Supplément au voyage de Bougainville (Diderot)
Par Orhan • 28 Mars 2018 • 1 686 Mots (7 Pages) • 662 Vues
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cet ethnocentrisme. En effet, les tahitiens sont considérés comme des sauvages alors que ce sont les européens qui ont un comportement barbares à vouloir mettre tout un peuple en esclavage.
Ce passage nous montre donc que l’on a redéfini le terme sauvage, puisque le portrait des européens dressé par le vieillard est négatif et que le tahitien est en fait le plus sage.
b) Règne de la violence
Mais aussi cette notion excessive de la propriété entraine un sentiment de qui mène à la jalousie
• Chez les tahitiens les femmes sont libres, elles peuvent être avec qui elles veulent : « nos filles et nos femmes nous sont communes »
Bougainville a « partagé ce privilège » (l.5) )
• Mais à partir du moment oùBougainville leur enseigne que chez lui les femmes sont en couple qu’avec un seul homme alors la jalousie et la violence s’installent.
• Dans la phrase suivante le champ lexical de la violence et de la jalousie est omniprésent avec :
Ces hyperboles « des fureurs inconnues. » / « Teintés de votre sang » et sa gradation : « folle, féroce, égorgées »
« tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras, tu es devenu féroce entre les leurs. Elles ont commencé à se haïr, vous vous êtes égorgés pour elles; et elles nous sont revenues teintes de votre sang ». (l.5 à 8)
B/ L’éloge de la société tahitienne : mythe du bon sauvage :
La vie naturelle est présentée dans ce texte sur des valeurs essentielles : tolérance, innocence, simplicité, libertéet égalité
a) Innocence et bonheur :
Diderot défend une société qui s’appuie sur l’innocence et qui est la raison de leur bonheur.
" nous sommes innocents, nous sommes heureux " (l.16).
• Les hommes proches de la nature sont « innocents c’est-à-dire purs. Les occidentaux confondent « innocence » et « ignorance ». C’est pourquoi le tahitien dit :
« nous ne volons pas tronquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes futiles lumières. (l.21-22)
« ce que tu appelles » montre bien la différence de vue entre les deux peuples
b) Un monde de liberté et de tolérance :
L’auteur défend également les concepts de liberté et de tolérance :
" nous sommes libres " (l.22).
• La liberté se manifeste également en opposition au terme " esclavage " (1.10 -15)
• Cette liberté s’exprime aussi par le souci de tolérance : cette compréhension d’autrui est marquée par l’expression
" nous avons respecté l’image qui est en toi " (l.19-20)
Et aussi par les questions rhétoriques de la ligne 17 à 19
« Quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? Avons-nous pillé ton vaisseau ? T’avons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis ? T’avons-nous associé dans nos champs au travail de nos animaux ? »
c)Un monde où la vie est simple :
• Cette société est rattachée à la notion de nature très présente dans le texte :
" nous suivons le pur instinct de la nature ". (l.3)
• Cette nature apporte tout ce qui est nécessaire, on a alors une insistance sur l’absence de superflu
« Tout ce qui est nécessaire et bon nous le possédons ». (l22-23)
« Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid nous avons de quoi nous vêtir » (l.24)
La nature comble donc les besoins essentiels « l’étroite limite de nos besoin » (l.27-28 ). Leurs besoins sont facilement comblés car ils ne recherchent pas le superflu.
• La nature encourage la paresse.
Dans les sociétés occidentales la paresse est vue comme une tare alors qu’ici elle est la preuve de sagesse car la nature comble les besoins fondamentaux de l’être humain et elle nous épargne aussi les excès de travail et « Lesfatigues annuelles et journalières » (28-29)
C’est-à-dire un minimum qui rend la vie facile : le bien être et le repos sontdonc des valeurs essentielles pour les tahitiens qui veulent qu’on les laisse se reposer.
" Laisse nous nous reposer ". (l. 30)
d ) un monde d’égalité
• Les Tahitiens sont les défenseurs de l’égalité entre les hommes :
"le Tahitien est ton frère."(l.16-17)
• Cette égalité est vue par les Tahitiens comme une loi fondamentale de la Nature.
"Vous êtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ?"(l.17)
On retrouve une revendication des Lumières, alors qu’ici c’est le tahitien associé au sauvage qui revendique cette égalité entre les hommes.
Diderot donne ici une image d’une vie simple, saine et heureuse qui répond à la vision utopique du bon sauvage et s’oppose à l’homme occidental, avide de pouvoir, de conquêtes et qui privilège la possession la propriété.
Conclusion :
Dans ce texte, on observe une double énonciation. Diderot s’exprime à travers le tahitien qui s’adresse à Bougainville, aux européens et aux lecteurs.
Diderot fait une diatribe aux européens en critiquant l’individualisme, l’excès d’une civilisation et le culte de la violence.
Ce texte nous renvoie à Des Coches de Montagnes ou l’auteur dénonce la cupidité et l’opportunisme des Européens envers les populations d’Amérique.
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