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Le sauvage n’est pas celui que l’on croit

Par   •  15 Mars 2018  •  1 106 Mots (5 Pages)  •  724 Vues

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sur la culture, réfutant ainsi le postulat de ses adversaires.

II- La nature est supérieure à la culture

1- La nature est abîmée par la civilisation

Selon Montaigne, la culture, c’est-à-dire la civilisation, peut être perçue comme ayant un effet négatif sur la nature. Il va à l’encontre des préjugés des européens qui considèrent que la civilisation est ce qu’il y a de meilleur et dénonce la corruption qu’exerce la culture sur la nature. Il illustre ce fait par l’exemple des fruits : ceux qui sont travaillés par l’homme sont dits « altérés » et « détournés », deux participes qui sont employés péjorativement (l.8). Cette même idée est renforcée par les termes « abâtardie » et « accommodées » (l.10).

La civilisation, la culture, est assimilée à l’art et l’artifice. « Ce n’est pas raison que l’art gagne le point d’honneur sur notre grande et puissante mère nature. » (l.13) : la nature est ici qualifiée de manière extrêmement positive, avec deux adjectifs qualificatifs positifs. A l’inverse, l’artifice est méprisé.

Technicien hors pair, Montaigne reprend le mécanisme de la reformulation lexicale, mais à l’envers : après avoir montré que « barbare » et « sauvage » pouvaient être pris en bonne part, il montre cette fois que « invention » ou « art » peuvent être perçus négativement. « Beauté » et « richesse » sont du côté de la nature (l.14), et les inventions ne font que les étouffer. Il en vient ainsi à faire un éloge du naturel.

2- Eloge du naturel

Si, dans ce texte, tout ce qui tient aux inventions et au non-naturel, est qualifié de manière négative, à l’inverse, tout ce qui tient à la nature est qualifiée positivement : les fruits sauvages sont pleins de « vertus » et de « propriétés » « vives », « vigoureuses » (l.9). De la force donc, mais des propriétés aussi « vraies » et « utiles » (l.9) : Montaigne opère là un retour vers l’absolu et l’universalité. La « saveur » et la « délicatesse » sont « excellentes » même si « sans culture » (l.12). Ici, l’éloge de la nature rencontre l’éloge de la pureté. La nature est donc opposée, par sa pureté, à nos « vaines » et « frivoles » entreprises (l.16) : la critique du point de vue moral de nos préoccupations d’européens superficiels est sans concession.

Enfin, par analogie, on devine que ce qui vaut pour les fruits vaut aussi pour les hommes. Alors que l’homme européen se croit supérieur aux peuples non-cultivés, il leur est en réalité inférieur parce que, comme les fruits, il a été corrompu. Les sauvages sont ainsi exemple de pureté, conformes à la nature et à la raison.

Conclusion

Ce court texte tend à démontrer que les indiens ne sont pas des sauvages, et qu’à l’inverse ce sont plutôt les européens qui devraient être qualifiés ainsi. Montaigne opère cette démonstration en s’appuyant sur l’idée que la nature est supérieure à la culture. Comme les fruits sauvages sont meilleurs car non-corrompus, les sauvages sont meilleurs car plus proches de la nature. A travers la défense de ceux qu’on appelle les « sauvages », c’est une critique du modèle humaniste de la renaissance

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