « cet illustre pontife » (l.11), ment sur l’origine de la fiole, sur son repentir ; il cache ses véritables intentions. Ce qui est d’autant plus visible à ligne 10, lorsqu’il affubule et dit être « un grand pêcheur », ce qui est paradoxalement vrai du point de vue de la morale mais Don Juan en est complètement indifférent, il assume sa vie destinée aux plaisirs instantanés, ce n’est rien d’autre qu’une calembredaine pour lui.

Vient enfin le dénouement maléfique et ironique ; Phillipe « se sentit fortement étreindre le cou par un bras jeune et vigoureux, le bras de son père ! » mais, le pauvre fils, complètement appeuré, vient lâcher la fiole « qui se cassa » (l.56) et la « liqueur s’évapora » (l.56) alors qu’ironiquement — nous l’apprenons à l’avant-dernière phrase de la nouvelle : Philippe n’a pas fini d’enduire le corps de son père du liquide fabuleux qui ressuscite. Don Juan se retrouve donc jeune au niveau du visage mais coincé ; incapable de remuer son squelette tandis que la foule d’espagnols acclame cette scène horrifique, tout en répétant : « Miracle ! », « Miracle ! »(l. 63) ce qui souligne le côté particulièrement maléfique et ironique de la scène.

En conclusion, nous voyons que Balzac s’empare du récit de la mort de Don Juan en nous présentant celui-ci comme un pêcheur sans scrupule : nous y retrouvons le libertinage religieux dont il fait preuve, il ment, manipule, cherche à tuer son propre fils et laisse mourir son propre père pour finalement être livré à une mort effroyable ; qu’il aura lui-même engendré par ses actions. Sa mort est une sorte de châtiment divin, incroyablement ironique et maléfique.

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