Un long dimanche de fiançailles, Diderot
Par Ninoka • 14 Novembre 2018 • 1 424 Mots (6 Pages) • 513 Vues
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Dans cet extrait de Supplément au voyage de Bougainville, la question de la femme est donc très présente et en vient même à une certaine critique de celle-là. Mais nous ne voyons pas seulement cela car il y a également une importante place du roman accordée à la sexualité.
En effet dans l’entretien d’Orou et l’Aumônier, on peut voir que Diderot a parlé de la sexualité et principalement celle des jeunes adultes.
Dans cet extrait, on constate une description de la place de la sexualité. Dans cette communauté, les filles ainsi que les jeunes hommes sont éduqués selon des règles et des « mœurs publiques » (l.4). Ce sont les parents qui jugent ou non les jeunes gens aptes à sauter l’étape de l’adolescence. Il y a un champ lexical de l’ « anatomie » (l.49). Le passage qui nous décrit le mieux cela est celui ou Orou explique à l’Aumônier qu’ « au moment où le male a pris toute sa force, où les symptômes virils ont de la continuité, et où l’effusion fréquente et la qualité de la liqueur séminale nous rassurent ; au moment où la jeune fille se fane, s’ennuie, est d’une maturité propre à concevoir des désirs, à en inspirer et à les satisfaire avec utilité, le père détache la chaîne à son fils et lui coupe l’ongle du doigt du milieu de la main droite ; la mère relève le voile de sa fille » (l.11 à 17). Les parents précisent même à leur enfant qui ils doivent préférer. Lorsque les jeunes otaitiens ont atteint leur émancipation, une grande fête est organisée. Lors de la fête, les jeunes filles ou hommes, selon le genre de l’invité d’honneur de la soirée, se présentent devant lui ou elle « nu(s) sans réserve et sans secret » (l.31). Tous ces choix ont pour but d’avoir de beaux enfants et petits-enfants.
Au cours de ce passage, on remarque une critique concernant la sexualité en France à l’époque de l’auteur. Au XVIIIe siècle, l’éducation sexuelle des enfants était complètement assurée. Il y a une répression sexuelle qui est en partie une affaire de religion. A l’époque l’Eglise avait une place importante dans la société est la majorité des gens lui faisait veut de chasteté, de plus elle était contre les naissances hors mariage. En comparaison, ici, dans cet extrait de Supplément au voyage de Bougainville, les gens font des enfants entre eux sans que cela fasse polémique puisque dans cette société on souhaite seulement avoir de beaux descendants. C’est au siècle de l’auteur, pendant la révolution industrielle, que ce produit une explosion démographique. Cette dernière s’explique par l’interdiction de l’avortement par l’Eglise et par un accroissement des grossesses extraconjugales et illégitimes mais il y a également l’amélioration des conditions de vie qui entrent en jeu. De plus, dans ce roman philosophique, Diderot veut faire prendre conscience à la société française de l’époque que les parents n’apprenaient rien à leur enfant sur l’éducation sexuelle ce qui rendait les jeunes ignorants et pleins de pudeur à l’égard des relations de ce type. Sur ce sujet l’auteur fait dit dire à son personnage de l’Orou que « les préceptes des parents sur le choix des garçons et des filles étaient pleins de bon sens et d’observations très fines et très utiles » (l.41 à 42) mais il lui fait aussi dire qu’ « une nation qui s’occupe sans cesse (de cette éducation) peut être conduite dans ses recherches sans les secours de la physique et de l’anatomie » (l.48 à 49).
Au final, entre propos sur la femme du XVIIIe siècle et sur la sexualité de cette même époque, Denis Diderot cherche donc à travers Supplément au voyage de Bougainville à transmettre ou à créer des émotions aux lecteurs afin de leur faire prendre conscience du monde et de la société dans laquelle ils vivent. L’auteur souhaite montrer au peuple français que dans d’autres contrées la femme et l’homme sont des êtres humains au même titre. De plus, il veut faire comprendre à la société dans laquelle il vit que les gens sont trop stricts par rapport à la sexualité qui a beaucoup de règles engendrées par l’Eglise telle que celle de chasteté. Ce roman philosophique a donc une visée dénonciatrice.
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