Lecture analytique, Didero, Supplément au voyage de Bougainville
Par Ninoka • 31 Août 2018 • 1 628 Mots (7 Pages) • 743 Vues
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Une critique violente contre le colonialisme (registre polémique)
Deuxièmement, le vieillard attaque Bougainville, Diderot formule une diatribe (une critique virulente) à l'intention de ses contemporains. On peut soulever la critique du colonialisme, de la violence entreprise ou du vol que cela représente.
I. Termes péjoratifs critiquant la violence européenne
Dans toute la durée du texte, on peut relever le champ lexical de la violence et de la haine :
- « fureurs » (l.7)
- « féroce », « haïr », « égorgés » (l.8)
- « sang » (l.9)
- « vengé » (l.17)
- « souffrirais », « mort » (l.19)
- « mourir » (l.20)
- « brute » (l.21)
- « flèches » (l.23)
- « exterminer » (l.48)
- « sang impur » (l.50)
- « mal » (l.51)
- « coupable » (l.52)
- « meurtre » (l.53)
ou encore la périphrase débutant le texte : « Et toi, chef des brigands » ligne 1 désignant les colons et Bougainville et les accuse directement de barbares, de voleurs ou encore de sauvages. Cette figure de style par substitution exprime clairement un ton du texte polémique et le fait que ce soit l'amorce du dialogue ajoute une visée dès le début du discours.
II. La colonisation, un vol.
« Dis nous a tous, comme tu me l'as dit à moi-même, ce qu'ils ont écrit sur cet lame de métal : Ce pays est à nous. » rend compte du stratagème mis en place par Bougainville et ses hommes afin de prendre Tahiti sans représailles de ses habitants. Ils auraient du penser que les dieux avaient eux-mêmes mis une lame de métal au pied d'un arbre sur laquelle était signifiée la propriété des Français. Or le vieillard a vu clair dans leur jeu et les critique violemment. En outre, Diderot insiste sur le vol de leur liberté avec l'antiphrase « tu n'es ni un dieu ni un démon » qui insiste sur l'idée de cruauté des colons. L.3 à 10, des énumérations sont en plus présentes (lire), mettant en évidence le contraste entre l'attitude européenne et l'état tahitiens et aussi tout ce que les occupants ont changés.
III. L'agressivité du ton
Reprenons à nouveau l'apostrophe du début, Diderot, à travers le personnage fictif du vieillard interpelle un européen ou au mieux le lecteur pour ainsi lui faire comprendre que ce qui va suivre est une violente critique sur un ton polémique voire agressif. Cette apostrophe suivie d'une figure par substitution n'est donc qu'à moitié respectueuse.
De plus, les verbes adressés à Bougainville sont au mode impératif et expriment des ordres, plus précisément, des ordres de partir comme le suggèrent ligne 2 « écarte », « Laisse nous nos moeurs » (l.26), « permets » (l.32) ou encore « Va dans ta contrée t'agiter » ligne 37.
En conclusion, Le discours du vieillard est direct mais la critique à travers l'argumentation d'un discours combiné avec une sorte de conte philosophique est indirecte.
Ce genre de texte marque plus le lecteur et l'interpelle plus car il permet d'instruire tout en étant plaisant. En outre, une argumentation sous cette forme permet d'éviter la censure puisqu'il n'y a aucune mention d'une personnes vivante mais juste des sous entendus. En utilisant un ton polémique, l'auteur, dans Supplément au voyage de Bougainville, critique de nombreuses facettes de la colonisation notamment comme l'introduction de la notion de propriété qui engendre la jalousie, la cupidité ou encore la violence a contrario de la polygamie, les maladies introduites, ruiner l'innocence, réduire les natifs en esclavages… Il critique également la société qui lui est contemporaine, usurpateurs et voleurs, les Européens plus en général, proposent aussi des marchés de dupe et sont ingrats. En plus de profiter de l'hospitalité et des privilèges des insulaires ou de quelques primitifs que ce soit, ils veulent voler le pays des habitants.
On peut mettre en relation ce texte de Diderot aux Lettre persanes de Montesquieu, roman épistolaire qui critique implicitement la société de son époque tout en évitant la censure.
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