Voltaire "Femmes soyez soumises à vos maris" COMMENTAIRE
Par Ramy • 4 Octobre 2018 • 1 588 Mots (7 Pages) • 2 024 Vues
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Elle conteste deux thèses adverses. La première étant la dépendance des femmes à leurs maris : elle se réfère à la nature à partir de la ligne 36 « certainement la nature » en évoquant une complémentarité « elle nous a fait des organes différents de ceux des hommes ; mais en nous rendant nécessaires les uns aux autres ». Elle dénonce donc ici que l'égalité homme/femme est fondé par la nature et que l'union de ces deux individus ne reduit pas l'un en esclavage ligne 38 « l'union formât un esclavage ». Elle conteste ensuite la supériorité des hommes sur les femmes en reprenant une phrase prononcé par Arnolphe dans L'Ecole des femmes de Molière. Cela lui permet de faire ressortir d'une part sa culture, mais aussi, d'autre part, de tourner cette supériorité en ridicule par la suite en caricaturant la barbe des hommes. Elle reconnaît bien que les hommes ont une force supérieur à la leurs, ligne 44 « Je sais qu'en générale les hommes ont les muscles plus fort que les nôtres », et « qu'ils peuvent donner un coup de poing appliqué » mais à la ligne d'après elle montre son désarroi devant ce constat qui est malheureusement l'origine de ce que à quoi les hommes se considère supérieur.
Étant donné que la question la touche de près et luit tient à cœur, elle adopte une attitude persuasive. En effet les exclamations, l'utilisation de la première personne et le fait de chercher son interlocuteur pour que ce dernier se sente concerné par des questions rhétoriques ou encore par le « s'il vous plait » ligne 26 appartient au critère de la persuasion. Elle sait manier l'art de la parole avec les hyperboles quand elle évoque les douleurs de la femme pour forcer l'abbé à compatir et les euphémismes pour éviter de trop le choquer : « incommodités » pour désigner les règles ligne 33 ou encore « je n'ai pas trop garder ma parole » ligne 27 pour parler de ses infidélités. Elle a donc une parole libérée mais tient de même compte de son interlocuteur.
La maréchale apparaît donc comme un Voltaire féminin, quelqu'un qui sait utiliser les ressources du langage pour prendre part à un combat des Lumières sérieux.
Mais le narrateur fait aussi preuve d'ironie, typique du pamphlet pour échapper à la censure.
Le narrateur n'hésite pas à se moquer du personnage qu'il met en scène. Il y a la présence d'un registre satirique lorsqu’il évoque le portrait d'une femme futile : « Elle passa quarante années dans cette dissipation » ligne 1. Ceci s’apparente un peu à une caricature puisque sa conversion à la culture est imposé par l'âge et les contraintes de la nature « enfin, quand elle se vit à cet âge où l'on dit que les belles femmes qui ont de l'esprit passent d'un trône à l'autre, elle voulut lire » ligne 4 à 6, cette phrase évoque le fait de renoncer à plaire grâce au physique. Elle entreprend de lire ligne 6 mais n'est pas libre de lire ce qu'elle veut : « on lui fit lire » ligne 7 ou encore « on lui donna ensuite » ligne 8. Son portrait est caricaturale par son ignorance, sa futilité passé et son emportement incontrôlé « toute rouge de colère » ligne 11. Voltaire n'épargne pas dans ses récits les personnages détenteurs de vérité par son ironie même si ce qu'elle dit est juste mais tout de même critiqué, ainsi que Zadig ou Candide.
Ce texte est un faux dialogue puisque seule la maréchale en vérité parle vraiment mais aussi un conte philosophique car l'histoire de la maréchale et sa personnalité servent à réfléchir sur les fondements de l'inégalité des hommes et des femmes. Ses réflexions remettent en cause cette inégalité. Les traits caractéristiques du pamphlet sont bien présents avec l'ironie du narrateur à l'égard de la maréchale. C'est un texte de combat, qui illustre une des luttes des philosophes des Lumières. Voltaire choisit une porte-parole pour dénoncer l'inégalité hommes-femmes après que cette dernière est lu une parole évangélique. On ressent évidement l'indignation du sort réservé aux femmes dans cette extrait de Femmes, soyez soumises à vos maris. Cette même dimension est également visible avec Choderlos de Laclos dans son essai Des femmes et de leur éducation et avec Olympe de Gouges dans sa Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne, qui défendront à leur tour les droits des femmes.
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